Bonjour!
Voici un riche et dense entretien publié par Blast-info, avec Ilan Pappé, « nouvel historien » israélien et auteur de Le nettoyage ethnique en Palestine (1)
Ilan Pappé énonce trois mythes du narratif d’État israélien, dont l’étude historique démontre la fausseté:
1. Israël face aux Arabes et Palestiniens, c’est David et Goliath.
2. Le plus important à ses yeux: Les leaders arabes et palestiniens ont demandé aux Palestiniens de quitter leur terre, et c’est pour cette raison qu’ils sont devenus des réfugiés. Israël n’y a aucune responsabilité.
3. Israël veut la paix.
…
En Israël, l’enseignement dès le plus jeune âge, les médias, a fortiori la classe politique, répandent ces mythes en boucle. La jeune génération israélienne y est dans sa quasi totalité entièrement soumise, et elle n’a guère de sources pour s’en défaire. Le système éducatif en particulier est totalement aux ordres, et les voix dissidentes à l’université sont exclues et menacées.
Tandis qu’en Occident, les gouvernements n’ont cessé de s’aligner sur le récit officiel de Tel Aviv, jusqu’à dans certains pays, réprimer la critique: France, Allemagne, Etats-Unis, et autres. Notons que si ces pratiques sont acceptées comme relevant de « la » démocratie, il est plutôt cohérent de désigner Israël comme y appartenant…
Néanmoins, il y a heureusement en Israël et dans le monde, des Juifs anti-sionistes.
Génocide ?
Il n’y a plus un intellectuel sérieux, plus une ONG qui conteste les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité, dont l’apartheid qui relève de cette dernière selon les conventions internationales, dont est responsable Israël.
Et nombre d’entre eux n’attendent pas une éventuelle et future reconnaissance par la Cour Pénale internationale du génocide en cours pour le signifier, comme Ilan Pappé lui-même, Alain Gresh, Didier Fassin, Omer Bartov, Enzo Traverso, pour ne citer qu’eux.
La « gauche » en Israël
C’est par l’anti-sionisme, nous dit Ilan Pappé, qu’il faut redéfinir la gauche en Israël:
Avant, on pensait que la gauche sioniste était de gauche, mais ce n’est pas le cas.
C’est d’ailleurs ce que nous nous lisons dès la page 29 du Nettoyage ethnique en Palestine:
il semble que les sionistes socialistes aient vite substitué à leurs rêves universalistes le puissant attrait du nationalisme. L’objectif principal est alors devenu de rendre la Palestine non pas socialiste mais exclusivement juive, comme le montre un fait significatif : au sein du sionisme, c’est le mouvement ouvrier qui a conçu et mis en œuvre le nettoyage ethnique de la population locale.
…
Si vous avez lu jusqu’ici, il n’y a plus qu’à voir et écouter cette vidéo, riche et dense je le disais, dont ce petit commentaire est loin d’avoir relevé d’autres points que vous, comme moi du reste, vous trouverez notables.
Guy
- Juste ci-dessus.[↩]
Merci Guy, oui, nettoyage ethnique pour colonisation de peuplement (avec cette affirmation ubuesque du jeune Israélien ‘Les Palestiniens, c’est nous’ !),
évoqués dans l’édito et dans la recension du livre Capital et race du bulletin 119 d’ATTAC Liège…
En guise de premier post-scriptum:
Colonisation de peuplement est le bon concept concernant Israël. Ce fut le cas aussi de l’Amérique du Nord, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande… Elle est la pire quant au sort des populations natives, que le projet entend nier, tuer, éradiquer, ou à tout le moins réduire ou chasser.
Dans la colonisation d’exploitation (Amérique centrale et du Sud, Afrique, Indochine…), le tableau est cependant loin d’être idyllique. La population native faisant partie des « ressources » sera en partie préservée, car indispensable, mais dans des conditions souvent inhumaines et meurtrières. La colonisation d’exploitation du Congo par Léopold II a tout de même causé la mort de dix millions d’Africains selon Les fantômes du roi Léopold – Un holocauste oublié d’Adam Hochschild…