Bonjour!
Le keffieh, foulard palestinien traditionnel, a une histoire assez étonnante. Cette étoffe paysanne devint dès les années 1920 une marque de refus vis-à-vis des élites tentées par l’occidentalisation et par l’ottomanisation, qui en adoptaient les couvre-chefs, soit le chapeau ou le tarbouche. Par la suite le keffieh est devenu dans le monde entier un signe d’adhésion à la cause palestinienne et il le reste, malgré sa large diffusion, y compris par la haute couture, et bien que désormais il soit en général produit au Pakistan ou en Chine.
L’excellent Jean-Pierre Filiu raconte cette histoire dans son blog hébergé par Le Monde, et nous dit au passage où l’on peut encore acheter un véritable keffieh réellement fabriqué en Palestine. (Notons qu’une association de femmes en dessine mais ne produit pas elle-même.)
Il s’agit de la maison fondée en 1961 par Yasser Hirbawi, dont le site en arabe et anglais, hirbawi.ps, nous donne à son tour quelques autres précisions. L’entreprise a connu son sommet dans les années 90, avec 25 personnes, 15 machines, et une production de 150.000 keffiehs.
Or, et personnellement je l’apprends, les accords d’Oslo, dont la suite a été tellement décevante pour les amis de la paix, avaient aussi d’autres dispositions.
Ils incluaient en l’occurrence une ouverture au marché libre, laquelle, renforcée par les libres (1) restrictions et vexations imposées par Israël aux territoires inoccupés (2), a failli mener à la faillite les ateliers Hirbawi, derniers tisserands de keffiehs en Palestine.
Des ONG s’en sont émues et en 2012, grâce à la plateforme allemande madeinpalestine.de, Hirbawi a pu créer un site de vente en ligne, kufiya.org. Les stocks sont déposés en Allemagne, il n’y a pas de frais de douane pour l’UE, et les frais de port sont réduits. Le keffieh traditionnel de base, noir ou rouge, coûte 18 euros. Ajoutons que toues sortes d’autres modèles existent.
Les affaires on repris, et depuis peu les ateliers ont pu embaucher quatre personnes.
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Notes
(1) Oui. Israël appartient au monde libre.
(2) Oui, à part les citoyens israéliens. Plus de 60 pc des adultes israéliens croient que la Cisjordanie, c’est Israël.