Abdullah Öcalan appelle le PKK turc à déposer les armes

geocurrents.info

 

Bonjour!

 

Abdullah Öcalan, dit aussi « Apo » par ses amis, est emprisonné sur une île inhabitée de la mer de Marmara, depuis son enlèvement en 1999 au Kenya par les services secrets américains, israéliens et grecs, et à l’isolement depuis plus de quatre ans. Fondateur et dirigeant du PKK (turc), ou Parti des travailleurs du Kurdistan, il a créé l’événement en demandant ce 27 février à son mouvement de déposer les armes et de s’auto-dissoudre, le décision étant à prendre en Congrès, et sous certaines conditions à remplir par l’État turc. Il n’est pas improbable que ce dernier n’essaye un coup tordu, mais a contrario, des observateurs pensent qu’Erdogan a de très sérieuses difficultés intérieures tant politiques qu’économiques.
Cet appel a été rendu public après de longues tractations d’Öcallan avec des députés du parti turc pro-kurde DEM, et le très extrémiste bras droit d’Erdogan, Devlet Bahçeli, sinistre personnage déjà cité par Condroz belge.

La suite va sans doute se jouer sur un fil, mais nous pouvons penser que dans l’ensemble les Kurdes de Turquie vont se débrouiller au mieux dans ce nouveau cours: ils ne font que ça depuis des décennies. Quant aux Kurdes syriens du Rojava ou Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), dont le modèle sociétal et politique a été inspiré par Öcalan lui-même, ils ne sont pas concernés par cet appel, dont le texte peut être consulté sur https://ocalanvigil.net/fr/.

Öcalan se réclame de Murray Bookchin (avec qui il a correspondu), André Gunder Frank, Immanuel Wallerstein et Fernand Braudel (1902-1985), après avoir été marxiste-léniniste.

Voici quelques extraits de la page https://ocalanvigil.net/fr/penseur-pour-un-monde-meilleur/ :

En prison, [Abdullah Öcalan] s’est consacré à un nouveau développement profond de ses idées qui équivaut à une réévaluation majeure de vérités sociales et historiques essentielles. Ses hevals [camarades, en kurde] n’ont pas eu l’occasion de débattre avec lui de ses nouvelles idées, mais ils ont participé très activement à leur développement pour en faire la force vitale d’une révolution sociale et politique vécue.

(…)

« Pour moi », a écrit Öcalan, « la prison d’İmralı est devenue un véritable champ de bataille pour la réalité en ce qui concerne la compréhension du phénomène des Kurdes et de la question kurde, ainsi que la construction de possibilités de solution… À l’extérieur, il m’aurait été très difficile de développer les idées relatives à la philosophie politique que j’ai exprimées de manière plus étendue et concrète dans cette défense » .

(…)

Cette nouvelle philosophie politique est née de l’engagement dans la question kurde, mais sa pertinence est universelle. L’élément central de la nouvelle pensée d’Öcalan est la résistance à l’organisation et aux structures sociales hiérarchiques, y compris le patriarcat et l’État, et l’accent mis sur le rajeunissement des formes communautaires d’organisation et d’existence, où la société humaine est comprise comme un continuum du monde naturel. Dans cette conception fondamentalement humaniste, Öcalan veut libérer les réseaux de soutien mutuel qui forment l’essence de la société humaine de la camisole de force imposée par la « civilisation ». Le carcan actuel est ce qu’Öcalan appelle la « modernité capitaliste », et il veut le remplacer par, pour reprendre son expression, la « civilisation démocratique ».

Il y a un livre à écrire: Du bon usage de la prison – Antonio Gramsci, Abdullah Öcalan et quelques autres.

Voir par ailleurs un entretien de la journaliste Rachida El Azzouzi avec Nesrîn Abdullah, commandante en chef des YPJ, l’armée des femmes au Rojava, dans Mediapart  (PDF joint). Le patriarcat est réellement et concrètement combattu au Rojava, ainsi que l’étatisme et l’État-nation.
C’est bref, et c’est à lire.

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