Bonjour!
Si vous ne connaissez pas Daniel Mermet, vous avez bien de la chance, parce que vous allez avoir bien du plaisir et d’intérêt à le découvrir.
Et si vous le connaissez, vous serez heureux d’apprendre qu’il ne va pas disparaître du monde de l’information.
Je dis « Daniel Mermet », mais je parle bien sûr de son émission quotidienne sur France-Inter, « Là-bas si j’y suis ».
Je l’ai découverte il y a quelques années, quand elle passait de 17 à 18 heures, moment où je cuisinais pour ma petite famille, vu que moi, j’aime écouter la radio en cuisinant. Le jour où elle m’est tombée dessus, je ne l’ai plus quittée. Car Daniel Mermet parle aussi bien d’amour que de politique, de riches que de pauvres, de la subjectivité que de la grande Histoire, et son sens rigolard de la solidarité, de l’humanité, ne cesse de ruisseler sur ses reportages, aussi cruelle et révoltante que soit parfois leur matière.
Une fois par mois, il accueille l’équipe du Monde Diplomatique, et presque chaque jour le répondeur de son émission figure comme invité des premières minutes, et quelquefois pour toute l’émission. Ah, le répondeur de « Là-bas si j’y suis »! C’est toute une France d’en bas et des luttes qui s’exprime, une France qu’on entend presque nulle part sur les ondes.
C’est une émission-brûlot incroyable, qui n’existe pas en Belgique et peut-être dans aucun autre pays européen. Et sur une chaîne publique! N’est-ce pas merveilleux?
Le jour où la direction a voulu congédier ce trublion, et son public avec lui, en quarante-huit heures plus de cent mille signataires se sont insurgés et la mesure a été suspendue.
Plus tard, en guise de punition et au mépris du sacro-saint audimat, il a été déplacé à une heure de moindre écoute, entre 15 et 16, et pour ma part j’ai cessé de pouvoir l’écouter en direct.
Cependant ses archives très complètes figurent sur le site http://www.la-bas.org/.
Toute l’histoire sociale des dernières années y trouve un écho, des reportages à l’étranger aussi, et nombre de grands intellectuels s’y expliquent ou sont commentés en détail, comme Cornelius Castoriadis, Noam Chomsky, Howard Zinn, Frédéric Lordon. Les luttes sociales en France et ailleurs, le foot, les armes, la culture, les poupées gonflables, Fauchon, la censure, …rien n’échappe à « Là-bas si j’y suis »!
Aujourd’hui que l’ancien directeur failli (politiquement) de Charlie-Hebdo, copain de Sarkozy et son épouse, dont je ne citerai pas le nom, termine son mandat à la tête de la chaîne radio du service public où l’a mené son copinage, « Là-bas si j’y suis » est virée de la grille des programmes. – Je dois à la vérité d’ajouter que quelques rumeurs insistantes de harcèlement au travail ont égratigné l’image du pacha-pachyderme Daniel, non sans fondement il me semble, quoique sans ternir ses singuliers mérites.
L’excellent Acrimed, l’observatoire des médias « Action – critique – médias », http://www.acrimed.org, nous apprend aujourd’hui que le vieux Daniel ne va pas se laisser enterrer vivant. Il va relancer sa légendaire émission sur Internet, comme Daniel Schneidermann a pu le faire avec le succès que l’on sait pour son Arrêt sur images supprimée en son temps de France-Télévision, par un directeur convaincu de falsification de reportage.
Acrimed :
Daniel Mermet veut relancer « Là-bas si j’y suis » sur Internet en janvier 2015
par Franz Peultier, le 28 août 2014
Là-bas si j’y suis » est désormais un projet de site internet. Après sa suppression arbitraire de France Inter en juin (article d’Acrimed), sans la moindre espèce de débat et au nom d’arguments fallacieux, l’émission de Daniel Mermet compte revivre, à l’image de ce qu’a fait Daniel Schneidermann avec Arrêt sur images, de manière autonome.
Daniel Mermet l’a annoncé lui-même, lors d’une conférence de presse organisée mercredi 27 août 2014 à deux pas de la Maison de la radio, juste après la conférence de rentrée du groupe public : le nouveau « Là-bas si j’y suis » est un site Internet prévu pour le 21 janvier 2015, avec comme fer de lance une matinale, dans la lignée de l’émission bien entendu. Le 7/9 neuf, cela sera son nom, sera diffusé chaque matin, aux horaires indiqués dans son titre, à la même heure que les autres matinales. « On n’est pas alternatifs, c’est eux qui vont devenir alternatifs », promet Daniel Mermet à propos des radios généralistes, en promettant également des reportages vidéos et des interviews plateaux (par exemple avec Frédéric Lordon).
Daniel Mermet a un exemple en tête : celui de Daniel Schneidermann, qui était d’ailleurs présent hier et a publiquement apporté son soutien à son projet. Comme lui, Daniel Mermet était à la tête d’une émission de service public supprimée sans raison, et comme lui il a reçu un fort soutien de ses auditeurs, via des pétitions. Et donc, à l’image d’@rrêt sur images, « Là-bas si j’y suis » sera un site payant, avec quelques contenus gratuits. « On essaiera de se limiter aux abonnements », dit Daniel Mermet, qui n’a pas encore fixé le tarif (a priori entre les 3 € d’ASI et les 9 € de Mediapart).
La première campagne d’abonnements du nouveau « Là-bas si j’y suis » sera lancée le samedi 13 septembre à la Fête de l’Humanité.
Franz Peultier
Merci pour cette info réconfortante et qui ne m’était pas encore parvenue.
Oui, il manque, le Daniel et son équipe, snif ! snif ! ; ainsi que le répondeur de « là bas si j’y suis » – surtout dans les temps qui sont les nôtres !
Je suis affreusement triste, tout ce qu’il y a de meilleur disparait ! Sans doute un peu dangereux d’être si bien informé !