
Le prisme colonial
Plus que pour d’autres questions peut-être, la résonance historique du drame qui se joue à Gaza ne paraît pas séparable de ce qu’il agite et révèle, dans le champ des affiliations multiples propre aux consciences d’où qu’elles soient.
Examiner « d’où l’on parle » est un critère pertinent pour juger de tout discours, opinion ou analyse : l’hégémonie culturelle dans laquelle le locuteur s’inscrit, en accord ou en dissidence variable, la position de classe et ses intérêts, la lignée philosophique ou religieuse, les marques de l’Histoire locale, nationale, voire continentale, les aléas de l’histoire personnelle…
L’ahurissante et actuelle colonisation de la Palestine par Israël (Plus jamais ça !, disait-on), génocidaire comme le furent nombre de colonisations du passé, exercée par ce pays « en direct » à notre époque connectée, réactive brutalement l’histoire coloniale mondiale, souvent génocidaire elle aussi et toujours active mentalement et économiquement, telle que l’Occident aime à se la raconter entre euphémisation, banalisation, déni, ignorance cultivée.