Si l’espèce humaine faisait honneur à ses deux avantages sélectifs, qui sont la cérébralisation et la socialité, sans réduire la première à la raison ou au calcul, ni la seconde au mimétisme et à la sécurité, nous cesserions de privilégier la carrière, qui n’est jamais qu’une version lointaine et trop réelle d’une « soumission aux besoins de la vie animale » , et pourrions exercer les facultés mentales en accord avec un sens véritablement humain de ladite socialité :
Ni ma famille, ni mon groupe, ni ma classe, ni ma patrie ! …L’humanité !
Internet propose ce que l’on a appelé des liens, Internet multiplie les archives. S’il faut des années pour transformer un livre de géographie en livre d’histoire, tout dépôt sur la Toile devient archive le jour de sa publication. La mode, c’est ce qui se démode, et le monde de l’immédiateté fabrique du ringard.
ARCHIVES donc sont les textes sur Internet, aussitôt déposés.
Internet archive et accumule indistinctement les perles, la lumière, le sordide, le faux – erreur ou escroquerie –, le vrai, le neuf, le marchand, l’insignifiant, le sublime, les redondances, les remplacés, les périmés, les épaves, les déchets.
Internet met les choses et leurs restes « en cache », comprenons: en mémoire. Si dans nos souvenirs, le cache-cache est un jeu remis à zéro toutes les trois minutes, le cache sur Internet, au contraire, voudrait nier l’observation centrale du bouddhisme, selon laquelle tout est impermanence:
Internet, c’est pas très zen !
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Un des défis de la condition humaine, un des défis de notre espèce, est, me semble‑t‑il, de penser la béance vertigineuse de l’avenir, dont je parle çà et là.
Je lis et j’entends trop de savantes études du passé, trop de nécessaires leçons de l’expérience, qui ne voudraient servir qu’à figer le présent, le conserver, le renforcer, pour d’évidentes utilités peu avouables, mais aussi pour fuir le vertige que crée immanquablement la considération de cette qualité de l’avenir, qui est d’être, de façon quasi absolue : imprévisible et imprédictible. L’avenir est radicalement ouvert.
Un vertige que redouble, autant qu’elle le nourrit, la seule certitude de notre avenir individuel: l’inéluctabilité de notre propre mort.
Immédiate ou ancienne, l’archive ne nous intéressera que si elle produit un effet de sens au présent, dans cette conscience de la béance du futur. Nous la souhaitons donc actuelle, bien que passée :
Actuelles ARCHIVES.
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Je voulais quelques «A» pour mon titre d’Actuelles Archives.
Tant que j’y étais, pourquoi ne pas privilégier le classement alphabétique, vu que j’avais déjà AA, et qu’il suffisait d’en rajouter.
L’andouillette ayant son label AAAAA, décerné par l’Association Amicale des Amateurs d’Andouillette Authentique, je pouvais bien en faire autant ! Et concurrencer, non l’andouillette, du moins les andouilles.
Dès lors… Le choix est vaste ! Et pour tout dire, il est provisoire. AAAAA est un acronyme à géométrie fantasque.
Je pourrais dire « Annonciatrices ». C’est un vœu ironique plus qu’une promesse, et une annonce risquée… Le défi de penser le futur plus que de penser au futur. Sous le masque d’un souvenir du prêchi-prêcha de ma prime éducation catholique.
Et, pourquoi pas, « Authentiques ».
Un mot en l’espèce, de toute évidence inutile et bavard.
Seules les andouilles ignorent que ce caractère va sans dire !
Mais pourquoi se priver de caricaturer le cirque de la palabre libérale, qui fait le commerce des fausses évidences et du détournement sémantique jusqu’à l’insignifiance, pourquoi ne pas tenter dans le même mouvement, et au risque de l’achever, de sauver ce nom bientôt sans emploi, un moribond ?
« Authentiques », le lecteur jugera.
Enfin, « Alarmées ».
Le terme est vrai, le terme est faux.
Je suis certes réellement alarmé au regard des périls, de l’inconscience et des mensonges qui règnent, me faisant trop souvent prendre le clavier. Nous vivons des temps où il paraît impossible que l’exercice du coeur et de la raison n’alarme pas.
Mais en même temps, au fond de moi, une confiance irraisonnée, chaude et vibrante, sourd de mes cellules tant que je suis vivant. Que la vie est belle et le restera, qu’elle vaut d’être vécue chaque jour, c’est folie de le croire peut-être, mais c’est l’intime conviction du vivant, qui anime tout organisme, de la bactérie à l’être humain. Tel est le vrai mystère de la foi, qui dépasse et englobe la pauvre appropriation qu’en ont voulu faire les églises.
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(Entre parenthèses:
Alarmées, alarmées…
Il se fait que mon père y était, à l’armée.
À la différence de nombre de condisciples de même filiation, élevés à mes côtés dans des cités de militaires étrangers en Allemagne, j’ai toujours considéré que cet homme, avec sa profession et quelques autres caractéristiques personnelles qui en étaient la marque et la condition, représentait un monde dont je n’étais pas. Un point extrême que la lignée avait atteint dans l’expérience des hiérarchies et des subordinations, de l’humiliation et de la servitude, dont je ne pouvais que m’éloigner.
De cela, je le remercie.)
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…Qui suis-je ?
Liège, 11 novembre 2009
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Addendum: pourquoi Condroz belge ?
En attendant un texte plus circonstancié, disons en bref que j’ai adopté l’expression « Condroz belge » dès l’instant où je l’ai entendue de la bouche d’un percussionniste qui, au milieu de son concert, se présentait par ces mots: « Je viens du Condroz belge ». Comme Denis Mpunga – aujourd’hui en outre comédien, réalisateur et compositeur -, est un grand homme tout à fait noir de peau, toute l’assistance a capté le jeu de mot à la seconde, et la salle s’est esclaffée.
Lorsque j’ai créé mon site trente ans plus tard, son nom s’est imposé très simplement, à moi qui suis belgo-belge et né dans cette région, dans la maison de mon grand-père. Si l’allusion est ici moins perceptible, Condroz belge me convient à la perfection, et me paraît faire la nique aux « imbéciles heureux qui sont nés quelque part » du cher Georges Brassens.
Merci, Denis.
Bonjour Mr Leboutte. Dégouté, à force d’être injurié, sur « le forum le plus optimiste du monde » , je cherches d’autres crèmeries plus sympa ! Je tiens donc à vous saluer… (Chab…)
Ah, je vous reconnais, bien sûr. Enchanté !
J’avoue que sur le site dont vous parlez, je ne mémorise pas qui écrit quoi, mais je salue vos interventions.
Je connaissais un type, un Hollandais, qui avait fondé en France une société qui s’ appelait AAA, Agrometeorological Applications Associates. Moins fort que toi, manifestement! Mais lui il a fini ennobli par sa Reine. Keep trying!
Very good dear 😀
Je ne vous répondrai pas en public.
C’est la vie. 😉
Hello Guy, Belle rencontre…
Oui, merci aussi, bien content. Et merci pour ta curiosité.
À toutes fins utiles, ce lien :
http://www.telerama.fr/medias/avec-le-media,-les-insoumis-passent-a-la-(web)tele,n5263523.php
Bonjour Guy,
Aujourd’hui je viens de découvrir un site qui me booste et je dis wouah ! Enfin
« Ça arrive près de chez nous ! »
Heureuse de cette rencontre,
Caro
J’oubliais : j’aime beaucoup votre blog découvert grâce à Épistrophe….
Juste une anecdote. J’assiste, à Angoulême, non pas à un prestigieux concert, mais à un modeste match de handball féminin entre « notre » équipe de N1 et celle de la ville précitée. Le crieur angoumoisin présente ces demoiselles avant le début du match et commence par celles de sa ville qu’il est censé connaître mieux que les autres, pourquoi pas. Il braille dans le micro : et voici Melle Dupont, Melle Durand, Melle Kindundu de…. (il cherche) l’ex-Congo belge… Nous ne fûmes pas plus de trois ou quatre à nous regarder sidérés.
Pourquoi X? Je ne suis pas Anonyme, on me connaît… Mais X est un nom comme un autre, de nulle part et d’ailleurs…..
Salut Guy!
Vous pouvez envoyer des articles ou des nouvelles sur les problèmes de mon pays, de les inclure dans votre Blog? Si donc s’il vous plaît me diriger, comme je le fais. Merci.
Cordialement.
Cleotilde
(Mexique)
Bonjour,
Cette fois je suis sur votre site, et l’ai placé immédiatement en « Favoris ».
Hier, je me suis trompé, et c’est parfait ! Cela m’offre l’avantage de découvrir ce que l’on nomme communément une petite merveille, et qui est en fait une perle rare !
Bien à vous. Cordialement.