Merveilleux Thelionous Monk

Ben Riley (d),  Charlie Rouse (ts),  Larry Gales (b),  Thelionous Monk (p)

Bonjour!

Des années avant que je ne connaisse sa musique, je ne pouvais entendre le prénom de Thelionous Monk autrement que comme celui d’un pharaon de la haute Égypte.
Vous le remettez?
Il est l’auteur de ce Round about midnight aux innombrables versions, dont celle de Claude Nougaro, qui ne lisait pas plus la musique que bien d’autres qui la pratiquent. Fidèle à son amour du jazz, il en a fait sa chanson « Autour de minuit » . La plupart des chansons de Nougaro ont en effet pour musique des standards du jazz, et pour paroles sa chaleur et ses facéties de Toulousain.
Dans la vidéo ci-dessus, qui fait l’objet de ce billet, il est minuit à 25:46.

C’est l’enregistrement d’un exercice « en bocal », sans public. Une prestation pour une télévision, nordique qui plus est. On n’est pas dans la chaleur des tropiques! Endimanchés, loin de chez eux, Thelionous et ses copains sont au meilleur d’eux-mêmes, nom d’une pipe.
Le studio aux murs nus n’est pas sans évoquer, comme dans un film de science-fiction, l’espace irrémédiablement clos, quoique vaste, réservé aux humains dans un vaisseau spatial. C’est la scène qui manque à 2001, l’Odyssée de l’espace. Une répétition, une session – une générale, un récital -, jetée aux ondes, au monde, à l’univers.

Dès la minute 3:16, comme à 35:46 pour 120 longues secondes – regardez-le revenir à 37:52! -, Monk quitte son piano et nous fait au milieu des musiciens son dandinement méditatif, ni ostentatoire ni conforme, qui en a troublé plus d’un, et fâché certains.

Youtube et consorts tout de même… Bravo! Les multinationales du vice ont beau faire, quelque chose de la technique et d’Internet nous améliore la vie. Ainsi, les archives d’Oslo et Copenhague sont là pour nous.

Je n’écoute rien ni personne d’autre que Monk depuis quinze jours, et c’est sans hésiter que je range ceci au sommet de ses cinq ou six disques les plus célébrés!

Thelonious est accompagné de Charlie Rouse, au saxophone ténor diaboliquement « sec », de Larry Gales à la contrebasse, et de Ben Riley à la batterie.
Rouse et Monk, quand ils sont à l’unisson (24:54, 33:40, 56:14…),  font tout un orchestre! Et ils joueront pendant dix ans ensemble.

Voici, pour terminer, le commentaire que donne un amateur (le mot a ses lettres de noblesse!), sur son blog d’avocat:

Thelonious Monk 1966

Le jazz a eu ses géants, et ces géants ont eu de grands moments. Nous y sommes. Voici Thelonious Monk en 1966 pour deux concerts donnés en Norvège et au Danemark, accompagné de Charlie Rouse au sax ténor, Larry Gales à la contrebasse et Ben Riley à la batterie.

C’est la grande révolution du jazz, mais à écouter la sérénité de ces musiciens, la révolution est déjà faite… Non, ils sont juste en train de poser les cinquante années qui viendront. Harmonies, rythmes, puissance, invention… c’est un régal. Monk impose son style, minimaliste et si fort. Il n’y a pas une note de trop, mais toutes comptent.

Chaque extrait des concerts s’ouvre par Lulu’s Back In Town, et on peut apprécier ainsi le travail fait sur ce thème magnifique. Suivent Blue Monk et Round Midnight, avec cet orchestre qui en dit tant. Admirez ce que fait Ben Riley avec sa petite batterie. La seconde partie nous offre un solo de Monk avec Don’t Blame Me, et on se sépare avec un swinguant  Epistrophy. [55:53]

De grands créateurs. Fabuleux.

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NOTES et POST SCRIPTUM

1. Monk’s Dream de 1963, avec Charlie Rouse, son premier enregistrement chez Columbia et sa meilleure vente, se trouve tout entier sur Youtube: https://www.youtube.com/watch?v=icFRHJ9VZaw .

2. L’anticipation du plaisir est un plaisir. Ma prochaine immersion sera Charles Mingus (qui n’aimait pas qu’on l’appelle Charlie!) en Belgique, Norvège et Suède, en …1964: https://www.youtube.com/watch?v=5STaUWmh9bw – 2 heures.
En 1964, j’avais 17 ans, et un seul de notre bande de « rhétoriciens », quel mot étrange et surfait, écoutait du jazz. C’était Cannonball par ci, Cannonball par là. Moi, j’écoutais du classique, et subliminalement, je savais que Coltrane existait. Onze ans plus tard, en 1975, j’ai vu et entendu Mingus. Entre ses engagements au North Sea Festival, alors à La Haye, et à Montreux, il était de passage dans un festival qui n’a connu qu’une seule édition, à Vielsalm (Belgique), et je ne savais pas quelle chance j’avais. Vielsalm non plus, sans doute. Je savais juste qu’un grand musicien noir d’Amérique, d’au moins un mètre nonante, faisait reculer mon horizon. Et je savais juste cette chose indescriptible, que pour la première fois de ma vie, j’entendais un instrument pourtant familier, la trompette. C’était, dans la bande à Mingus, celle de Jack Walrath. Brr! Je frissonne en m’en souvenant.

Une réflexion au sujet de « Merveilleux Thelionous Monk »

  • 9 novembre 2015 à 9h18
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    J’ai comme l’impression que, de Thelonious Monk, on ne revient pas…..

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