Bonjour!
Je n’ai pas pu faire mes voeux pour 2017.
Pas pu.
Voulu, mais pas pu.
Je n’ai pu que répondre, aussi chaleureusement que possible, aux voeux que l’on me fit personnellement.
Mais faire les miens à tous et à la volée, je ne pus.
Aujourd’hui 31 janvier est la date ultime pour en parler, alors allons-y. Car dormir, zapper les voeux cette année et me réveiller en décembre 2017 pour crier « Vive 2018 », après une année qui pourrait être pire que 2016, n’est pas une option.
Nombre de voeux parmi ceux qui m’ont été faits étaient voilés de tristesse, d’humour désenchanté, d’allusions discrètes ou affirmées à la fin d’un monde.
Oui.
En leur répondant, l’obscurité de l’époque était mon thème récurrent.
En réponse, je souhaitais donc à mes correspondants: de la lumière. J’étais à court de nourritures terrestres, celles de la raison, du questionnement. J’étais à court de lectures, d’auteurs, de recherches et des pistes, d’hypothèses et de questions.
Aujourd’hui j’ai remonté le courant. Plus exactement, le courant m’a remonté, car je ne crois pas au libre arbitre. Ce dernier se déploie dans un périmètre minuscule – s’il se déploie.
La vie des idées m’est revenue fin janvier. Sur le fil. Des auteurs m’ont été présentés, des livres, je parle d’essais, mais quelques romans aussi. Ils me sont venus plus que je ne les ai trouvés. Didier Fassin, Bernard Stiegler, Pascal Picq…
J’avais commencé des brouillons. J’ai essayé plusieurs pistes. J’ai tout jeté, tout s’est dissous. Il reste quelques bribes présentée ci-dessous, un fragment dans une forme que j’affectionne, le dialogue-véridique-et-foutraque.
Même en 2017, il y aura de la lumière!
Je vous la souhaite et vous la connaîtrez!
Guy
* * * *
NOS VOEUX POUR 2017
– Dis… Alors quoi 2016?
– Quoi, « quoi 2016 »?
– Ben oui, quoi, fameuse année!
– Je ne sais pas.
– Tu as écrit tes voeux?
– J’me tâte.
– …Nous avançons vers la fin d’un monde.
– Tu as remarqué?
– La fin de notre monde. C’est pas la planète qui est en danger. C’est nous sur cette planète. Nous l’homme blanc et son soi-disant fardeau mais dont le seul vrai fardeau est celui qu’il a jeté au monde et aux peuples d’ailleurs.
– Des amis l’ont lu quelque part: les budgets du nucléaire militaire ont été revus à la hausse, et aux Usa, et en Russie.
– Je sais! Et c’était avant Trump! Et ça n’est qu’un p’tit retour des décennies passées! Et c’est une horreur! Et elle n’est pas neuve!
– Exact.
– Avec toutefois un drôle de type au bouton rouge à Washington.
– Oui. Le Trump nouveau est arrivé. Il pourrait inventer la bombinette atomique contre les terroristes.
– Le camp des solutions rapides continue d’avancer à Washington.
– Ce sont des connaisseurs! Leur cinéma le prouve! La condition humaine chez la pègre, les maquereaux, les voleurs les violeurs, les assassins, friqués hein , attention, friqués, le fric sauve tout, les malfrats aussi éprouvent les affres de l’amour et de la trahison, et vlan les solutions rapides, la psychologie du toxicomane, la psychologie du capitalisme, c’est « tout tout de suite » , « pour moi sauf pour toi. »
– Ça nous fait et nous fera un risque atomique que tous propagent de toute manière. Même sans Trump, on y est on y était!
– Grr je grince…
– Oui, de jolis petits trous tchernobylisés
sur la carte du tourisme mondialisé.
– Une chance pour 2017 d’être historique!
– …
– Et avec ça, le nucléaire civil est périlleux comme il ne l’a jamais été.
– Le nucléaire civil est une bombe!
– 40 pour-cent des centrales du pays le plus nucléarisé du monde sont en permanence à l’arrêt pour des pannes et troubles divers.
– Yes, vive la Franche, et l’État islamique n’y est pour rien!
– Même pas, en effet!
– L’autre pays le plus nucléarisé est déjà proche du k.o.
– Art martial, Rashomon and co.
– C’est l’industrie civile militariste.
– Exact. On a choisi l’uranium contre le thorium dans les centrales parce qu’ils voulaient du plutonium pour les bombes.
– Secret défense de polich, police, nichelle.
– De temps en temps un chef pleure à la télé tokyote, s’excuse et se fait seppuku.
– La culture militariste du Japon est une des meilleures du monde.
– Et youpie, c’est nos copains aujourd’hui.
– Parle pour la Commission.
– Bien sûr, c’était une plaisanterie.
– En résumé, 2016 nous a bien avancés dans le nucléaire toutes catégories.
– Ah ça oui! …Et les risques de guerre?
– Quelle guerres? L’Otan fait la guerre sans discontinuer depuis l’Afghanistan.
– Ça ne comptait pas.
– Juste! Il n’y avait quasi pas de morts civiles dans l’Otan.
– Mais maintenant ça commence à compter. Il y aura bientôt plus de morts du terrorisme en France que d’Algériens jetés à la Seine à Paris en 1961.
– Ach, ja. Un défi pour 2017!
– Hollande a déclaré son pays en guerre contre le terrorisme.
– Yesse. Hollande le maladroit, le trop petit pour son costume de président monarchique cinquième république, il a peur de tout mais pas de la guerre au loin. Il faut dire que le complex militaro-induxtriel franchais le pousse au cul et le pousse au Q. G., et que là c’est facile, il n’a rien à faire, rien à dire, rien à décider, il se laisse juste pousser, c’est ça l’armée, prêt-à-porter, prêt-à-penser, prêt-à-tirer. Toujours prêt.
– Mais-Merkel-elle, ce qui veut dire une partie des Allemands, ne dit pas ça.
– Non. L’Allemagne n’a pas encore le droit complet de faire la guerre comme les autres pays de l’Otan.
– L’Allemagne se contente de fabriquer de l’armement.
– De plus en plus. Deutsche Mark pas mort!
– Pour l’utiliser, elle doit encore se retenir.
– Utiliser le Deutsche Mark? Ach ok: l’arme ment!
– La Grèce continue de payer, à travers toutes les tempêtes, de jolis sous-marins made in Deutschland.
– Normal! On cesse de payer les retraites et les hôpitaux grecs pour payer les sous-marins, c’est vital pour les retraites et les hôpitaux allemands.
– Ja ja! C’est social les u-Bote!
– Merci l’eurogroupe.
…
– Eurogroupe, eurogroupe… Finance, finance! La finance neuropénienne, mondiale, occidentale, mondialisée.
– Son heure approche.
– Son glas?
– Ouais. 2017 a de grandes chances d’être la bonne.
– L’effondrement va être grandiose.
– Comment s’écroule une montagne de dettes en post-2008 et en post-moderne.
– En réalité augmentée.
– En post-factuel.
– En vérité alternative.
– Ach! Ô grandiosité de la petitesse!
– Aussi les financiers et leurs relais politiques travaillent-ils en secret aux plans du prochain sauvetage.
– Tu crois?
– Meuh bien sûr. Toujours et toujours. Pas tous, il y a des cons partout, mais les malins les normaux y travaillent. Soros y travaille. Goldman-Sachs y travaille. Moi-même, si j’étais un autre et si j’étais là et pas ici, j’y travaillerais!
– T’as raison. Elle est impersonnelle, l’histoire! Les logiques mystérieuses de l’histoire sont toujours à l’oeuvre. Aujourd’hui, elles préparent la future réponse néo-libérale à l’effondrement financier.
– Oui! C’est pas les gens, c’est pas Soros. Il n’y a qu’une seule seule vraie Société Anonyme dans le Monde. L’HISTOIRE!
– Faut pas surestimer l’inventivité individuelle. Le ventre du réel est en gésine.
– Le réel a une longueur d’avance sur les analystes!
– Sur les milliardaires!
– Sur leurs équipes sur-diplômées!
– Sur les petits-enfants de Hayek!
– Et sur les militants.
– Ghosh! …Ce sera le chaos.
– …
– …La finance est une bombe!
– …
– Ouf! …2017 a sa chance, toutes ses chances!
(Texte inachevé.)
* * * *
* * * *
L’image est la suivante: avons-nos embarqué sur le Titanic?
Deux réponses:
– Soit ce n’est pas le Titanic, et alors: Bonne année! Soyez heureux, la vie continue.
– Soit c’est le Titanic, et alors: Bonne année! Soyez heureux, la vie continue.
Ça nous fait: 2017, année des somnambules.
Les Somnambules est le meilleur titre que l’historien britannique Christopher Clark avait pu retenir pour son livre sur l’inexorable engrenage qui mena à la première guerre mondiale.
Pour l’ancien banquier Jean-Michel Naulot, nous allons droit à une crise financière plus grave que celle de 2008.
Et tant que j’y suis, voici l’écrivaine turque Aslı Erdoğan, s’exprimant lors de son réveillon du 31 décembre:
Bonjour,
Voici le début de l’année 2017 telle qu’elle se dessine entre les créanciers et la Grèce: « Voulant utiliser une faible partie de l’excédent, Alexis Tsipras avait annoncé une prime aux pensionnés les plus fragiles. Les créanciers ont réagi vivement, suspendant les mesures de réduction des intérêts futurs décidés un peu plus tôt, avant d’accepter cette prime moyennant un engagement futur à renoncer à toute annonce de ce type. Au printemps, la réforme des retraites promue par le gouvernement avait été acceptée par les créanciers moyennant des baisses automatiques de dépenses en 2018 en cas de déviation de l’objectif. »
http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-piege-de-wolfgang-schauble-se-referme-638180.html