Un devoir citoyen : Soutenir Marie Gilow

Organigramme ocam.belgium.be

[Ce billet a aussi été mis en ligne sur le blog d’ATTAC Liège, aujourd’hui.]

 

Bonjour!

 

Ceci est une triste et absurde affaire, inquiétante peut-être.

Les faits

Marie Gilow, chercheuse, journaliste et activiste féministe franco-allemande, vivant et travaillant à Bruxelles, vient de se voir menacer par l’Office des Étrangers d’un retrait du droit de séjour et d’une interdiction d’entrée sur le territoire, après qu’en septembre un policier l’ait informé de son inscription dans la base de données de l’OCAM (Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace) au titre de « propagandiste de haine de niveau 2 »…

Qui est Marie Gilow

« Marie Gilow », nous dit la Rtbf, « habite et travaille en Belgique depuis 2013 et elle est titulaire d’un doctorat en sciences sociales et politiques et d’une maîtrise en urbanisme (ULB). Ses recherches portent sur la mobilité quotidienne, les études urbaines et le genre. Son mémoire portant sur la mobilité des femmes dans l’espace public a été récompensé par le prix de l’Université des Femmes en 2015. Elle a aussi collaboré avec certaines associations reconnues en Belgique, comme Garance ou Angela.D. Elle a par ailleurs été professeure invitée à l’ULB. »

« Marie Gilow est aussi spécialiste de la situation des femmes du Rojava, un territoire d’expérimentation démocratique kurde situé dans le nord-est de la Syrie. Ces femmes ont combattu l’Etat islamique et ont été particulièrement médiatisées en 2014 lors de la bataille de Kobanê. Marie Gilow a séjourné au Rojava en tant que journaliste en 2020. » (1)

Tout cela dans un excellent article très documenté, appartenant aux Grenades, le média de la RTBF « qui dégoupille l’actualité sous l’angle du genre », que du coup je découvre.

La Ligue des Droits Humains

La Ligue des Droits Humains, quant à elle, s’est saisie du cas de Marie, dont on peine à comprendre la haine (contre qui?) et la dangerosité (« pour la sécurité nationale »). La LDH a donc écrit une lettre ouverte, qui vaut la lecture, à la Ministre de l’asile et de la migration Anneleen Van Bossuyt, pour demander que la cible improbable du zèle sécuritaire national (? – voir plus bas) puisse rester en Belgique.

On peut, ou l’on doit, signer son soutien à cette demande. Et diffuser.

Il suffit d’écrire un courriel à Andreas Stathopoulos <andreas AT indekeuken.org>, avec la phrase « Je signe pour le soutien à la demande de la Ligue des Droits Humains en faveur de Marie Gilow », suivie de vos prénom, nom, et qualité ou ville.

Tenants et aboutissants

Mais comment l’OCAM en est-elle arrivée à prendre cette mesure ?

La seule réponse que les services ont donnée à l’avocat de Marie, Me Jan Fermon, est qu’un « service étranger homologue », comme dit sur l’illustration ci-dessus figurant sur le site de l’OCAM, est à l’origine du signalement.

Vu l’implication de Marie en faveur du Rojava, il s’agit très probablement des services turcs, d’un pays autoritaire qui fait face à une résistance armée du PKK kurde qu’il qualifie de terroriste, mais dont une décision de la Cour de Cassation, signale Jan Fermon dans l’article de la Rtbf, « a confirmé en 2020 qu’il s’agissait d’une guerre civile entre la population kurde et l’État turc, que c’étaient donc les lois de la guerre qui devaient s’appliquer, et non les lois anti-terroristes ». Erdogan associe les Kurdes de Syrie (Rojava) aux Kurdes de son pays, les désigne comme terroristes les uns et les autres, et, frontière ou pas, ne se prive pas de bombarder en ce moment, encore et à nouveau, le Kurdistan syrien autonome. Un autre scandale peu repris par les médias.

Des questions se posent. L’OCAM reprend-t-il sans filtre les signalements des services turcs, en est-il un idiot utile, la sécurité du territoire est-elle soumise à des chantages géopolitiques ?
Il faut savoir que l’Union Européenne finance pour 9 milliards la présence en Turquie de quatre millions de réfugiés, que cette dernière a parfois menacé de laisser sortir du pays, vers l’Europe.

Il faut signer et diffuser la lettre ouverte de la Ligue des Droits Humains, et ne pas laisser le silence recouvrir cette triste et absurde affaire.

.

 

  1. (Ce territoire syrien est par coïncidence le sujet de mon récent En Syrie, ce Rojava trop méconnu , du []

4 réflexions au sujet de « Un devoir citoyen : Soutenir Marie Gilow »

  • 22 mai 2025 à 14h06
    Permalink

    Info des organisateurs de la pétition en faveur de Marie Gilow:

    ———————
    Le 22-05-25 à 10:09, En Belgique aussi via … en Belgique aussi! a écrit :

    Chers et chères signataires de la lettre ouverte,
    Chers soutiens,

    Après quelques semaines, nous revenons vers vous avec quelques nouvelles :

    Sarah Schlitz, députée fédérale, a posé une question parlementaire au ministre de la sécurité et de l’intérieur Bernard Quintin au sujet de la menace d’expulsion de Marie Gilow. Sa question portait plus précisément sur les possibilités de recours suite à un signalement auprès de l’OCAM et sur les collaborations entre l’OCAM et les services de renseignement étrangers. Nous vous envoyons ci-joint les réponses du ministre, qui – sans surprise – n’apportent pas d’éléments nouveaux au dossier (le ministre invoque des « services d’appui » de l’OCAM qui évalueraient les informations provenant de services étrangers, et renvoie vers les comités permanents qui suivraient de près les activités de l’OCAM).

    Les questions sont nombreuses quant aux conséquences de la dissolution du PKK pour les politiques répressives envers le mouvement kurde en Europe puisque celles-ci reposent essentiellement sur la criminalisation du PKK en tant qu' »organisation terroriste ». Alors que le PKK a proclamé sa dissolution et annoncé la fin de sa lutte armée lors de son dernier congrès tenu du 5 au 7 mai, en Allemagne le 20 mai, l’homme politique et militant kurde Yüksel Koç a été arrêté sous l’accusation d’appartenance au PKK. Koç est membre du comité directeur du KCDK-E (Congrès des communautés démocratiques du Kurdistan en Europe) et une figure centrale de la politique kurde en exil. C’est ainsi, dirait-on, que l’Allemagne accueille les appels à la paix et à la démocratisation de la Turquie émanant du mouvement kurde.

    Une bonne nouvelle pour changer: la jeune ressortissante turque Esila Ayik [ Rtbf ], étudiante à l’académie des Beaux Arts de Gand (KASK), avait été interpellée lors d’une manifestation à Istanbul dans la nuit du 8 au 9 avril pour avoir tenu une pancarte qualifiant le président turc Recep Tayyip Erdogan de « dictateur ». Accusée d' »insulte au président », elle encourait jusqu’à quatre ans et huit mois de prison. Après de nombreuses protestations en Belgique, la jeune femme a été libérée jeudi dernier, sur décision d’un juge turc. Elle est rentrée en Belgique lundi. Des milliers de prisonniers et prisonnières politiques restent cependant incarcéré·es en Turquie et le combat pour la démocratisation du pays se poursuit.

    Quant à la situation de Marie Gilow, nous sommes toujours en attente. Les courriers adressés au ministre de l’Intérieur, à la ministre de la Justice et à l’Office des étrangers par son avocat Me Jan Fermon n’ont toujours pas reçu d’autre réponse que celle expliquant que l’administration avait besoin de plus de temps pour traiter la question. En attendant, même si elle figure toujours injustement sur la liste de l’OCAM, le harcèlement policier subi par Marie semble s’être arrêté, du moins pour ce qui est des visites régulières à son domicile. Espérons que cela soit indicateur de la future évolution de l’attitude des autorités belges. Affaire à suivre, bien sûr.

    Nous ne manquerons pas de vous tenir informé·es.
    Jin, Jîyan, Azadî… en Belgique aussi!

    P.S. : N’hésitez pas à partager cette infomail avec toute personne intéressée, il est possible d’être rajouté au mailinglist à tout moment:
    En Belgique aussi via … en Belgique aussi! jin-jiyan-azadi@lists.collectifs.net

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  • 5 avril 2025 à 18h35
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    Par la présente, je soutiens Marie Gilow.

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    • 8 avril 2025 à 11h18
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      Essayons de ne pas confondre résistance et terrorisme. S’il vous plait

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      • 8 avril 2025 à 12h00
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        Ah. Et que fête la France le 14 juillet, la Belgique le 21, ou les États-Unis le 4 ?
        En novembre 1967, soit cinq mois après la victoire israélienne à la guerre dite des six jours, Charles de Gaulle a prononcé: « Israël choisit l’occupation, qui produira des protestations, qui seront réprimées et qu’il appellera terroristes. »

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