Qu’y a-t-il à débattre? L’Utopie.

<small>D'après Ecuador, Une politique au-delà de l'utopie, film de Jacques Sarazin</small>
D’après Ecuador, Une politique au-delà de l’utopie , film de Jacques Sarazin

 

Bonjour!

Le mois de décembre porte à jeter un regard sur l’année écoulée, et la méditation nous mène rapidement au-delà, …vers l’arrière, alors même que notre préoccupation porte sur l’avenir. Amusant.

Je mettais en ligne sur le site de Paul Jorion, sous la forme faussement blagueuse d’un appel au secours, l’opinion ci-dessous en août 2011. En réponse à une adresse faite par l’anthropologue de la crise à Manuel Barroso et à ses pairs.

Le texte et les liens sont ici mis à jour, le dernier en étant le plus important, sans être le plus récent – oublions de croire que tout ce qui a plus de trois mois est ringard. C’est un article écrit par Cornelius Castoriadis à la fin de sa vie, « Stopper la montée de l’insignifiance. » Vous pouvez y courir sans lire le reste, pour gagner du temps: je fais le pari que vous serez quelques-uns à y trouver ce que vous avez toujours pensé, sans oser (ou savoir) vous le formuler. Il est le vrai message de ce billet qui se cherche un peu, tournicote, oui, une méditation.
Par ailleurs, l’image du théâtre en feu est empruntée à Serge Halimi, dans une conférence qu’il a prononcée à Liège en novembre 2006.
Et, bien entendu, vous actualiserez la marionnette Sarkozy.

Comme, d’une part, l’esprit de cet « Au secours! » n’était pas de répondre à une contingence électorale ou d’appareil, un besoin professionnel, une actualité du système médiatique, et que d’autre part, le monde n’a pas notablement changé depuis le jour de sa publication, sa pertinence, ou son impertinence – je veux dire: sa non-pertinence -, ne me paraissent pas affectées par les vingt-huit petits mois écoulés. La lectrice jugera.

Bonne soirée, bonne journée!

 

Guy

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AU SECOURS ! Lire la suite

Bart Le Tisserand, faim de Belgique – 1/2

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Vroeger was alles beter, « Avant, tout était mieux » – Photo G. L.

 

Il était une fois un petit  homme qui s’appelait Bart Le Tisserand.

Il était certes assez grand, en taille, par rapport à ses concitoyens, et il a certes occupé quelques hautes fonctions parmi eux. Pourtant, c’était un petit homme.

Dans son pays de dimension modeste, la Belgique, Bart Le Tisserand voulait que la province où le hasard l’avait fait naître, la Flandre, devienne un pays à part entière, autrement dit: un pays plus petit. Bart Le Tisserand pensait qu’il serait un grand homme s’il menait à bien cette mission, rendre son pays plus petit. Lire la suite

Des pédagogies différentes?

Certificat par lequel je me suis échappé de la dernière retenue qu'un élève de septième avait réussi à me faire lui infliger.
Idée du certificat par lequel je me suis échappé de la dernière retenue qu’un élève de septième avait réussi à me faire lui infliger.
(Le document Word original n’était pas encore retrouvé lors de la publication de ceu billet, et Word était la matière de mon cours.)
Ce certificat a remplacé les deux heures de retenue annoncées et m’a valu le commentaire: « Vous êtes fou, Monsieur », par lequel j’ai su que j’avais réussi à me sortir de ce mauvais pas. NOTE:  l’original a été retrouvé ce 29/10/2018! Je le place en fin d’article.

 

Bonjour, bonsoir,

 

« Wergosum » répond (de Pékin!) à mon billet « À quoi sert l’école? » , en me posant cette question:

Comme il existe une psychanalyse alternative, une mécanique quantique alternative (et aussi le courant alternatif) [Il est incapable de résister à la tentation d’une boutade, et il le prouve], il existe aussi des écoles alternatives (Steiner, Montessori).
C’est quoi, la vraie différence avec l’école « normale », en dehors du fait qu’elles sont payantes? Lire la suite

Paix (Nobel) des armes et guerre sociale dans l’Union Européenne

Bonjour, bonjour !

Février 2013. Je retrouve un article ancien, du 24 avril 2006, commentant, comme par avance, l’étroitesse de la conception du mot « paix » dont témoigne le prix Nobel du même nom décerné récemment à l’Union européenne. Il y manque juste, inévitablement, un résumé des interventions militaires menées dans les années qui ont suivi ce texte, par des pays de la dite Union, OTAN oblige, paraît-il. L’Atlantique-Nord s’étend donc désormais jusqu’aux frontières du Pakistan.  Deux traits majeurs caractérisent nos pays, disait Howard Zinn, niés quotidiennement par le discours officiel: la cupidité et le militarisme. Lire la suite

Fin d’année ! La pauvreté ressemble parfois à un complot


À lire: cet article de J. K. Galbraith (Harper’s Magazine, 1985)

 

Bonjour!

Je fais totalement confiance à Bernadette dans ses combats. Elle est assistante sociale au CPAS de Liège.
Elle représente une espèce rare, celle des idéaux maintenus durant toute une existence contre l’acquiescement… à la banalisation de l’impuissance (vous vous souvenez?), au glacis de la normalisation (vous n’avez jamais succombé?), à l’effacement des difficultés d’autrui (il faut bien s’occuper de sa famille.) Elle se résume sobrement: « Folie ? Sans doute… Mais folie nécessaire. » Je crois qu’elle en a vu et subi assez pour épuiser trois vies, et c’est la première fois que je la vois solliciter une aide financière. Lire la suite

Un SDF meurt d’hypothermie à Liège-Guillemins

 

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Bonjour!

Une dépêche Belga reprise par Le Soir nous apprend qu’un SDF a été trouvé mort ce matin sur un quai de la gare des Guillemins à Liège. La température était proche de quatre degrés centigrades au-dessus de zéro.

C’est bien !
L’hiver approche, et il est temps que les SDF le sachent: il fait plus froid à la gare des Guillemins que dehors! Elle n’est pas un abri !
Voilà une gare propre en perspective. Lire la suite

Il faut suivre Panagiotis Grigoriou

Photo d’accueil du blog ‘Greek Crisis’ de Panagiotis Grigoriou

 

L’anthropologue et historien grec Panagiotis Grigoriou s’est fait l’observateur des événements qui marquent son pays depuis l’irruption de la crise financière en 2008, qui l’a privé de ses budgets de recherche.

Il participe au film documentaire d’Ana Dumitrescu, « KHAOS ou les visages humains de la crise grecque » (90 minutes), qui sortira en salles en France en octobre 2012.
Et Fayard publiera en automne son premier essai sur la question, « Le Cheval des Troïkans ».

Vous pouvez dès à présent consulter son blog, tenu en français et à mon sens indispensable,  Greek Crisis, déjà cité à plusieurs reprises dans mes courriers, et référencé
depuis des mois sur mon site Condroz belge. Vous ferez connaissance avec le charme de ses réflexions qui croisent dans l’amour des gens et la reconnaissance de leurs douleurs, une analyse politique de type ethnographique, souvent savante, et un sens séveux, journalistique, du quotidien et de la culture populaire.
Le tout, ni sans humour, ni sans photos.

Aujourd’hui, dans son propre blog, Paul Jorion, qui a été surnommé « l’anthropologue de la crise », nous annonce le film et le livre ci-dessus et  présente Grigoriou comme un « blogueur de querre ». La bande-annonce du film est consultable sur ce billet.

On voit entre les deux hommes une communauté de conception de la temporalité historique, laquelle offrirait de temps à autre une fenêtre de « temps opportun » ou « d’histoire immédiate », riche d’opportunités d’action et d’inflexion historique potentielle, ouverte sur la créativité, autant que lourde d’implications pour le futur, en-dehors desquelles les veilles inerties restent aux commandes.
La Grèce a connu cet instant en juin 2012, la finance mondiale a eu sa fenêtre d’opportunité – non exploitée – autour de janvier 2010.
Selon Grigoriou et Ana Dumitrescu, le fruit des vieilles inerties, actuellement en place en Grèce, s’appelle chaos.

La grande histoire aussi est à suivre.
Comme dans un feuilleton, il y a la respiration suspendue, le moment blanc où se tourne la page.

Causeries d’après élections

 

HollSarko

Bonjour,

 

Je ne sais pas vous, mais moi, les commentaires d’après élections me pompent l’air.
Et plus ils sont savants, ou apparemment savants, plus ils m’asphyxient.

En juin 2009, je m’énervais sur le site d’Une Autre Gauche, que j’avais erronément supposée représenter Une Autre Autre Gauche, voire Une Outre-Gauche, à propos des commentaires attribuant la qualité de sujets dotés d’un psychisme complexe et dignes de l’homo sapiens sapiens, à des mouvements dans les résultats électoraux censés exprimer le désarroi, la confiance, l’amour et la fidélité, le ras-le bol, des paris plus ou moins audacieux ou plus ou moins machiavéliques, et d’autres états psychiques élaborés motivant « LE » électorat.

Aujourd’hui, que de l’eau a passé sous les ponts de nos apprentissages, je lis le blog de Paul Jorion, et là aussi les attributions de sujet, comme, à d’autres microphones, ceux dont l’on charge « les-marchés » – dont la psychologie raffinée et volontariste ne vous a pas échappé, me hérissent un poil qui ne demande qu’à être caressé dans le bon sens.

Vous trouverez donc ci-dessous le billet que je viens de déposer aux pieds de ces excellents amis de Chez Paul Jorion Le Blog.

Bien à vous ! 

Guy

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Chers amis du discours,

Les élections, c’est comme le football, le football, c’est comme l’économie. Ce sont des occasions de bavarder sur le voile des choses. Ce sont des domaines de commentaire où se déploient des trésors d’observation, de mémoire et d’analyse, mais comme à Byzance finissante, les trésors de l’érudition appliqués à l’illusion en produisent que de l’illusion. Science sans conscience…

Les élections comme l’économie et toutes deux plus que le football, finalement, isolent un champ d’observation qui n’a pas d’autonomie, des tranches de réalité « surdéterminées », comme disaient les structuralistes, par des déterminations de fond, un champ dont l’examen ne semble produire de la pertinence qu’à la condition que le réel qui l’englobe, le fameux « toutes autres choses égales par ailleurs » des économistes, veuille bien s’en tenir à une discrétion absolue. Alors les équations keynésiennes paraissent fonctionner, et, dans les années « glorieuses » d’après-guerre, donner aux gouvernants l’illusion qu’ils maîtrisent l’allure, une petite relance par ici, un petit coup de frein par là, d’une monture qui en soi progresse à vitesse continue ou continûment accélérée, et qui bientôt ne répondra plus à aucune de ces mesures inspirées par le bon John Maynard K. L’économie n’a pas de réelle autonomie sur le long terme, et c’est bien pour cela que les discours d’un anthropologue, Paul Jorion, renvoient la très grande majorité des éconolâtrologues à leur impuissance. L’économie ne devrait pas être laissée aux économistes.

Les courbes électorales comme les statistiques financières sont des illusions du calcul aveugle, et ne peuvent rendre compte des inflexions de leur mouvement, qui par définition ne prennent pas racine dans les chiffres précédemment observables, mais représentent des ruptures de la continuité apparemment, algébriquement ou statistiquement, à l’oeuvre. La foi calculatrice, le sauve-qui-peut numérisateur, des conseillers en spéculation atteignent en ces temps d’autodestruction de la finance, un niveau presque touchant de dérisoire et de vanité.

Pour en revenir au commentaire électorisé, parler de stratégies et de victoires, de défaites et d’analyses, relève de l’inflation du cogito.
Lénine disait manipuler la console de pilotage de l’histoire. Mais c’est l’intérêt du Prussien qui lui a offert par wagon plombé une victoire que la vulgate internationaliste orientée-Moscou a prétendue sienne.
Roosevelt, le sauveur, n’a sauvé que le capitalisme et ses classes dominantes d’une crise auto-produite à la gravité jamais vue, et sa politique était de l’eau tiède en charge d’éloigner le feu de l’insurrection qui flambait dans les grandes villes.
Le Front populaire, lui, n’était pas une victoire électorale, mais la traduction dans les urnes d’un mouvement qui agitait le ventre de la France.
Quant à la tentative légaliste et électoraliste d’Allende, elle avait pour ressort une lame de fond populaire, qu’elle a menée désarmée à la casse.

Cessons de gloser doctement sur le miroir aux alouettes électoral ! Howard Zinn savait le dénoncer durant les vagues d’optimisme de la première campagne présidentielle d’Obama – ainsi son article intitulé Folie électorale à l’américaine.

Et saluons Paul Jorion de n’avoir pas cédé aux sirènes de l’engagement partidaire ou partisan.
Voilà toujours une casse d’évitée!

Le documentaire grec « Debtocracy »

 Affiche "Debtocracy"

« Debtocracy » est un documentaire d’une heure et quinze minutes, aux images efficaces et à la somptueuse bande-son. Il a été tourné en Grèce, où des dizaines de milliers de gens l’ont vu.
J’ai bien tenté d’y échapper, mais pas moyen. En voici une table des matières bien incomplète:

 

Comment se transmet la métaphore médicale de Papadopoulos le dictateur à Papandréou l’héritier, en passant par Dominique Strauss-Kahn et d’autres.
Comment de Dublin à Athènes la formule « On a tout dépensé ensemble » est brandie pour recouvrir « Ils ont vécu au-dessus de nos moyens » (Paul Jorion).
Comment la seule première année de remèdes du FMI fait exploser la pauvreté et le chômage, et affecte la santé publique.
Comment la justice grecque n’a pas été à la hauteur de l’affaire de corruption Siemens.
Comment le gouvernement de la vertu, pardon, le gouvernement allemand, a acquiescé à un premier train de mesures, sous conditions que les livraisons d’armement made in Deutschland se poursuivent.
Comment cela fait bondir Cohn-Bendit qui, en aimant protester contre l’immoralisme d’un capitalisme qu’il défend par ailleurs, s’assure pour l’éternité une niche de rebelle récompensé.
Comment définir une dette odieuse.
Comment l’Équateur a réalisé un audit de sa dette qui a conclu à l’illégitimité de celle-ci et comment Éric Toussaint et d’autres y ont travaillé pendant quatorze mois.
Comment l’Amérique de Bush itself  a décrété odieuse, sans dire le mot, la dette irakienne contractée sous Saddam Hussein, après d’autres cas historiques.
Comment Samir Amin, écartant d’un revers de la main la question « Les Grecs sont-ils paresseux? » au titre de racisme pur et simple, parle du reste.

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Avec inévitablement des sujets non abordés, parmi lesquels la monétisation de la dette comme réponse à la crise du même nom, qui serait tout simplement la captation de la rente offerte par les USA et l’UE aux banques, avec suppression de l’intérêt sur la dette, à partir du moment où les banques centrales financeraient directement les États, à taux nul ou quasi nul.
Dans mon envoi précédent, Pierre Larrouturou en faisait une de ses principales propositions. Il oppose le 0,01% (si, un centième de pour-cent!) demandé par les EU aux banques « aidées »  et le 1% demandé par la Banque Centrale Européenne aux mêmes, lesquelles prêtent à leur tour à un taux entre 4 et 7 % aux États…
(Pour rappel, et pour  lever l’objection de l’obligation de modifier les traités européens, avec toutes les lenteurs et incertitudes que cela comporterait, Pierre Larrouturou ajoute que si le célèbre article 123 du traité de Lisbonne interdit cette mesure, la BCE peut prêter à la Banque Européenne d’Investissement, qui à son tour pourrait prêter aux Etats.)

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Voici deux liens qui permettent de voir ce film en français sur Internet: