Les femmes au Rojava

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Bonjour!

 

Ci-dessous et ci-dessus un reportage Arte, à voir.

Je ne sais pas si vous avez une idée de la constitution (2014), des institutions et de la pratique politique au Rojava, officiellement Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES).

C’est un ovni politique unique au monde. Nulle part les femmes n’ont le pouvoir, ne parlons pas de « représentation », qu’elles ont au Rojava.
Nulle part au monde les minorités, pareil.
Partout une co-direction homme-femme et kurdes-autres minorités.

Bien qu’étant la minorité la plus nombreuse de ce territoire, les Kurdes ne sont que 30 % de la population. Ce sont eux qui ont impulsé cette administration autonome, dite du municipalisme ou fédéralisme démocratique, en rien sécessionniste, qui se veut appartenir au peuple syrien. C’est le le fondateur et dirigeant du PKK turc (Parti des travailleurs du Kurdistan), Abdullah Öcalan (« Apo » ou « Oncle » pour les Kurdes), d’abord marxiste-léniniste, qui dans sa prison turque depuis 1999 a lu et correspondu avec des théoriciens étrangers, en particulier avec Murray Bookchin, et proposé un modèle qui s’est concrétisé parmi les Kurdes de Syrie.

Le Rojava est démocratique (passablement anti-capitaliste, à vérifier), « féministe » à défaut d’un terme moins occidental, écologiste, et à l’opposé du modèle de l’État-nation dont on a fini un peu partout par constater les limites, les dérives et les exactions.

Les Kurdes sont 40 millions, principalement en Iran, Turquie, Irak et Syrie, et en diaspora, et n’ont jamais reçu l’État que leur avait promis la Société des Nations dans les années 1920 après la chute de l’empire ottoman, où le Kurdistan était peu ou prou une province. Une anomalie, sinon un scandale, unique sur la planète.
On compte deux millions de Kurdes en Syrie, soit 10 % de la population, chiffres approximatifs.

L’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie s’est développée à partir de la révolution populaire du type Printemps arabe en Syrie 2011-2012, et a fourni les seules combattants et combattantes au sol contre l’État islamique, la coalition dirigée par les Américains, et parfois les Russes, s’étant essentiellement livrés à des opérations aériennes (ainsi la Belgique, avec 7 avions F-16). Cela valut au Rojava un soutien américain encore effectif aujourd’hui (on verra demain!) qu’ils n’ont jamais demandé – et selon moi leur vaut une suspicion d’ignorants dans certains cercles de gauche, qui ne veulent connaître qu’un seul ennemi, l’Oncle Sam.

Quoi qu’il en soit, le Rojava est  aujourd’hui assailli discrètement par la Turquie, et au grand jour par des groupes qu’elle finance (mal, ce qui les rend plus bandits qu’autre chose) dans la mouvance syrienne dite rebelle, regroupés sous l’étendard Armée « nationale » syrienne. Le Rojava joue sa survie une fois de plus. Le soutien logistique US et la présence d’un petit millier de forces spéciales de ce pays sont une protection relative et potentielle contre les tentations d’Erdogan, hanté par la haine des Kurdes. – Nous avons bien dit « État-nation ».

Un autre point en faveur du Rojava dans les rapports de force régionaux dont il est à la fois le fruit improbable quoique nécessaire, et une entité en péril, est qu’il abrite les prisons où sont retenus 10.000, 12.000 selon certaines sources, combattants de l’État islamique, y compris femmes et enfants, dont de nombreux ressortissants d’autres pays. Si le Rojava s’écroulait, ou si le financement de ces prisons, américain notamment, se tarissait, quelques milliers de chiens fous (pardon les chiens) d’un dieu fantasmé, se lanceraient sur les routes du monde et ranimeraient les cellules dormantes qui existent plus que probablement dans la région désertique de la Syrie mais aussi ailleurs.
Le Rojava demande que chaque pays rapatrie et juge ses djihadistes nationaux, ou que la « communauté » internationale organise un Tribunal pénal international. L’Occident et les autres (Chine pour des combattants Ouïghours et même Taï
wan, Afrique y compris pays arabes, …) se taisent dans toutes les langues.

Ici un intéressant reportage récent d’Arte. 25 minutes. À voir, disais-je.

« Syrie : les femmes sur tous les fronts« 

 

PS: je deviens loquace sur le Rojava, présent depuis quelques années sur ce blog, au moins 2017.

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