Bonjour!
Le 8 mars est la journée, non pas de la femme, mais des droits de la femme. Nuance.
Et vaste sujet!
Ici mon grain de sel, ici mon penny comme disent les Britiches.
1. Intro
Le conseil d’administration réuni, un administrateur prend la parole:
– Le président aimerait que nous ayons une femme à la tête du groupe.
Première réponse:
– Ah bon? La femme de qui?
2. « L’homme, la seule espèce dont les mâles tuent les femelles »
Quel est le propre de l’Homme ? Le rire ? Désolé, mais les chimpanzés rient aussi. Ils se moquent même. Le sentiment d’injustice dès le plus jeune âge? …
Françoise Héritier nous dit que nous sommes la seule espèce dont les mâles tuent les femelles. Si je réfléchis un peu, purée, ça fait un temps que ça dure et ça dure. Ça me rappelle qu’une femme est tuée par son compagnon tous les trois jours en France, statistique officielle et minorée, établie par des moustachus.
Le propos de Françoise est dans Sciences et Avenir:
http://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/20120124.OBS9673/l-homme-la-seule-espece-dont-les-males-tuent-les-femelles.html#neotenie. (Ici en PDF)
[Note du 31 août 2019: aujourd’hui, ce sont 40 femmes en Russie qui succombent chaque jour aux coups de leur conjoint, soit 12.000 par an, et 80% des femmes incarcérées le sont pour avoir assassiné leur mari violent – Mediapart)]
3. « Rien de ce qui nous paraît naturel n’est naturel »
L’homoparentalité et l’exoparentalité existent, et existent sans retour.
C’est définitif.
Ça bouleverse bien des choses et bien des gens, et voici ce que la même Françoise Héritier nous dit autour de ça.
« Notre système de parenté relève du type eskimo. »
« Si on combine les positions sexuées respectives parents et enfants, en utilisant ces butoirs, il y a six combinaisons possibles de systèmes de filiation. Seulement quatre ont été réalisées par les sociétés humaines : unilinéaire (patri- ou matrilinéaire), bilinéaire, cognatique (la nôtre). Deux ne sont pas réalisées (parallèle et croisée). »
Voici ce que donne une petite recherche: la filiation patrilinéaire est dite aussi « agnatique », la matrilinéaire « utérine ». La filiation cognatique, elle, passe « aussi bien et indifféremment par les hommes que par les femmes » (Wikipedia.)
« Une reconstitution hypothétique de la vie de nos ancêtres préhistoriques, chasseurs-collecteurs, les voit vivre en petits groupes de consanguinité, qui dépendaient pour la survie de leurs propres ressources. On copulait entre soi. Lorsque les femmes manquaient (le sex ratio avait vu naître trop de mâles, ou les femmes mouraient en couches), il fallait s’en procurer d’autres. »
« La prohibition de l’inceste est une immense innovation » (et « peut-être la seule jusqu’à ce jour » )
« On voit dans les débats actuels à quel point sont liées ensemble, pour fonder l’archaïsme dominant, les notions de génération, de sexe et de genre. Promouvoir, penser l’exo-procréation est essentiel pour changer radicalement de modèle. »
« nous sommes en train de participer sur le long cours (grâce à la possibilité de procréer hors du corps et à l’égalité des droits de l’individu) à une mutation aussi spectaculaire et productrice de sens que celle qu’engendra autrefois l’instauration de la nécessité exogamique et de la valence différentielle des sexes. »
Texte complet dans L’Humanité: http://www.humanite.fr/tribunes/francoise-heritier-rien-de-ce-qui-nous-parait-natu-513170. (Ou PDF ici.)
4. Toutes les femmes ne sont pas féministes, et certains hommes le sont
Ceci, j’en parlerai peut-être plus tard.
C’est une évidence, au fait.
Pour les impatients qui voudraient en lire tout de suite, voici un auteur qui le dit, elle est en l’occurrence une auteure, qui fait un malheur en anglais et dans trente langues. Les francophones ne la connaissent pas encore très bien, mais ça ne saurait tarder. Cette romancière est nigériane et porte le doux nom de Chimamanda Ngozi Adichie.
Elle aborde cette évidence dans un entretien au Monde, où elle dit aussi préférer Hillary Clinton à Bernie Sanders, ce qui prouve qu’elle est humaine et faillible, et encore d’une grande jeunesse d’esprit à trente-sept ans.
Le même journal avait, quinze jours plus tôt, consacré une petite notice littéraire à la romancière, dont le dernier livre est intitulé Americanah.