Carte empruntée à Julien Salingue
Bonjour,
Je vous recommande ici quelques textes présents sur Internet, et un témoignage arrivé par courrier.
Il s’agit pour l’essentiel de voix israéliennes minoritaires, et une réflexion sur les médias, selon laquelle ils sont aussi des acteurs dans la guerre qu’ils prétendent seulement observer.
Pour la guerre à Gaza comme sur tous sujets, deux portails sont particulièrement intéressants à consulter: le français www.rezo.net et son petit frère belge francophone, www.mouvements.be, auquel je collabore modestement. Les consulter, c’est se donner les moyens de mettre en perspective ce qui est bien trop souvent une farce dans les médias, et, anecdotiquement, d’être informé quelques jours avant les lecteurs de la grande presse. Quand l’éditorial du Soir du 12 janvier ose les mots « Gaza : folie collective et crimes de guerre » par exemple, eh bien, il y avait quelques temps déjà que cela n’avait pas échappé aux lecteurs desdits portails.
Bonne lecture!
Guy
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Gilad ATZMON (Israël) – écrivain et musicien, vivant en Grande-Bretagne:
Vivre en sursis sur une terre volée
Où l’on comprend que la base de la conscience fausse qu’ont les Israéliens du conflit depuis 1948 pour le moins, c’est la falsification de leur propre histoire à l’école, à l’université, et dans les médias.
Voici des extraits pour les lecteurs trop pressés:
Dans le paysage, les traces de la civilisation palestinienne d’avant 1948 ont été effacées. Non seulement la Nakba, le nettoyage ethnique en 1948 des indigènes palestiniens, ne fait pas partie des programmes scolaires israéliens, elle n’est pas même mentionnée ni discutée par aucun forum officiel ou universitaire israélien. (…)
Israël n’a pas trouvé de réponse militaire. Il peut certes tuer des civils mais ne parvient pas à enrayer les tirs de roquettes. (…)
le contrôle de l’Autorité Palestinienne et du Fatah sur la Cisjordanie est maintenu par l’armée israélienne (…)
Il est évident que le Hamas a fait preuve d’une certaine retenue avec Israël depuis trop longtemps. Le Hamas s’est retenu d’étendre le conflit à l’ensemble du sud d’Israël. (…)
Dès que le Hamas se sera emparé de la Cisjordanie, les plus grands centres urbains israéliens seront à sa merci. Pour ceux qui ne parviennent pas à le voir, ce serait la fin de l’Israël juif. Ça peut arriver dès ce soir, dans trois mois ou dans cinq ans, la question n’est pas de savoir ‘si ça se produira’, mais ‘quand.’ À ce moment-là, l’ensemble d’Israël sera à portée de tir du Hamas et du Hezbollah et la société israélienne s’effondrera, son économie sera ruinée. Le prix d’une maison individuelle de Tel Aviv nord équivaudra à celui d’un cabanon à Kiryat Shmone ou à Sderot. Au moment où une seule roquette touchera Tel Aviv, c’en sera terminé du rêve sioniste.
Les généraux israéliens le savent, les dirigeants Israéliens le savent. C’est pourquoi ils intensifient la guerre d’extermination contre les Palestiniens. Les Israéliens n’envisagent pas d’occuper Gaza. Ils n’ont rien perdu là-bas. Tout ce qu’ils veulent c’est terminer la Nakba. Ils larguent des bombes sur les Palestiniens dans le but de les anéantir. (…)
Tout ce qui reste aux Israéliens c’est de s’accrocher à leurs oeillères et à leur déni de la réalité pour fuir le triste destin qui leur est déjà fixé. Tout au long de leur déchéance, les Israéliens entonneront les divers chants de victimisation dont ils sont coutumiers. Imprégnés d’une réalité faite de suprématie égocentrée, ils seront hypersensibles à leurs propres souffrances tout en restant aveugles à celles qu’ils infligent aux autres.
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Michel Collon (Belgique):
Cher Monsieur Obama,
Vous avez déclaré à propos du conflit entre Israël et les Palestiniens : « Si quelqu’un tirait des roquettes sur ma maison où mes deux filles dorment chaque soir, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire cesser cela. »
Protéger vos enfants ? Comme je vous comprends! Mais, pour être tout à fait correct envers vos filles, ne devriez-vous pas leur raconter l’histoire de cette maison ? Dire que vous l’avez volée à ses propriétaires ? Et aussi le jardin, et tous les champs autour ! Et que vous avez obligé l’ancien propriétaire à aller vivre dans la niche du chien ? Car c’est exactement ce qu’Israël a fait en volant leurs maisons et leurs terres aux Palestiniens, et en les forçant à vivre dans des camps de réfugiés (voir les livres d’historiens israéliens comme Benny Morris).
Dès lors, cher Monsieur Obama, pourriez-vous prétendre vivre dans cette maison tranquillement, comme si de rien n’était ? Alors, juste une question : votre « changement » consistera-t-il à répéter ces vieux mensonges sur la maison, déjà ressassés par tous vos prédécesseurs ?
Recevez, cher Monsieur Obama, mes meilleurs sentiments. Et dites à vos amis que, sur cette terre de Palestine, il y a de la place pour tout le monde. A moins qu’une différence de religion ou de couleur de peau pose un problème à quelqu’un ?
Michel Collon
13 janvier 2009
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Une habitante de Sderot (Israël):
Je parle avec les gens de Sderot
C’est le texte d’une habitante de cette ville frontière où les journalistes sont confinés et ressassent par ennui le point de vue de la puissance dominante, comme on peut s’en faire une idée avec l’article d’Henri Maler et Olivier Poche ci-après .
Elle est membre de Kol-Acher (Une autre voix), une association transfrontalière de dialogue israélo-palestinien.
(En ligne sur http://www.millebabords.org/spip.php?article10028 )
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Henri Maler et Olivier Poche (France):
Gaza – Médias en guerre
À grands renforts de reportages déséquilibrés et d’informations mal regardantes sur les sources, la plupart des médias ont confirmé qu’ils sont toujours, volontairement ou pas, des acteurs des guerres qu’ils prétendent observer.
Selon les comptages effectués par le site d’Arrêt sur images (lien payant), les 20h de TF1, France 2 et France 3, entre le 27 décembre et le 5 janvier, ont ainsi proposé 6 reportages intégralement consacrés aux civils israéliens, contre 2 aux civils palestiniens. Cette disproportion est encore plus prononcée, si l’on prend en considération les JT de 13h. Selon notre propre relevé, sur TF1 le rapport est de 5 contre 1. Un seul reportage consacré aux civils palestiniens, diffusé seulement au 20h, met en scène, sans le moindre propos politique, une famille relativement aisée de Gaza (comme nous l’apprend un reportage… de France 2 où le même couple franco-palestinien est interrogé [3]) et peu représentative par conséquent de la situation vécue par la majorité des Gazaouis. Et si l’on ajoute France 2, on atteint en tout 9 reportages contre 2 – là encore, le 13h ayant jugé bon d’évoquer Sderot, mais pas Gaza.
Publié le 12 janvier 2009.
Texte complet sur Acrimed (Action – Critique – Médias):
http://www.acrimed.org/article3044.html#nb1
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Michael Warschawski (Israël):
Il s’agit « de punir les Palestiniens du seul fait qu’ils continuent à exister »
Cela fait quarante ans qu’il en est ainsi, que Michael Warschawski a choisi le camp des Justes. En 1967, alors qu’il suivait des études talmudiques à Jérusalem, ce jeune homme né à Strasbourg a rejoint le mouvement trotskiste antisioniste Matzpen, alors le seul groupuscule israélien à s’opposer à l’occupation de la Cisjordanie. Après avoir participé en 1982 à la fondation de Yesh Gvul, un mouvement d’officiers de réserve et de soldats contre la guerre au Liban, il a créé deux ans plus tard le Centre d’information alternative (AIC), qui rassemble plusieurs mouvements pacifistes israéliens et organisations palestiniennes.
(…)
[Il est] l’auteur de Programmer le désastre, la politique israélienne à l’œuvre, livre paru aux éditions La Fabrique et dans lequel il se livre à un « démontage en règle des mystifications sur le Proche-Orient, fabriquées et / ou entretenues par les médias internationaux«
Dans Politis le 8 janvier, Bernard Langlois replaçait ces bombardements israéliens dans la logique de l’après 11 septembre et de la doctrine néo-conservatrice, écrivant notamment : « Les zélotes d’Israël, là-bas ou ici, ne cessent de nous le rappeler : la vaillante armée de l’État hébreu ne se bat pas seulement pour sauver la patrie en danger, elle est aussi la première ligne de défense de l’Occident et de ses valeurs contre le terrorisme et la barbarie. » Est-ce selon vous la meilleure grille d’analyse pour expliquer la conduite d’Israël ?
(Michael Warschawski:) Je suis entièrement d’accord avec analyse de Bernard Langlois : le cadre de la guerre israélienne est celui de la guerre globale contre les barbares (assimilés aujourd’hui a la civilisation musulmane) et son idéologie celle du choc des civilisations.
Puisque le Hamas n’est qu’un prétexte aux bombardements, quel est l’objectif réel de l’intervention ? Quelles issues et échéances voyez-vous à cette attaque ?
On a beau chercher dans les déclarations des dirigeants israéliens, on n’entend pas de réponse à la question : quel est l’objectif de la guerre ? En fait, il s’agit d’un mélange, fait de guerre punitive (vous avez choisi le Hamas, vous allez le payer), de volonté d’affaiblir au maximum le Hamas (tout en sachant que le succès sera limité), de tenter d’imposer le contrôle d’Abbas sur la Bande de Gaza (ce qui serait la fin définitive de ce qui lui reste de légitimité populaire) et du plus profond de l’inconscient, de punir l’ensemble des Palestiniens du seul fait qu’ils continuent à exister.
En 2005, vous avez expliqué « aimer Israël comme on aime l’enfant d’un viol ». En est-il toujours de même ?
Comme on aime son fils ou son frère qui est a la fois l’enfant d’un viol et un voyou brutal et extrêmement dangereux pour l’environnement et pour lui-même. Vient un moment ou il faut l’arrêter, le traduire devant les tribunaux et le punir.
Article complet: http://www.article11.info/spip/spip.php?article256.
Warschawski est partout en ce moment. Lisez « Carnage à Gaza« , paru sur http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article12577 .
On trouve un beau portrait de cet étonnant israélien d’origine strasbourgeoise, sous la plume de François Xavier.
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Mads Gilbert et Erik Fosse (Norvège)
Des médecins évoquent l’usage « d’un nouveau type d’arme » à Gaza
Des blessés d’un type nouveau – adultes et enfants dont les jambes ne sont plus que des trognons brûlés et sanguinolents – ont été montrés ces derniers jours par les télévisions arabes émettant de Gaza.
(…)
nous avons vu des victimes de ce que nous avons toutes les raisons de penser être le nouveau type d’armes, expérimenté par les militaires américains, connu sous l’acronyme DIME – pour Dense InertMetal Explosive« , ont déclaré les médecins. Petites boules de carbone contenant un alliage de tungstène, cobalt, nickel ou fer, elles ont un énorme pouvoir d’explosion, mais qui se dissipe à 10 mètres. « À deux mètres, le corps est coupé en deux; à 8 mètres, les jambes sont coupées, brûlées comme par des milliers de piqûres d’aiguilles. Nous n’avons pas vu les corps disséqués, mais nous avons vu beaucoup d’amputés. Il y a eu des cas semblables au Liban sud en 2006 et nous en avons vu à Gaza la même année, durant l’opération israélienne Pluie d’été. Des expériences sur des rats ont montré que ces particules qui restent dans le corps sont cancérigènes », ont-ils expliqué.
Je ne peux que recommander la lecture de cet article valant son pesant d’horreur et d’héroïsme.
Il illustre le complot des premiers de classe, acharné à faire avancer les industries de la mort.
De bons ou d’excellents élèves, encensés et applaudis par leurs profs, devenus ingénieurs ou scientifiques de haut niveau dans l’armement, mettent leurs talents, et tout leur coeur, à ces entreprises.
Il y a là comme un cuisant échec pour les formateurs, éducateurs, pédagogues…