Madame Belgique nous dit: Ne cédez rien!

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 (En PDF)

– Bonjour madame Belgique!
– Bonjour monsieur!
– …Ce n’est pas tous les jours que l’on peut parler avec madame Belgique tranquillement, sans hâte ni tension, les yeux dans les yeux dirais-je, comme au coin du feu.
– En effet, pas du tout !
– C’est donc un grand plaisir pour moi, un privilège même!
– Que je partage entièrement!
– Vous n’êtes cependant ni très accorte, ni amène, ni, comment dire? – Au vrai, vous n’êtes pas très charnelle…
– Pas du tout charnelle en effet!
– De l’ordre plutôt symbolique…
– …Ce qui vaut mieux qu’hyperbolique, ah ah ah, tout à fait !
– Peut-on dès lors dire que vous êtes un fantasme, madame Belgique, un être imaginaire, un…
– Là, je vous arrête! Fantasme, non! Imaginaire, oui, absolument !
– Mais euh… Je délire, là, en ce moment précis, j’hallucine, je rêve, ou …
– Meuh non, très cher, je suis totalement imaginaire et pour autant, vous n’hallucinez pas!
Ach mein Gott! (Un aïeul inconnu, sans doute.) Pardon… Ah oui! Vous évoquez le fameux imaginaire de l’école du réel-imaginaire-symbolique?
– Si vous voulez. D’un certain Theodorakis…
– Vraiment?
– Hihi, hihi! Je plaisantais! Pour voir, aussi, si vous me suiviez!
– …
– Un certain Cornelius, ce qui ne s’invente pas. Castoriadis de son patronyme, s’est en effet penché sur « l’institution imaginaire de la société », n’est-ce pas, mon cher monsieur? « L’institution imaginaire de la société »
– Oui, tout à fait.
– Me voici donc devant vous, sans chair ni os, à converser librement.
– Mon Dieu! – Mais que dis-je! Alors que je suis athée, Dieu merci – comme disait Buñuel!
– Ah, ce cher Buñuel, voilà un connaisseur et grand ami de l’imaginaire!
– Certes certes certes, madame madame madame.
– Il est plaisant que ce soit un penseur français d’origine grecque, ou grec de langue française, qui a dressé le cadre de notre rencontre.
– Certainement! La Troïka appréciera! Et même si les Grecs d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’il y a deux mille ans, ni génétiquement, ni autrement.
– Oui, mon cher! Mais nous y sommes: l’imaginaire auquel j’appartiens exerce des effets très réels! Je dirais donc: Madame Belgique, Cornelius Castoriadis: même combat! …Hi hi hi! …Répétez! …Hi hi hi!
– Oh oui! Ha ha ha!

(Silence.)

– Chère madame Belgique, ce matin dans un lieu quelconquissime j’ai ramassé ce journal gratuit, Metro.
– Oui.
– Et voici que, sans savoir pourquoi, la lecture d’un entrefilet – un entrefilet! C’est à dire: un rien du tout, si proche du rien du tout! Voilà qu’il me fait un de ces effets! Le rêve envahit l’éveil, l’imaginaire, disons-le ainsi, se dresse comme une falaise, ciel! Et pour le coup! …Je vous parle me voyant! Je vous vois me parlant!
– C’est charmant.
– L’entrefilet m’informe que la Guinée, Guinée-Conakry, annonce qu’elle refusera de laisser atterrir en ses terres un avion militaire belge, envoyé déposer en Guinée des Guinéens expulsés de la belge Belgique!
– Cela commence de façon tout à fait plaisante.
– Tout d’un coup donc la belge Belgique devant moi s’élève dans l’azur et n’en peut mais! La belge Belgique de gouvernement, la belge Belgique des socialistes socialisés, la belge Belgique des humanistes humanisés, la belge Belgique des chrétiens christianisés, la belge Belgique des libéraux libérés, dits réformateurs-liberté en langue française et ouverts démocrates en langue flamande, la belge Belgique des francophones franchisés au pouvoir, la belge Belgique des flamandophones flamandisés aan de macht, la belge Belgique de toute cette camelote camélisée gouvernementale gouvernante agite sa verroterie, very rotten et toute rotante, elle n’est pas du siècle passé, elle est du dix-neuvième, ouh!, et froidement toute froide la Guinée d’Afrique ne répond pas ! Elle n’y voit pas un centime d’intérêt, pas un kopeck qui la concerne, pas une guinée qu’elle y trouve! Maggie, c’est la guigne! Les blacks disent « Niet! » , comme si nous leur avions appris le russe, avion ou pas, militaire ou pas! Ouh ouh ouh! C’est trop drôle, j’ai failli m’étrangler! Le Congo belge est perdu, évaporé (officiellement) dans l’éther intersidéral!  On le savait, – enfin, presque -, mais voilà que la microscopique Guinée, aussi! C’est le MONDE, l’immonde monde qui se dérobe! Et rien d’aguichant dans ce dérobage, rien de sexy, une dénudation qui consterne nos excellences, un bout de réel (non sans imaginaire certes z’aussi !) qui ne rentre pas dans le logiciel, ciel, ciel, ciel et re-ciel! Rien d’autre que de l’échec pour la gouvernance par les chèques belgo-belga-belges. L’échec des chèques!
– Moi aussi, je m’étranglerais si je n’étais imaginaire, hi hi hi !
– Je suis tellement heureux de vous entendre, madame Belgique! Car la Belgique de l’entrefilet, la Belgique de l’entre-rumsteak, celle de l’entre-biftek, la Belgique de l’entregent, la Belgique de l’entrefoutre, euh, je m’égare…
– Peut-être. Mais aussi: peut-être pas!
– Cette affaire ne va sans doute pas durer, mais son excès d’insignifiance, ah oui: l’insignifiance, voici un autre constat de ce cher Cornelius !, cet excès d’insignifiance, du match belge-gouvernement/Guinée-guinéante, m’a déjà valu, d’abord un grand éclat de rire indispensable à ma santé, et ensuite cette rencontre avec vous qui sera je l’espère passionnantissime!
– Hem.
– En effet.

(Il se calme.)

(Il reprend:)

– Madame Belgique, vous sentez-vous atteinte, ou blessée, par ce que je viens de dire de la Belgique de gouvernement ?
– Ne faites pas votre mijaurée, cher monsieur! Vous connaissez la réponse!
– Euh…
– Vous savez très bien que non! Sans être une mercenaire de la pensée, ni une putain au plus offrant, je suis votre Belgique, et celle de vos amis ! Et non la Belgique de Didier Reynpo ou d’Elio Di Ruders, comment s’appellent-ils encore, j’anticipe ma foi sur l’oubli qui sera le leur! Je vais vous faire une confidence: avec vous comme avec vos amis, je connais le plaisir de la cohérence coeur et esprit et celui de l’aspiration à l’universel! Les Belgiques des précédents ne peuvent se dé-merder, les pauvres, elles ne peuvent se sortir de l’étron des contradictions, des mensonges et des non-dits de leurs suppôts!
– En toute simplicité, cela me paraît logique, en effet.
– Oui, trois fois oui ! Il y a trente-six Belgiques !

– Chère madame Belgique, venons-en maintenant à l’info Metro ci-dessus, à l’origine de cette prometteuse entrée en matière, et tenons-nous y. Mes lecteurs sont certes intéressés par ce que vous avez à leur dire, mais ils n’ont pas que ça à faire.
– Je le conçois bien! Allons-y! I grec pour i grec, je suis votre femme.
– Ce qui m’a provoqué dans ce texticule Metro (qu’ai-je dit? petit texte, non?), c’est le mur, le mur, pas de fesse bouc ici, un mur aussi inattendu qu’évident, opposé par la Guinée-Conakry!
– Celle-là, je serais ravie de l’embrasser.
– Je ne suis pas sans avoir noté que… Euh, pourquoi parler comme à la Rtbf… Je reformule: J’ai bien lu qu’il y avait: « 27 demandeurs d’asile déboutés » , un avion pour 27 demandeurs!, et que parmi eux, « certains » sont des « criminels » !
– Continuez cher monsieur, j’espère que vous ferez un bon commentaire…
– Et donc mon circuit neuronal 337FgGGGH, j’abrège, s’est embrasé à 85 microwatts et a illuminé toute une région post-para-brico-lumino-lubrico-lubrica-lombo-corticale du glacis 444578 de mon cortex ou de ce qui en reste, bref: je vous ai vue comme d’autres voient la Vierge à Fatima !
– Hem.
– Et mon embrasement neuronal s’écriait: Maggie, qu’attends-tu pour leur envoyer un avion où il n’y a que des « criminels » ! Cent pour-cent de « criminels »! On renvoie « des » « criminels »? Ou c’est autre chose qui se passe et qui ne dit pas son nom? Sois claire, Magma Maggie! Y en avait-il seulement plus d’un et demi, de « criminel » – si c’est un pluriel? De Block, tu débloques! Tu voulais envoyer un avion pour un « criminel » et demi?  Alors qu’en prison chez nous il ne coûterait pas grand chose, perdu dans les dix-mille-de-plus-en-plus-douze mille que nous avons, et alors que le kérosène du voyage vaut à lui seul quelques mois de taule. Il y aurait donc trop peu d’argent pour les prisons, et beaucoup d’argent pour le kérosène militaire, pauvre Belgique du décumul. Tu nous envoies un avion avec un et demi, paraît-il, « criminels », et les autres, 25 et demi pauvres hommes et femmes qui n’ont rien fait, et quelques enfants bien sûr, sous couvert amalgamique de la criminalité du un et demi? Car il y a toujours des enfants, comme sous les bombes royalistes démocratiques un peu sulfureuses guidées au GPS des F16 belges en Afghanistan, autre sujet, certes, mais connexe, car il n’y a qu’un seul gouvernement …fédéral.
Combien de ministres belges seraient des « criminels », Maggie, s’ils avaient faim, pesaient quarante-sept kilos, ne possédaient rien et jouaient à corps défendant au chat et à la souris avec une administration comme la tienne, riche et bourrée de moyens, en magnifique et rassurante surcharge pondérale, pleine de voitures et de téléphones avec des ordinateurs et parfois un avion ou un hélicoptère? HEIN, Maggie? COMBIEN DE TEMPS TU TIENDRAIS SI TU AVAIS FAIM? Combien de ministres belges dans ces circonstances seraient des « criminels »? Alors que dans l’abondance déjà, ou pour l’Otan, nous ne sommes pas sûrs de leur intégrité à tous, ces chers (en euros) ministres? Et combien de députés? Combien de professeurs, de curés, combien de moralistes, combien  de parents, d’éducateurs, combien de défenseurs de la vertu ne deviendraient pas « criminels » dans ces circonstances? Et moi, si j’avais faim? Hein?  Et toi? Et toi, et toi?
Cet avion, c’est un usage responsable de la dépense nationale, ça? Ou l’éternel usage de la prétendue défense, la putain muette de la raison d’État achetée bien cher, peuplée d’officiants sur-facturés, non pas rémunérés, mais achetés? Tu as fait une analyse cost-benefit, Maggie? Tu n’exagères pas un peu, Magma, avec tes cent trente-cinq kilos d’ouverture libérale démocratique et flamande – open vlaamse liberalen en democraten -, ok, d’accord, ton aspect physique n’a peut-être rien à voir avec l’affaire, rien à voir avec la politique reine de ta vie. Ni ton genre, ton sexe, n’a rien à y voir vu qu’il faut bien que tu sois aussi vache qu’un homme. Alors je m’adresse à tes quarante-cinq tonnes d’humanisme virtuel imaginaire réel incompressible! Et aux six cent quatre-vingt-huit tonnes de vertu de ta bande gouvernementale de socialistes humanistes chrétiens libéraux, tous d’accord, tous comparses. Tu crois que Dieu le Père et Jésus son Fils et les pères mythiques de l’idée idéale démocratique aiment ou approuvent ou bénissent ce que vous faites? Si je suis un citoyen libre d’un pays libre, et qui sais lire, rontedju, …TU TE FOUS DE MOI, MAGGIE ?
– Hi hi, monsieur, vous êtres drôle.
– Heureusement, vous êtes là Madame Belgique.

Pour le coup, troublé, il lui donne de la majuscule.

– Oui, mon cher monsieur et j’en suis fière, je suis fière de vous.
– …
– Je n’existe que par vous et par vos amis. La guerre est déclarée! Les madames, misses, mistresses, les mademoiselles, putains, princesses, grognasses, rognasses, les reinasses, les maîtresses-de-chiens-qui-ont-des-maîtresses, les Belgiques de tous poils et plumes, botoxées, photoshoppées, palpées, tripotées, tripotantes, inventées, vendues, achetées, ouvertes, soumises, dominantes, vêtues, dévêtues, coincées, fermées, sûries, stériles, homophobes, xénophobes, en un mot hétérophobes hi hi hi, et les généreuses, les rêveuses, les quotidiennes, les dévouées, les rigolotes, les fraternelles, les utopiques, toutes ces Belgiques diverses vont se rentrer dans le lard, tout symbolique qu’il soit et tout symboliques qu’elles soient, que croyez-vous que je ferais de la pétasse Belgique du petit Louis et de son fils à la mère Michel réformateur? De la salope Belgique bleu blanc belge ardennaise du parti de la ministre intérieure? De son équivalente Belgie flamangotisante de la dite justice éventuellement west-flandrienne? De la Belgique invendable du faux historien très histrion fricomane Le Tisserand à la santé haletante ne pouvant courir aussi vite que son fantasme et son intérêt? Des Belgiques flamandes qui ne sont pas notre sujet mais celui des Flamoutches flamoutchisants? J’ai déjà laissé entendre mon estime pour la putain Belgique des socialistes des origines, je crois. Et ainsi de suite. Et ne nous abusons pas! Là où les choses se passent au masculin, où ce n’est pas la Belgique, la France, la Allemagne, hi, il y a dix messieurs Portugal, neuf Montenegro, onze Luxe-très-en-bourg, même quelques Lichtenstein tous très virils et virilistes qui s’opposent en innombrables crapules. La guerre, c’est la guerre!, vous dis-je. Et la violence, c’est autre chose, nous en reparlerons j’espère, j’aimerais que nous reparlions de la violence non admissible et de la guerre non tueuse, la violence du refus des canons et des fusils, celle qui renverse la logique mortifère de l’humain fait chose, de l’homme ressource humaine, de l’efficacité trouduculfiante fiente déshumanisante zante, de l’emploi variable d’ajustement, oh l’histoire sera très cruelle pour ces prométhées-ci-à-la-con-quand-ça-ne-coûte-qu’aux-autres.
– Madame, je vous aime !
– Aimez-moi, oui, aimez-moi! Plus vous m’aimez, plus je suis belle et verticale! Ne cédez rien, rien sur les vertus que vous me prêtez! – Rien d’autre n’est vrai. En attendant, vive ma soeur la Guinée-Conakry! Et n’oubliez pas: les xénophobes, les homophobes et autres hétéros crispés sont des hétérophobes! Allons, allons, je vous quitte!

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Liens
Stopper la montée de l’insignifiance, article de Cornelius Castoriadis dans Le Monde diplomatique, août 1998
http://www.costis.org/x/castoriadis/montee.htm, entretien avec Daniel Mermet.

Une réflexion au sujet de « Madame Belgique nous dit: Ne cédez rien! »

  • 24 mars 2014 à 16h14
    Permalink

    C’est, quand même tellement belge tout ça! Envoyer un avion à Konakry pour 1,5 criminel(s)(*). Ça coûte combien, un vol comme ça? Deux pilotes, un navigateur et leurs copines, plus trois mécaniciens avec leurs copines et 5 flics au moins, plus leurs copines (+), plus le kérosène – ou l’essence -. Je dis « essence » Parce qu’on peut y aller en voiture aussi. C’est facile: pas plus de 6428 km, qu’on fait en 72 heures selon Google Earth. Ça commence comme ça:

    Brussels, Belgium
    1. Head southwest on Boulevard Anspach toward Rue Grétry/Grétrystraat 650 m
    2. Continue straight onto Pl. Fontainas/Fontainas Plaats/Fontainasplein 45 m
    3. Continue onto Bld Maurice Lemonnier/Maurice Lemonnierlaan

    On passe par
    87. Slight right onto Route Tarfaya – Foum el-Oued 43.3 km
    88. Continue straight to stay on Route Tarfaya – Foum el-Oued 56.7 km
    89. At the roundabout, take the 1st exit 4.0 km
    90. Turn right onto N1

    Et on finit par arriver
    117. Continue onto N.1
    Go through 3 roundabouts 128 km
    118. Turn left 110 m
    119. Turn right 900 m
    120. Turn left 40 m
    Conakry Guinea

    Faudrait des visas marocains, sans compter les visas guinéens pour les belges, et aussi un petit passage par le Sahara espagnol devenu miraculeusement marocain – rien que de très normal, puisque la frontière naturelle du Maroc, sur son flanc sud, c’est le fleuve Sénégal! Et c’est comme ça parce que la Mauritanie, qui se trouve malencontreusement entre le Sahara miraculeusement marocain et le Sénégal est, comme la Belgique, une erreur politique. Une espèce de Département de l’Ourthe avant la lettre, sauf que là, ce serait, par un effet bien compréhensible de couleur locale, la Wilaya du Sénégal.

    Non: la route c’est trop long, et c’est trop cher, et c’est trop chaud, et il faudra planifier ça très correctement pour éviter le Paris-Dakar. Tous comptes faits , la solution de l’avion militaire avec un équipage de 55% de nordistes et de 45% de sudistes, plus 0,06% de germanophones (**), c’est bien plus rationnel que la route. Ne serait-ce que parce l’avion est plus sûr que la voiture. Le simple bon sens humanitaire (re) commande de minimiser les risques et d’aller en avion.

    Evidemment, si les Guinéens refusent les visas à l’équipage, c’est mal parti. S’ils refusent de nous vendre du carburant pour le retour, c’est encore plus mal parti. Et s’ils disent à l’avance qu’ils ne nous laisseront pas atterrir, c’est vraiment très très mal parti.

    Une question que je me pose: avons-nous suffisamment discuté avec les Guinéens pour savoir si leur problème c’est l’opération en elle-même ou le(s) 1,5 criminels? On peut certainement trouver un arrangement. Par exemple deux opérations séparées, une pour le(s) criminel(s) et une pour les « ordinaires ». Et s’il n’y a vraiment pas moyen de s’entendre, on peut pas y aller en hélico et déposer le(s) 1,5 criminel(s) et ses potes sur la plage tout près de la frontière avec la Guinée Bissau, et puis se casser en douce? Je suis quasiment sûr que les radars Guinéens n’y verraient que du feu.

    Malheureusement, c’est sans doute un peu loin pour les hélicos, mais nous avons déjà des militaires dans le coin: un jour, j’ai rencontré dans un ascenseur de l’Hotel Gawaye à Niamey des belges de la force aérienne, faciles à reconnaître même pour moi qui n’ai pas la mémoire ni la science des pyjamas militaires, parce qu’ils parlaient un mélange rigoureux de 54,47% de nordiste, mâtiné de 44,47% de sudiste et de 0.06% d’allemand. J’ai dit, très innocemment « tiens, qu’est-ce des militaires belges font au Niger » et on m’a regardé avec une certaine hostilité et on ne m’a pas répondu, ni même salué (***). Evidemment, la question aurait pu être mieux posée, quelque chose sur la base de 54,47% de nordiste, battu en neige avec 44,47% de sudiste et saupoudré de 0,06% de germanophone. Mais bon, je l’ai dit, c’était une question innocente non préméditée, à base de curiosité simple.

    Bref, ces pyjamas-là, s’ils sont encore dans le coin, ils pourraient certainement aider! Ce n’est pas parce qu’ils m’ont regardé sans sympathie qu’ils ne seraient pas prêts à donner un coup de main, même énergique si nécessaire!

    Et voici ma botte secrète. Cette opération-là, elle a tout d’une opération humanitaire, non? Si on la faisait passer dans le budget de l’aide au pays en voie de développement (PVD), je suis quasiment sûr que les contribuables n’y verraient que du feu. Les coprocrates y gagneraient un peu de bonne conscience et peut-être que, cette année, nous y arriverions, au 1,5% du PNB consacré à l’aide aux PVD. Les anciens fonctionnaire coloniaux sont désormais presque aussi rares que les combattants de 1914-18, et la somme des pensions des survivants ne suffit plus à attendre le pourcentage prescrit. En quelque sorte: tant mieux s’il nous faut monter une opération compliquée avec les pyjamas de Niamey et des hélicos sur la frontière de la Guinée Bissau: on économisera sur les visas marocains, et nos militaires resteront bien entraînés.

    Et par les temps qui courent, ce n’est pas du luxe: ils seront prêts pour Sevastopol (Севасто́поль).

    R.

    (*) Je ne sais jamais s’il faut dire 1,5 criminel (moins de 2) ou 1,5 criminels (plus de 1)

    (+) Si je parle de copines, ce n’est pas par persiflage. C’est que les homards guinéens sont fameux, largement suffisants pour deux. Et ce serait bête et contraire à notre politique environnementale de gaspiller la biodiversité!

    (**) Une petite parenthèse pratique: le 0,06% de germanophone pourrait s’occuper du 0,5 criminel, économisant de la sorte l’énergie des entiers nordistes et sudistes qui devront s’occuper de la lourde tâche de gérer la logistique de l’opération.

    (***) Evidemmment, je ne parle pas ici de salut militaire, mais d’un simple bonjour!

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