Gaza: génocide, écocide, urbicide

Beit-Lahia, Gaza-Nord, au-dessus de la ville de Jabaliya, le 26 décembre 2023, jour 100 de la guerre israélienne. Photo Mohammed al-Hajjar**, MiddleEastEye.net

 

Bonjour!

 

C’est sous le titre « Écocide, urbicide, technologie : nouvelles leçons guerrières au Proche-Orient », que Stéphanie Dadour, historienne de l’architecture, livre sur AOC.media un article remarquable, où à propos de la destruction de Gaza elle tente d’atteindre « le lectorat qui ne semble pas concerné par la complexité d’une situation géopolitique trop lointaine, [pour] ne plus parler de la guerre comme d’une injustice trop souvent abstraite, mais aborder le sujet depuis l’actualité et les intérêts de l’Ouest: écologie, construction et technologie ».

Écologie-construction-technologie, une trilogie permettant de sortir des aspects géopolitiques qui peuvent nous sembler incompréhensibles ou sur lesquels nous n’avons aucun contrôle à l’échelle individuelle ou collective.

Hélas cependant, nous savons par ailleurs que les fascismes qui se développent un peu partout en Occident appliquent aux questions environnementales un déni naturaliste ou messianique religieux, et entendent engager une continuation ad libitum de l’artificialisation et de la destruction des territoires naturels, comme l’indique Stéphane Foucart du Monde dans son article « Tout semble en place pour une réinvention du fascisme autour de la question environnementale », que vous trouverez ici en ligne ou en PDF…

Mais revenons au texte de Stéphanie Dadour.
Au passage, le phosphore blanc, interdit sauf pour exercer une obstruction (?) sur l’ennemi, est l’agent orange d’Israël, l’agent orange américain ayant été un défoliant ravageur pour les végétaux, la vie animale et la santé humaine, répandu en masse sur les forêts vietnamiennes.
Et s’il se fait que les annonces publicitaires de l’immobilier israélien pour une reconstruction gentrifiée à Gaza m’ont toujours parues difficilement exécutables, elles apparaissent ici largement impossibles, et seraient donc une involontaire (ou pas) propagande non réalisable, un rêve vénéneux de colonisateur.

Rêve d'immobilier colonisateur
Image publiée en décembre 2023 par Harey Zahav, société spécialisée dans la construction de logements dans les colonies israéliennes, qui par la suite s’est défendue en parlant d’une « blague ». ©Capture d’écran Twitter/Harey Zahav – moustique.be

Nombreux sont les liens intéressants que nous donne Stéphanie Dadour, par exemple https://disclose.ngo/fr/article/livraisons-darmes-a-israel-11-ong-attaquent-la-france-en-justice, ou https://armees.com/israel-livraison-armes-france/.

Pour terminer, épinglons encore cet extrait, qui n’épuisera pas la richesse de l’article:

La militarisation de la technologie et son usage à des fins de violence revêtent un caractère dystopique, une « usine d’assassinat de masse » [ – article de Libération à lire ! ]. Deux épisodes récents, dignes d’un jeu vidéo, en témoignent et marquent particulièrement la population libanaise. En septembre dernier, bipeurs et talkies-walkies explosent en même temps lors d’une attaque à distance, dans plusieurs régions du pays, ciblant des membres du Hezbollah. Ces personnes n’étaient pas isolées et, bien au contraire, elles étaient affairées dans le quotidien, touchant ainsi bien plus que les présumées cibles. Plus de cinq mille appareils, achetés par le parti quelques mois auparavant, semblent avoir été piégés. Or, par définition, la notion de piège est interdite dans l’article 7 § 2 du Protocole II de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC).

Enfin, la délégation du pouvoir à l’intelligence artificielle atteint aussi un sommet nouveau en son genre : elle se manifeste à Gaza puis à Beyrouth lorsque des projets tels que Gospel et Lavender sont conjointement mis en action, l’un pour cibler les bâtiments, l’autre les êtres vivants. Ces robots se basent sur une combinaison de données pour générer un score déterminant la prise de décision, à savoir atteindre une « cible » ou pas. Décision machinale censée être validée par un être humain.

« Usine d’assassinat de masse »… Et voilà un rapprochement de plus avec une singularité de l’Holocauste nazi que l’on croyait unique à ce jour, la tuerie industrialisée.

 

**  Note: Mohammed A Alhajjar est un photojournaliste de la ville de Gaza. Il a travaillé pour de nombreux médias et agences comme Al-Araby, +972 Magazine (média israélien indépendant-donc-dissident à équipe juive et arabe, qui a débusqué l’usage de l’intelligence artificielle par les FDI, Forces de Défense d’Israël), The Electronic Intifada, Associated Press, middleeasteye.net, et d’autres.
Mohammed A Alhajjar a remporté de nombreux prix locaux et internationaux, et serait toujours vivant.

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