Sylvie Laurent, historienne et américaniste aux propos « clairement à gauche »

La Contre-révolution californienne, mai 2025.
9 mai 2025, 72 pp. Poche 5,50 €, epub 3,99€.

 

Bonjour !

Ce n’est pas tous les jours que l’on découvre une chercheuse qui renouvelle notre horizon.

Si vous avez une fibre petite ou grande d’anti-impérialisme, de féminisme, d’anticolonialisme, de marxisme, d’anarchisme ou d’antifascisme, si l’extractivisme, le croissantisme ou le patriarcat vous font problème, voyez cette historienne et américaniste française, Sylvie Laurent, à qui hors-serie.net ouvre la porte pour un bel entretien.

Observatrice des États-Unis, elle démonte une série d’idées reçues et bien implantées, ce qui est toujours un régal pour la conscience des humains non augmentés.

Le plus important peut-être, est le mythe contemporain du « pauvre petit Blanc » dépossédé culturellement et économiquement, qu’elle analyse comme un discours idéologique au service d’une domination blanche en crise dans le contexte américain, occidental et global, actuel. (Pauvre petit Blanc : le mythe de la dépossession raciale, 2020 – gratuit en PDF sur le site bnfa.fr)

Ou le mythe de la Silicon Valley en tant qu’utopie libertaire, progressiste et portée par une culture d’innovation radicale : non, il s’agit bien, dès ses origines dans les années 1960, d’un projet politique néolibéral et réactionnaire, incarné notamment par Ronald Reagan, visant à restaurer des hiérarchies sociales et à refuser les régulations progressistes de l’État social de Roosevelt, en y associant un imaginaire d’entrepreneurs isolés, héroïques et autonomes, qui ignore la dimension collective et sociale de leurs réussites. On s’en doutait, non ? Ce mythe est la cible du récent Libelle paru au Seuil, La Contre-révolution californienne, de mai 2025.

Elle met l’accent sur les rapports entre le capital et la race, qu’elle écrit sans guillemets, car si la race est bien une construction sociale, à ce titre elle est une réalité. « Chacun peut comprendre – pour citer un militant américain – ‘que la race n’existe pas mais qu’elle tue’ ». Pour elle, le racisme n’est pas extérieur ou secondaire au capitalisme, mais en est bien consubstantiel. (Capital et race : Histoire d’une hydre moderne, 2024)

Ainsi, un point aveugle ou « impensé » de l’universalisme à la française, est-il la blanchité comme déterminant de la condition sociale (De quelle couleur sont les Blancs ? , 2013). – Comme dit la publicité : ça fait mouche, mon pignouf.

Et donc :

Je ne me prive pas (…) de dire que telle structure est raciste, ou problématique, ce qui me vaut à chaque apparition sur France Inter ou Mediapart les attaques du Figaro, Marianne, le JDD ou Français de souche. J’ai bien conscience que si je n’étais pas enseignante-chercheuse à Sciences Po, ayant fait Harvard et vivant à Paris, ou simplement que si je m’appelais, comme ma collègue, Maboula Soumahoro, je ne serais pas invitée aux matinales pour parler des États-Unis.

S’agissant des universités américaines face aux offensives de l’administration Trump, elle décrit une déroute en rase campagne aussi bien de Columbia que de Harvard, qui cependant résiste, mais uniquement, sur le maintien de ses étudiants étrangers :

Au final, cette crise des universités américaines révèle surtout la dépendance de ces structures d’enseignement privés qui dépendent de l’argent du contribuable américain pour survivre, malgré les dotations boursières extraordinaires qu’elles engrangent.

Elle parle aussi de « la période de réaction généralisée qui, depuis la fin du Covid s’est emparée de l’Occident, et singulièrement des États-Unis » :

Le progressisme (partage des droits et des richesses, égale dignité, critique du croissancisme et de l’extractivisme…) est désormais présenté comme une entrave à la liberté individuelle : celle de consommer, d’accumuler, de posséder et de dominer.

Et bien d’autres choses dans cet entretien dont je répète le lien, À la rencontre de… Sylvie Laurent, où vous découvrirez une abondante et roborative matière, dont des auteurs et autrices de référence.

* * *

En post-scriptum, ces courtes lectures:

  • « La Contre-révolution californienne. Un extrait du livre de Sylvie Laurent. » (contretemps.eu)
  • Lire le commentaire d’un lecteur, comparant la collection Libelles du Seuil, aux Tracts de Gallimard, et deux autres extraits du livre, le premier sur la philosophe ultra-réactionnaire Ayn Rand, le deuxième sur une révolte des ouvriers de l’usine Tesla à Fremont.

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