Les loups de la spéculation annoncent le krach post-2008

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D’après bilderberg.org

 

 

Bonjour!

Je n’ai plus rien écrit ici depuis le 31 décembre.

Mes courriers non sollicités étant les seules nouvelles de moi que reçoivent certains de mes destinataires, à partir de deux mois de silence sur ce canal, d’aucuns (d’aucuns… génie des langues humaines!) me demandent si je suis toujours là, et dans quel état. Première raison de donner signe de survie.

Pourtant, j’aurais pu sortir plus tôt de ce relatif silence. On ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé encore, en 2013, en événements propres à faire parler. Mais y a-t-il du neuf ou du surprenant?

La décomposition de la royauté belge, par exemple, nous met en verve, mais elle n’a pas besoin d’aide. L’affaire est entre de bonnes mains, au plus haut niveau.
À ce propos ou presque, je suis heureux de vous faire part des bonnes heures dispensées par le formidable Congo – Une histoire, de David Van Reybrouck, un ouvrage de salubrité publique qui manquait à la Belgique, et l’exemple même de livre que l’on n’a pas le droit de ne pas lire. J’ai bien failli en rendre compte longuement.

Plus substantielles sont la psychologisation de l’affaire Mittal à Seraing, et la massive entrée en scène des politiciens professionnels dans ce dossier. Il y en a une armée, un contingent, pour illustrer comment la démocratie représentative occulte la vraie question politique, celle qui la fonde et ne peut être révélée, ainsi que l’explique avec talent notre ami Slavoj Žižek (qui c’est? voyez-le ici provoquer des rires en grec, anglais et français), dans son petit et amusant Que veut l’Europe? (présentation en 300 ou 600 mots.)

Du titre de Žižek, impossible de ne pas être renvoyés à l’admonestation qui se répand par salons lambrissés et studios sonorisés comme la peur sur la peau: Il nous faut plus d’Europe. Plus d’Europe ! Et là, il y a un filon à vingt-quatre carats, ruisselant des mille feux de la médiatisation, avec certes, et pour cause, beaucoup moins de matière grise, offert par le duo des boute-en-train Guy Verhofstadt et Daniel Cohn-Bendit, qui, oui, kiwi en belge, mérite un petit démontage en règle à l’adresse des distraits. Plus d’Europe, mais de laquelle? Pour nous, mais qui, nous ?

Et tout fraîchement, la suppression de 1.400 emplois directs par Caterpillar, à Gosselies, mérite aussi son pesant d’épîtres et de bafouilles. Il n’échappe à personne que s’ajoutant à Ford-Genk et Mittal-Liège, nous avons là, dans notre étroit territoire, de quoi élargir la perspective, et surtout ne pas nous limiter à l’examen de l’économie-que-nous-sommes-désormais-obligés-d’appeler-réelle, qu’un économiste américain (du Nord) a déclarée « filiale d’un casino géant ». Élargir le débat: il n’y a pas que les physiciens qui rêvent d’une théorie du champ unique, celle qui réunirait les vérités discordantes! C’est un désir universel de la conscience humaine, qui vous anime autant que moi.

Gardons pour plus tard cet autre triomphe du capitalisme, la la la, la lasagne inattendue quoique non surprenante. Il y a trop de bruit pour en parler aujourd’hui. (J’ai fait une exception…) Trop de bruit, mais pas pour battre ma coulpe, au contraire! Le repentir est plus facile quand les oreilles sont distraites. Je confesse donc avoir appris dans ce vacarme, avec quelques années de retard, que trente à quarante pour-cent des porcs européens sont les hôtes d’un staphylocoque mutant à peu près insensible aux antibiotiques. Aux États-Unis, cette bébète dite dorée a, en 2005, tué 19.000 personnes – plus que le sida.
Qui a dit : Il n’y a aucune force dont dispose l’Occident, qu’il ne mène à ses limites ?
Karl Marx, sans doute. Ou Michel Bakounine?
Hé non: Emmanuel Lévinas.

Il y avait donc quelques sujets alléchants. Mais d’autres occupations m’ont retenu. Oui. Elles m’ont pris par le bras, en criant: « Ne fais pas le con ! » – Ce que vous ne pourrez manquer de voir dans la version filmée de ma lettre, quand Buñuel reviendra de sa dernière fugue, dès que Jean-Sébastien Bach nous l’aura relâché.

Plus j’avance dans ce courrier, plus il apparaît comme celui des discours non tenus.
En voilà du blabla pour une liste de sujets non abordés ! Je suis allé à l’enterrement de mon père avec, en poche, un laïus soigneusement préparé, que je n’ai pas lu.
Mais autres lieux, autres échos. Ici, les discours évoqués ne m’appartiennent pas. Chacun se les construit, de plus en plus aiguisés.
Il est surprenant de constater comment, dans des milieux très divers, avance dans les consciences un décodage chaque jour plus cruel de notre civilisation.

Je vais prochainement m’y remettre, c’est inévitable.

*

En attendant, une chose a attiré mon attention cette semaine. Une lettre de diffusion émanant de conseillers en finance, spécialisés dans les titres sur matières premières, annonce un krach qui pourrait renvoyer, cette année déjà, celui de 2008 aux oubliettes.

Bien sûr cet événement sera pour eux, et l’est dès à présent, une occasion comme les autres de business ou de tentative de business. Ils feront des paris et des promesses au matin même de la (réelle) fin du monde, et à la minute même de leur propre mort! On sait qu’autour de 2008, des fonds d’investissement ont spéculé sur la ruine des marchés, autant dire sur leur propre fin.

Aujourd’hui, nos conseillers identifient trois périls imminents. Le krach et le crash des titres représentatifs de dettes d’État, lesquelles atteignent des montants vertigineux, en particulier aux États-Unis. L’illusion de la bonne santé apparente des bourses, basée sur de pures et fragiles croyances. Et le rejet des électeurs aux prochains scrutins, italiens et allemands pour cette année.
Un de leurs principaux créneaux de spéculation est l’effondrement! Et les conseils qu’ils vendent à leurs clients dans ce contexte portent le doux nom de kit de survie.

Ces gens-là ont annoncé l’inflation dès 2010, quand à peu près personne ne prenait l’hypothèse en compte, alors qu’aujourd’hui elle apparaît comme une possibilité raisonnable ou inévitable pour à peu près tous les analystes supposés sérieux. Et dans leur commentaire sur l’élection italienne, publié la veille du scrutin, ils ont pour moitié mis dans le mille : les électeurs italiens commencent à refuser la potion de la rigueur, et « les marchés » « n’aiment pas » le résultat.
« Il y a toujours quelque chose de vrai dans la parole de mes ennemis » , disait Wilhelm Reich.
Pour l’autre moitié de leur appréciation de la situation transalpine, nos conseils en finance affichent leur incapacité à reconnaître la nouveauté là où elle affleure: « s’il y en a un mètre » (Salvador Dali), de nouveauté, c’est bien dans le M5S ou  Mouvement 5 Étoiles de Beppe Grillo. Pas ailleurs !

Fin des citations.

Bonne nuit, bonne soirée, bonne journée

Guy.

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