Bonjour!
Un énième PUM, Plan urbain de mobilité, a été finalisé par des sociétés de conseil privées grandes habituées des contrats avec la Région wallonne, pour l’agglomération liégeoise, fin 2018, et cette année les pouvoirs municipaux l’ont avalisé. Ce sont quelques milliards engagés pour cinq ans, alors que, comme chacun peut le constater, la mobilité à Liège est pire que jamais. Le PUM, ça ne roule pas, ça ne court pas, ça ne marche pas.
(Petite anecdote: la présentation de ce « plan » commençait par une perspective dramatique et dramatisée de la croissance attendue du trafic des camions dans et autour de Liège, une croissance double de celle du trafic des automobiles. Mais le PUM ne traite pas des camions, au point que j’ai pu demander si ce plan signifiait « Touche pas à mon camion« , et sans compter que depuis lors l’implantation du chinois Alibaba à l’aéroport de Bierset vient de s’ajouter au tableau.)
Or il y a conceptuellement une façon très simple de financer la gratuité des TEC, Transports En Commun en Région wallonne: exercer une pression populaire en faveur de la mesure et dire aux experts et aux élus, qui se tiennent par la barbichette: « Vous post-posez, au choix, ce qu’il faut dans le PUM, et avec ce budget vous financez la gratuité des TEC. » Parce qu’évidemment en cette matière, à la différence des échanges proprement humains, non marchands, la gratuité des bus, ça coûte. C’est exactement ce qu’a fait Dunkerque en annulant quelques projets, pour financer depuis septembre 2018 la gratuité des bus: « Notre choix budgétaire a été d’abandonner d’autres projets, comme la construction d’une salle Arena, et les impôts n’ont pas augmenté. » (Reporterre.net: « Les transports en commun gratuits, ça roule !« )
Malheureusement, ni le PTB, ni le petit poucet Vega, qui avaient dans leur programme aux élections communales d’octobre 2018 la gratuité des TEC (Vega dans une acrobatie comptable vétilleuse proposant des abonnements à 1 euro par mois), ne se sont emparés de l’enquête publique de plus de deux mois pour agiter l’opinion dans le sens ici suggéré. La proposition électoraliste de Vega peut à bon droit être qualifiée de comptable et de vétilleuse car elle propose un financement technocratique (datant par ailleurs de 2012 et non actualisé) visant à un équilibre « toutes autres choses égales par ailleurs », sans réel engagement de la ville de Liège ou d’aucun pouvoir public, alors que par définition cette gratuité proposée est déjà en soi un changement qui ne peut être isolé, …un détail sans doute. Condroz belge ne dispose pas d’éléments expliquant le mutisme ou l’abstention du PTB face à cette fenêtre d’opportunité. Mais une raison d’espérer est que si le PTB s’énerve un jour sur cette question, sa puissance médiatique, électorale et sur le terrain pourrait lui permettre de se rattraper avec succès.
La conviction de Condroz belge est celle-ci: ceux qui décideront d’agir sur l’opinion en faveur de la gratuité des transports en commun en agglomération liégeoise, par tracts, affiches, pétitions, conférences, réunions publiques, rassembleront aisément des milliers de soutiens, et le jour où deux mille personnes manifesteront sous les murs du conseil communal (avec inévitablement quelques relais à l’intérieur), les choses, les « lignes » disent-ils, ne pourront que bouger, et les finasseries des experts en vase clos exploseront. J’ai participé à la campagne électorale de Vega et en rue cette mesure recueillait une approbation tout simplement immense, ce qui se comprend aisément. La souffrance sociale est énorme aujourd’hui, tous les acteurs de terrain le savent et les médias l’ignorent. Si nous en restons à la politique d’État, celle qui donne au citoyen un bulletin de vote tous les lustres, l’aventure climatique et le chaos social nous rappelleront que l’Histoire ne connaît pas le temps des législatures.
Un autre exemple français de gratuité des transports en commun est donné par l’article de Reporterre.net cité ci-dessus: Aubagne, située à vingt kilomètres à l’est de Marseille. Dans cette ville, la gratuité est assurée depuis dix ans. Les effets sur l’abandon d’autres moyens de transports individuels et polluants sont patents. Et l’aspect positif contre les inégalités est évident, au point que la mise en danger de la mesure par un projet « métropolitain » est qualifiée, même par des élus de droite, de « catastrophe ».
Résumons: la gratuité des transports en commun est une parfaite mesure de « justice climatique », cette exigence aujourd’hui tellement répétée, et il y a de quoi. Cette gratuité allie des effets de justice sociale et une réponse à l’urgence environnementale. …Que veut le peuple?
En attendant, chaque jour les automobilistes, souvent contraints, peinent à entrer dans Liège, peinent à y circuler, et connaissent l’enfer pour en sortir. Une arriération, disions-nous.