CoronaViral, 29 – François Gemenne voit dans les politiques anti-covid se dessiner la tyrannie du risque zéro

afitac.com

 

Bonjour!

François Gemenne a cosigné avec Olivier Servais, anthropologue à l’UCLouvain, une tribune intitulée « Crise de la Covid-19: la tyrannie du risque zéro », publiée par lesoir.be le 15 août 2020, dans une série mise en ligne gratuitement par le journal, mais que je donne néanmoins ici en PDF.
Cette tribune centrée sur le risque zéro laboure et prend pour titre un poncif d’ordinaire réservé aux gouvernants pour excuser les limites de leurs actions, placé le plus généralement sous la forme du truisme « Il n’y a pas de risque zéro », très répandu aussi dans le monde des affaires. C’est vraiment une formulation de communicants!, et il n’y a pas jusque là de quoi casser trois pattes à un canard.
Notre époque est envahie par la statistique. Les événements prévisibles ne sont plus certains: ils sont probables à 99,… %. Ainsi parle désormais la science, comme le GIEC n’a cessé de le faire en toutes rigueur et honnêteté, trop longtemps sans doute, jusqu’à ce que l’effroi dans ses rangs ait fait sortir les scientifiques de leur réserve probabiliste.
Grande nouvelle donc, « Il n’y a pas de risque zéro » : une phrase en principe plus taillée sur mesure pour Maggie De Block ou les bateleurs de la politique spectacle que pour des universitaires es qualités. Mais allez savoir. Lire la suite

Richard Desjardins: « Compter les morts », dans sa chanson « Le bon gars »

 

« Compter les morts »?
C’est dans la chanson « Le bon gars » de notre ami Richard Desjardins, que l’on peut écouter ici:                     

tout en lisant le texte, comme écrit ci-dessous sur https://laboiteauxparoles.com/titre/7452/le-bon-gars :

 

 

Le bon gars

Quand j’vas être un bon gars
Pas d’alcool, pas d’tabac
Moi rester tranquille
Moi payer mes bills
J’m’en vas apprendre l’anglais
Ma l’apprendre pour le vrai

Quand ma être un bon gars
Pas d’alcool, pas d’tabac
Moi mettre des bobettes
M’as lire la gazette
M’as checker les sports
Moi compter les morts

M’as passer mon check-up
M’en vas faire mon ketchup
On va voir c’qu’on va voir
M’as m’forcer en ciboire

Quand j’vas être un bon gars
Pas d’alcool, pas d’tabac
J’vas avoir l’esprit d’équipe
Impliqué, tout’ le kit
M’as cramper en masse
M’as m’tailler une place

Quand j’vas être un bon gars
M’as gravir les échelons
M’as comprendre mon patron
M’as faire semblant
Qu’y est intéressant

L’argent va rentrer
Pas trop trop mais steady
Ma photo laminée
«L’employé de l’année»

Quand j’vas être un bon gars
M’en vas les inviter
M’en vas faire un party
Des sushis, des trempettes
Amène-z-en, m’as m’en mettre
M’as m’en déboucher une
Une fois n’est pas coutume

Là tout le monde va s’mettre
Tout le monde va s’mettre à parler
BMW, CLSC, TP4, IBM
TPS, PME, PDG, IGA
OCQ, OLP
Pis moi sur mon bord
Moi tomber dans l’fort

À onze heures et quart
M’as les crisser dehors
M’as sauter dans mon char
Moi descendre à Val-d’Or

Bon ben là ça va faire
Moi descendre en enfer
M’as flamber ma paye
M’as aller vendre des bouteilles

M’as rouler mon journal
M’as câler l’orignal
Moi virer su’l’top
Pas de cadran, pas de capote
Moi trouver mon nom
Tatoué sur son front
A va dire: «Aaaaaaahhhhhhhh!
Enfin un bon gars!»

Après ça après ça j’vas être un bon gars
Pas d’alcool, pas d’tabac
Moi rester tranquille
Moi payer mes bills
M’en vas apprendre l’anglais
M’as l’apprendre pour le vrai
Sport, Smat and Blood
Y vont m’aimer en Hérode
Excellent citoyen
Pas parfait mais pas loin
M’as manger du poisson
M’en vas faire du ski d’fond
M’as m’acheter des records
De Michel Rivard
M’as faire semblant
Qu’c’est intéressant

Quand j ‘vas être un bon gars
Pas d’alcool, pas d’tabac

CoronaViral, 28 – La Belgique a foiré !

https://bx1.be/dossiers/coronavirus/deces-suite-au-coronavirus-en-region-bruxelloise-un-epidemiologiste-conteste-les-chiffres/

 

 

Bonjour!

Ceci est un billet rapide, où toute la coloration lyrique, titre compris, et les erreurs éventuelles, sont de Condroz belge.

Voici un entretien au Vif, et un à la Rtbf, de Philippe Laurent, médecin épidémiologiste, fondateur de MSF-Belgique et son premier directeur, directeur ensuite de la Croix Rouge Belgique, journaliste médical.

La Belgique a foiré ! « Désinvolture », méconnaissance du terrain, chiffres favorables et « rassuristes », par exemple cette fameuse moyenne sur 7 jours, alors que le propre de la réponse à cette maladie c’est d’anticiper, exclusive des experts académiques et non de terrain (ou dirais-je, de la médecine de catastrophe, de la médecine humanitaire). Le dépistage et le traçage sont complètement dépassés et inopérants aujourd’hui, à Bruxelles qui vient de distancer de loin Madrid dans les difficultés, et en Wallonie. Nous verrons si la Flandre suivra ou pas. Lire la suite

Il faut nuire aux grands actionnaires pour qu’un gouvernement recule


Bonjour!

Quelques nouvelles de chez les salauds.
Il y a une leçon derrière l’événement raconté ci-dessous, qu’il n’est pas inutile de rappeler: il faut nuire au Medef, l’organisation patronale des grandes entreprises cotées en bourse, pour que le gouvernement français recule sur un projet. En 1995, c’est le Medef qui a dit au premier ministre Juppé de retirer son projet sur les retraites, après quinze jours de grève qui lui coûtaient trop cher. Et la leçon vaut pour les autres pays.
En France, l’avocat François Boulo (ça ne s’invente pas), porte-parole des gilets jaunes de Rouen, recommande depuis plus d’un an le blocage de l’économie. Il a appelé à la grève générale dès début 2019. Aujourd’hui, l’idée qui monte, c’est de bloquer les raffineries de pétrole, et il y a des débuts. Un appel à la cotisation générale pour financer les grèves dans ce secteur a déjà été lancé au moins une fois.

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Un livre de Murray Bookchin bientôt en français, La Révolution à venir

Bonjour!

Ce livre de Murray Bookchin, un auteur dramatiquement peu traduit en français, est annoncé par les éditions Agone pour début mars 2020. Il est en souscription, un mode d’achat qui fait du bien à la rentabilité de l’éditeur, et on peut, sur la page qui l’indique, lire le chapitre 5 en ligne.
Pour rappel, le municipalisme libertaire de Murray Bookchin est à la source de l’organisation du Rojava, au Kurdistan nord-syrien, et s’est trouvé repris quelques fois déjà sur Condroz belge. Lire la suite

La cohérence et les tartuferies d’Emmanuel Macron selon Romaric Godin

La Guerre sociale en France – Aux sources économiques de la démocratie autoritaire (éd. La Découverte, 245 pages, 18 euros) est le dernier livre de Romaric Godin, journaliste actuellement chez Mediapart, lequel y consacre un large article (ici en PDF).

Romaric Godin étudie un peu finement la position de Macron, avec sa cohérence et sa « tartuferie », qui repose essentiellement sur des axiomes assumés comme non critiquables. C’est donc par la critique des axiomes, comme pour un paranoïaque et comme pour la « science » économique universitaire dite néo-classique, qu’on peut échapper à sa logique. Par exemple, le mantra macronien « progressisme » consiste à favoriser la possibilité de chacun …de se vendre au mieux sur le marché du travail.
Entre parenthèses, Macron a été co-rédacteur du rapport Attali, ce faiseur de rois campant complètement sur une même ligne du « tout ou rien ».

Macron se dit progressiste.
Quel est donc le progressisme de ce « réformateur » qui a donné le titre « Révolution » à son livre d’entrée en politique?
Voici ce qu’en dit Romaric :

Le progressisme se veut social parce qu’il entend donner à ceux qui ne les ont pas les moyens de venir sur le marché du travail, là où le capitalisme manchestérien ne se souciait pas de la capacité des hommes à se vendre. Il les prenait comme ils étaient, pour ce qu’ils étaient. Ici, le « progressisme » ne cesse de parler d’humain, parce qu’il entend donner à chacun cette capacité à se vendre. Il y a cette idée que l’on peut en permanence améliorer sa compétitivité individuelle et mieux réussir sur le marché. Le libéralisme d’antan laissait l’individu se débrouiller avec ce qu’il avait, le néolibéralisme veut améliorer la capacité marchande de chacun. La compétition n’en est pas moins féroce, et le résultat pas forcément différent.
Cette action se fait, d’abord, par une logique de workfare : l’État doit assurer à chacun des revenus minimum permettant de se présenter sur le marché du travail. Mais il ne peut le faire que si ces revenus sont effectivement utilisés pour aller sur le marché du travail. Autrement, il s’agirait d’une rente. Le soutien contre la pauvreté n’est donc pas un humanisme, c’est un soutien au marché qui est conditionné à la participation de l’individu a ce dernier. Deuxième moyen, la formation et l’éducation, qui doivent assurer la capacité marchande permanente de l’individu sur le marché du travail et permettre une adaptation de l’individu aux demandes du marché. Dernier moyen, la lutte contre les discriminations, qui n’est cependant pas une spécificité de ce « progressisme ». Là encore, il ne s’agit pas d’un quelconque humanisme mais d’une logique de marché : toute discrimination est une rente parce qu’elle favorise un acteur de marché plutôt qu’un autre sur des critères non économiques. Mais c’est souvent une tartuferie car les discriminations, raciales et sexuelles, s’enracinent aussi dans des déterminations économiques. L’illégalité formelle de la discrimination ne dit rien des différences sociales qui, souvent, aggravent les discriminations existantes. Si les personnes d’origine étrangère sont moins bien formées en raison des capacités économiques de départ de leur famille, elles seront toujours proportionnellement moins nombreuses à réussir. Surtout si les protections sociales sont affaiblies et renforcent encore les inégalités sociales de départ. Mais, comme la réussite n’est qu’individuelle, ces circonstances sont largement niées. La lutte contre les discriminations est donc un paravent de la libéralisation. On constate, du reste, que ce « progressisme » n’est largement que de façade, la politique migratoire d’Emmanuel Macron étant très peu ouverte et centrée sur les besoins du marché.
(…)
À noter : le progressisme ne discute pas, ou à la marge, le résultat de la loi du marché, puisqu’il estime que la redistribution est trop forte. Toutes les inégalités issues de la justice du marché sont acceptables. Le travail, produit du marché, est un « vecteur de mobilité sociale et d’émancipation » et ceux qui veulent vivre mieux doivent donc mieux répondre aux demandes du marché. C’est là une responsabilité individuelle. Grâce au marché, le progressisme remplace la redistribution par des droits.

Les origines de l’école égalitaire finlandaise

Bonjour!

L’école finlandaise remporte la première place dans les études Pisa de l’Ocde, parmi les pays membres de l’Organisation, que ce soit par l’excellence du niveau moyen ou par le peu de distance entre les élèves finlandais les mieux classés et les moins bien classés.
L’école est publique, entièrement gratuite jusqu’aux transports scolaires et la cantine, décentralisée, l’inspection est inexistante, Lire la suite

La vision que Macron porte sur les gilets jaunes est complotiste

Affiche de l’association anticommuniste Paix et liberté, 1952. En titre du billet de F. Lordon
Affiche de l’association anticommuniste Paix et liberté, 1952. En titre du billet de F. Lordon

Bonjour!

Il est toujours stimulant et rafraîchissant de consulter le blog de Frédéric Lordon, La pompe à phynances.
Condrozbelge
ne s’en lasse pas.

Voici son billet du 2 février 2019: « Le complotiste de l’Élysée » .
Au sommaire: Lire la suite

Rappel: N’oublions pas le Rojava!

Bonjour!

J’écrivais en février 2018 un billet de blog sur le Rojava, après des mois de conversations avec des amis qui se terminaient régulièrement par la promesse de leur livrer quelques liens. Tout cela est toujours actuel et souffre d’un assourdissant silence dans les médias, même alternatifs.

Je recommande donc d’y retourner. Le billet commence par un remarquable documentaire donnant la parole à nombre d’acteurs de terrain locaux et de gens ordinaires. Par ailleurs je viens de relire les articles y mentionnés de Janet Biehl et de David Graeber, écrits après leur voyage de neuf jours dans ce Kurdistan nord-syrien pas du tout homogène sur le plan ethno-linguistique ou religieux. C’est un must! Ici le lien direct vers ecologiesociale.ch.

Et vous pouvez évidemment picorer parmi les autres liens de ce billet de 2018, qui n’ont pas pris une ride.

RIC et RAC

 

Bonjour!

Ci-dessus une vidéo de 3 minutes 49 par Dimitri Courant, doctorant en science politique à l’Université de Lausanne et de Paris 8. On y voit de pauvres, pauvres gens, dire de grosses bêtises pour faire peur aux gens pauvres. On y voit le pauvre Jean-Claude Carrière! Lire la suite