(Déposé ce jour sur le blog d’Henri Goldman sous le titre Un « sioniste » serait-il un banal patriote ?)
« Sionisme » a fini par devenir une insulte et je me demande si le mot a encore un sens.
Un sioniste serait-il un partisan inconditionnel de l’appropriation juive des terres palestiniennes et de l’expansionnisme de l’État d’Israël, ou un manipulateur de la menace extérieure pour favoriser les affaires et la paix internes, une personne qui refuse les décisions des Nations-Unies, un tricheur sur les accords d’Oslo? Comment le définissez-vous ? Pour ma part, je vois que chez nous ou en France, nombre de défenseurs de l’État d’Israël font, des [observateurs] critiques de cet État, des ennemis du peuple israélien, ce qui est d’une pédagogie regrettable et lamentable pour dire le moins. Alain Finkielkraut n’est-il pas incontestablement de ceux-là ? Je n’arrive personnellement pas à utiliser le terme de « sioniste », tant il me donne l’impression d’être un slogan éculé propre à tous les malentendus, y compris pour qualifier ce genre de commentateurs tristes et crispés, toxiques.
Il me semble au final que l’existence de l’État d’Israël a le mérite de ruiner la théorie du peuple élu, et de montrer qu’à partir du moment où les Juifs ont un État aux charges desquelles ils peuvent prétendre et accéder, leur peuple devient un peuple ordinaire avec ses nantis, ses tricheurs, ses menteurs, ses barbouzes et ses tueurs, ses laissés pour compte, son militarisme et le reste, …y compris ses opposants parfois très radicaux. Cette constatation est pour moi libératrice, elle en finit avec le sort singulier et atypique du peuple juif. Ouf. Et dès lors, il me suffit pour y voir clair de lire les commentateurs juifs critiques (comme vous, merci) et les Israéliens opposants à leur propre État. Fastoche !
Les sionistes s’il faut encore les nommer seraient des citoyens conformistes ordinaires, la version locale d’une plaie universelle, qui a pour nom patriotisme.
Je crois qu’il y a une (ou des ?) réponse à votre question dans le petit bouquin de Shlomo SAND « Comment j’ai cessé d’être juif » (Flammarion – café Voltaire – 2013). Je crois aussi comprendre que le monde juif n’est pas homogène, que certains évoluent dans le bon ou le mauvais sens, mais que savons-nous du bon ou du mauvais ! Le fait est que j’ai connu et connais encore des juifs de tout bord, qui furent de proches amis autrefois, pour certains, et que pourtant je ne souhaite plus revoir car je ne partage plus rien de leurs idées ou de leurs affirmations péremptoires. Comme pour la Shoah, je m’interdis d’en juger de si loin et globalement, alors que je me trouve bien moins directement concernée qu’eux. Je connais aussi des juifs restés en France qui se fichent royalement (au moins en apparence) de tout ça.
– Est ce mieux ?
– Mieux ? … mais « mieux » de quel point de vue ?
Grand et profond mystère. Grande et profonde peine aussi. Sionistes ou non, ça ne doit pas être simple d’être juif aujourd’hui.
Je n’ai aucune idée de ce que ce nom signifie, malgré plusieurs demandes d’interprétation par d’autres :-)))
Tellement différentes que je m’y suis perdue sans trouver le bout du tunnel.
Alors tu sais quoi ? Oublions qu’il existe.
Coco