Bonjour!
La Belgique francophone avait déjà inventé le socialisme royaliste, par peur que la Flandre ne lâche le pays, qui est un royaume. Les socialistes, parti dominant l’électorat francophone, ont estimé à haute analyse que le roi serait un garant de l’unité du pays et que protégeant la royauté, on protégerait la Wallonie. Car cette dernière, en recherche d’une reconversion, aurait à craindre d’une éventuelle perte de la contribution aux budgets nationaux d’une Flandre récemment enrichie. Alors qu’au référendum dit de la question royale, en 1951, les francophones à majorité socialiste et libérale auraient volontiers liquidé la royauté, cette dernière fut sauvée par la Flandre, à l’époque encore rurale et déjà conservatrice. Précisons qu’il s’agit ici de l’unité géographique et administrative, car pour ce qui est de l’unité des patrons et des syndicats, celle-ci est nouée depuis longtemps, s’agissant des élites syndicales plus que de la base, bien entendu. Les syndicalistes socialistes médiatisés ne cessent de pleurer pour que vive la « concertation sociale », une musique, on ne sait trop pourquoi, si douce à leurs oreilles.
Après la baisse des ventes qui a suivi la fin du communisme en Europe, le mur de Berlin tombant en novembre 1989, et la fin de la guerre froide, le marché mondial de l’armement est aujourd’hui à nouveau au plus haut.
Dans le monde entier, 2015 a été une année record. La Wallonie a une tradition armurière de plusieurs siècles, au point que les deux seules écoles techniques d’armurerie au monde, centrées sur les armes de chasse et de poing, et les métiers annexes comme la gravure décorative, se trouvent à Vienne et à Liège. Cette dernière ayant connu à la révolution industrielle un large développement des mines de charbon et de la sidérurgie, et son université comme d’autres en Belgique un large développement des facultés de sciences appliquées, la Fabrique Nationale d’Armes de Guerre, née à Herstal en banlieue liégeoise à la faveur des commandes massives d’équipement pour l’armée du nouvel État belge de 1830, a connu plus d’un siècle de prospérité, quasiment sans nuages.
Les succès de cette Fabrique ont fait de la Belgique, au milieu du XXe siècle, le premier exportateur mondial d’armes de poing, produisant notamment le pistolet Browning. Après la seconde guerre mondiale, l’entreprise connut des hauts et des bas. Des conflits sociaux historiques, comme la grève victorieuse des « femmes-machines », d’une durée de douze semaines en 1966, avec, pour la première fois au monde, la revendication d’un salaire égal pour un travail égal entre hommes et femmes, ce qui n’était du reste rien d’autre que demander l’application d’une disposition du traité de Rome de 1957, instituant le Marché commun, ancêtre de l’«Union» Européenne. (Christiane Taubira sera prochainement à Liège pour les 50 ans de ce mouvement.) Une tentative de diversification dans les articles de sport fit long feu. Des faillites ou risques de faillite récurrents se soldèrent par une reprise à cent pour cent par les pouvoirs publics, en l’occurrence la Région wallonne, propriétaire toujours bien rémunérée aujourd’hui. Au final, l’entreprise, rebaptisée par souci du bien-dire Fabrique Nationale, ou FN, se maintient dans le top mondial des fabricants de mort à vue et à hauteur d’homme: pistolets, pistolets-mitrailleurs, fusils et mitrailleuses. Sur son site en anglais – voir tout en bas – et à l’usage du monde, la firme se présente cependant comme « FN Herstal » , car le nom de son siège historique est connu dans le monde entier comme un gage de qualité.
Les forces spéciales US sont équipées d’un fusil FN. Une méthode d’assassinat en tout point supérieure, technique et moderne, bien plus morale que l’égorgement au couteau.
Les raidissements répressifs de la monarchie wahhabite en ce début d’année, avec 47 exécutions succédant de peu à la peine de 1.000 coups de fouets infligée au blogueur Raif Badawi, ont provoqué quelques remous sur la scène médiatique et politique. Ce qui est beau avec la monarchie greffée sur un régime à prétention démocratique, c’est que le parlement peut s’indigner et condamner unanimement, en paroles, l’Arabie, tandis que le roi « des Belges » (c’est ainsi qu’ça s’dit ici !) s’est rendu aux funérailles du roi Abdullah bin Abdul Aziz Al Saud, dans la continuation de la participation d’un membre de la famille royale belge à toute mission de prospection économique à l’étranger. (Le roi saoudien et le blogueur saoudien ont été réunis ici dans Condroz belge.)
La Fabrique Nationale d’Armes de Guerre, qui comptait encore 10.000 travailleurs dans les années 1970, en occupe aujourd’hui environ 1.500.
En 1983, elle a cédé sa division FN Moteurs (+- 4.500 emplois) à la Snecma. Devenue Techspace Aero, cette société compte aujourd’hui 1.100 emplois.
De 10.000 en 1980 on est donc passé à moins de 2.600 aujourd’hui.
À ma connaissance, un seul syndicaliste (socialiste) a jamais dit aux ouvriers d’Herstal, tout en les défendant dans leur conflit, qu’ils devraient un jour réfléchir au fait qu’ils fabriquent des armes destinées à tuer des êtres humains: Jacques Yerna. Il a été hué. Bravo le peuple. Il était une conscience comme il y en a très peu, et, à la différence de ses confrères si nombreux à faire la danse du ventre devant les politiques pour des honneurs et des sinécures, il a toujours refusé les avances du parti socialiste et de tout autre.
Une autre firme liégeoise s’illustre dans les merveilleuses activités de la mort légale, dites de défense: CMI, Cockerill Mechanical Industries devenu en 2004 Cockerill Maintenance & Ingénierie, leader mondial de la tourelle de char. Elle a reçu en 2015 une commande de 4,5 milliards, pour livrer en sept ans « des tourelles de blindés, moyen et gros calibre, à l’armée saoudienne (…) cette commande est capitale: elle consacre la montée en puissance de la branche militaire de la société CMI. Depuis quelques mois, discrètement, elle a fait entrer dans son conseil d’administration l’ancien ministre belge de la Défense Jean-Pol Poncelet ; et surtout l’ancien ministre français de la Défense, Gérard Longuet, personnage au passé sulfureux, meneur, dans sa jeunesse d’un groupuscule d’extrême-droite dissous pour atteinte à la sureté de l’Etat, mais dont le carnet d’adresses vient vraisemblablement de démontrer toute son utilité… » (Rtbf). Méthodes connues universellement sur la planète de la concurrence libre et non faussée.
Ces tourelles sur-blindées sont plutôt aveugles, et le tankiste à l’intérieur est dans un espace tapissé d’écrans. Il ‘voit’ à 360 degrés, grâce à une ou des caméras, bientôt verra-t-il sans doute même sous le ventre de son engin, et c’en sera fini d’exploser et d’écrabouiller de la matière humaine en aveugle. La conscience avance, et les djihadistes sont vraiment de sinistres amateurs. On comprend qu’un jeune ingénieur de talent qui mène ses enfants à l’école le matin et les embrasse le soir pour la nuit, mette tout son coeur le jour à perfectionner ces bijoux de la réalisation humaniste et responsable, comme tous ses collègues de la FN et du secteur. C’est lui qui s’est acharné à faire du fusil SCAR de la FN un truc capable de ‘blesser mortellement‘ (sa pub) à 1.000 mètres de distance. Consécration: ce fusil équipe les forces spéciales étasuniennes, comme dit plus haut. Encore une victoire de l’éducation.
Je ne vois qu’un chemin de progrès pour la politique extérieure des démocraties: abandonner le mercantilisme à tout va.
C’est dans l’immédiat trop leur demander.
Ce chemin est éminemment politique, ne peut être confié au marché, et c’est une affaire trop sérieuse pour les politiciens professionnels de la représentation. (Théâtrale?)
La Wallonie, dont la population était de 3.860.000 habitants cette année-là, a exporté en 2015 pour 1,8 milliards d’euros d’armement à l’étranger. C’est un chiffre certain, c’est à dire sous-estimé, et personne ne sait de combien, sauf peut-être un bureau patronal ou l’autre. Précisons que les fusils SCAR comme toutes les armes achetées par les officines des USA, doivent être produites, c’est une loi, sur le territoire de ce ce beau pays. La FN a donc une filiale chez l’oncle Sam, dont la production n’est pas comptabilisée dans les exportations wallonnes.
Comparons avec la France, pays dont nous savons désormais, grâce à la parfaite continuité Sarkozy-Hollande, que les présidents n’y gouvernent pas, mais bien les banques et le complexe militaro-industriel.
En décembre, l’inénarrable Manuel Valls est allé écrire une ligne de son CV en Arabie, à l’occasion de la signature de contrats portant sur dix milliards d’euros d’achats militaires divers par Ryad à l’industrie française. Pour la première fois en 2015, la France, qui acquiert pour 10 à 15 milliards de matériel militaire par an, en a vendu plus qu’elle n’en achète.
La population française étant de 66.381.000 personnes en 2015, les ventes wallonnes mises au niveau démographique français représenteraient 60,95 milliards d’euros.
Rapportées à la population des USA, qui faisait en 2015, 300.418.820 personnes (presque 78 fois plus), pays qui exporte de 60 à 80 milliards de dollars d’armement par an, les ventes d’armement wallonnes s’élèveraient à 140 milliards d’euros, soit plus de 157 milliards de dollars.
Quatre fois le chiffre français par habitant et deux fois le chiffre étasunien… c’est Wallonia for ever et Wallonia über alles. On le voit, comme Paul Magnette l’a déclaré publiquement: « la Wallonie n’est qu’un tout petit vendeur. »
Mon voisin, qui est un type simple, bon comme le pain et franc de collier, me dit, sans être prof de science politique ni président et sans que je sache à qui il s’adresse: Crapule ! – à moins que ce ne soit: Crapules ! [26/2: deux jours plus tard, je lis sous la signature de Claude Semal que lui aussi parle de crapules. C’est dans Imagine – demain le monde, mars-avril 2016, page 90.]
C’est un gros mot, je ne le répète pas.
*
Que veut donc le peuple, et que veut le socialisme?
Le peuple veut du pain et des roses, et le socialisme veut guider le peuple. Guider, c’est là que le bât blesse.
Le socialisme francophone, et belge en général, a toujours été in-fichu de construire une analyse clinique, c’est à dire matérialiste, et progressiste, c’est à dire écrite par les lapins et non par les chasseurs (une expression d’Howard Zinn dont je ne me lasse pas):
– ni de la question régionale et linguistique belge,
– ni de la royauté,
– ni du développement économique.
À défaut de ces analyses, inexistantes, le socialisme francophone, limitons-nous au nôtre et chacun fera son boulot, n’a rien à proposer, rien à défendre, aucun projet autonome ou robuste pour les classes populaires, pas un projet qui leur donnerait à la fois un horizon, et qui les soutiendrait dans le combat contre la propagande entrepreneuriale – sachant que dans cette hypothèse l’éducation serait réciproque [entre le bas et le haut].
Rien, c’est peu.
Le socialisme de gouvernement francophone a fait siennes les défenses aveugles du clocher, des régions et des sous-régions, et fait sien le discours des élites économiques, qui ne sont pas des ‘partenaires sociaux’, mais des adversaires ou des ennemis. Il a fait siens tous les modèles cheap de l’arrivisme marchand et de l’imaginaire bling bling. Les voitures avec chauffeur de ses éminences coûtent plus cher que la maison d’un salarié de base. Partageant les critères patronaux de gestion tous azimuts, ce socialisme des merveilles est sur la même longueur d’ondes que son grand frère le socialisme de gouvernement français, avec Manuel Valls tweetant victorieusement un message supprimé depuis lors, mais pérennisé par Serge Halimi dans Le Monde diplomatique: « France-Arabie saoudite : 10 milliards d’euros de contrats ! Le gouvernement mobilisé pour nos entreprises et l’emploi. » On croit rêver.
Lors de l’énervement pour partie citoyen et pour partie politicien sur les contrats de vente à l’Arabie C’est-Où-Dites, Paul Magnette, président de la région wallonne et ex-président du parti socialiste, a défendu, pareillement que Manu Valls les françaises, et même silence fait sur la cause des actionnaires, les exportations wallonnes d’armement. Il a pris argument de l’emploi, qui n’est pas nul, on est d’accord, et il a tiré un rideau de fumée à prétention géo-stratégique, parlant des « engagements internationaux de notre pays » . Le national, encore. Il a montré que s’il est prof de science politique, c’est surtout pour servir des platées de termes aussi creux que grandiloquents, et tenter de faire taire ses auditeurs sous l’avalanche d’une logorrhée dominatrice.
Un parti socialiste digne de ce nom ouvrirait le chantier de la conversion de l’industrie de l’armement.
Il ouvrirait le débat et poserait les questions humaines incontournables, et il prendrait le temps qu’il faut: cinq ans, dix ans, cinquante ans.
Et bien sûr, il persévérerait.
L’Europe est la plus grande concentration mondiale d’ouvriers qualifiés, d’ingénieurs, d’universités et d’histoire. Elle peut mieux faire. La Wallonie, à l’aune de ses résultats militarisants, n’a pas grand chose à redouter en terme de puissance innovatrice technique. L’une et l’autre vivent largement en-dessous de leurs possibilités civilisationnelles, et il y a longtemps qu’elles ne font plus rêver les jeunesses du monde, sauf pour le côté utilitariste et quelques restes de prospérité inégalement répartie. L’Europe et la Wallonie font encore moins rêver leurs propres jeunesses.
Au lieu de quoi, deux grands avions blancs sans marques extérieures, des Boeing inscrits sous le pavillon de complaisance costaricain de la compagnie Nature Air, vouée à des vols locaux du côté de San Jose avec sa flotte de huit petits avions de 19 passagers, font escale chaque jour à Bierset, entre les USA et Israël, et deux dans l’autre sens. Certains sont passés par Hampton** en Virginie, aéroport militaire US Air Force de la ville de Langley, qui est par ailleurs le siège de la CIA. L’aéroport de Hampton n’existe pas sur certains sites américains du trafic aérien mondial, comme flightradar24.com: il s’agit clairement d’une censure. De même la Région wallonne, qui autorise et régule ces vols, interdit aux élus et aux associations la consultation des registres de douane, lesquels sont pareillement muets pour d’autres liaisons quotidiennes, Bierset-Tel Aviv et retour, où se cache sans doute, c’est une hypothèse qui hurle, ce supplément de statistiques qui manque dans les chiffres officiels des ventes d’armement belge à l’étranger. Pour les distraits, je rappelle que dit rapidement, la Région wallonne, c’est le PS.
Bonne digestion !
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* Amérikain: il faut bien distinguer l’habitant du pays et l’habitant du continent.
** Hampton est une « communauté non incorporée » c’est à dire une zone de peuplement prise en compte par le recensement américain, ou Census-designated place, s’étendant sur une partie d’une commune ou sur plusieurs localités qui sont, elles, des zones administratives, dites « incorporées ». Les communautés non incorporées n’ont pas d’existence administrative en tant que telles, et correspondent en général à des aires significativement plus peuplées que leurs environs immédiats, comme certaines grandes bases militaires, qui sont loin d’en être l’exemple type. Elles peuvent disparaître ou apparaître d’un recensement à l’autre. (Voir Wikipedia FR) – Les communautés non incorporées existent aussi au Canada. Je donne ici cette précision un peu rebutante pour ceux qui comme moi iraient chercher des données sur l’aéroport de Hampton.
Nous lisons par ailleurs dans Military.com Base Guide (je souligne):
« Langley Air Force Base is the home of the United States Air Force’s 633d Air Base Wing (633 ABW), 1st Fighter Wing (1 FW) and the 480th Intelligence Surveillance and Reconnaissance Wing (480 ISRW). It also hosts the Global Cyberspace Integration Center field operating agency, the 192D Fighter Wing of the Virginia Air National Guard and Headquarters Air Combat Command (ACC). The base is one of the oldest facilities of the Air Force, having been established on 30 December 1916, prior to America’s entry to World War I by the Army Air Service » .
*** Crédit données chiffrées: Le Soir du 11 février 2016 et Le Monde. (Ou PDF.)
**** Les jolies photos sexy de la FN: http://www.fnherstal.com/index.php?id=622
PS:
Pour les attentions émues de Condroz belge envers FN Herstal, et sujets locaux associés, voir la catégorie Amour de l’armement en Belgique et en Wallonie mentionnée aussi en haut de cette page.
Excellent article! Grand merci.
Cher Guy,
Remarquable travail d’analyse et non moins courageuse prise de position. J’y adhère absolument. Question: verrais-tu un inconvénient à ce que je me charge de mettre ton texte sur « Face Book » ? où il serait lu par un nombre certainement pas négligeable de personne et, comme on dit, « partagé » par les uns et les autres et toucher un maximum de gens…
Merci Jean-Pierre. Je n’y vois aucun inconvénient. Veux-tu y mettre un lien vers mon billet?
Je trouve ça joli, le SCAR-H. On le fait en rose? Rose-socialiste, bien entendu!
Des Tchoukets… Il faut faire des Tchoukets à la FN… Comme ça, tout le monde sera d’accord et on pourra continuer à vendre des Tchoukets au Royaume de Lawrence (d’Arabie.)
[Ndt: « tchouket » est un mot wallon qui désigne le papier roulé en quatre ou huit, que les garnements replient sur un élastique, lui-même tendu entre le pouce et l’index, pour le tirer vers une cible à deux ou trois mètres, en général en douce et en anonyme, en classe ou à table.]
Généralement étaient essentiellement visées les jambes des filles… Mais ce n’était pas des Tchoukets que mes parents ramenaient de la Fn, c’était tous les jours des douilles, ma mère travaillant à la cartoucherie (mandaille), mon père étant ajusteur (un OS…) Ils savaient bien sûr parfaitement quel était leur rôle dans le circuit de la mort. Ma mère a été à la Fn à 18 ans parce qu’on y touchait quelques centimes de plus à l’heure que dans la boulangerie où elle travaillait déjà depuis quelques années. Mon père, après avoir fait les trois premières années à l’ipeT d’Herstal, s’est inscrit tout naturellement à l’Ecole Fn et y est entré définitivement également à 18 ans. C’est d’ailleurs par la Fn qu’ils se sont rencontrés et que je naquis quelque temps après entre les 7.65 et les fusils d’assaut. Voilà. Ce sont les armes de guerre qui m’ont nourri. Encore une chose : lors de la Guerre des 6 jours (6 jours, hihi), les délégations égyptienne et israélienne se sont succédées à un rythme endiablé. Du coup, fallait vite arracher les affichettes « EGYP » ou « ISR » sur les caisses de munitions, envoyer l’une dans une succursale dans le Limbourg pendant que l’autre visitait le site principal à Herstal. Sinon, mon vieux était de ces ouvriers manufacturiers, capable de faire des pièces dans le métal. A la maison, on avait un cendrier construit avec une tête de roquette ou approchant, de mortier ou que sais-je encore. C’était du brut, du millimétré, au micron. Ma mère, une de ces Femmes-Machines qui allaient foutre le bordel lors de la Grève des Femmes. Une ouvrière sans qualification, mais une spécialiste des Manuhrins…