Bonjour!
Quelques nouvelles de chez les salauds.
Il y a une leçon derrière l’événement raconté ci-dessous, qu’il n’est pas inutile de rappeler: il faut nuire au Medef, l’organisation patronale des grandes entreprises cotées en bourse, pour que le gouvernement français recule sur un projet. En 1995, c’est le Medef qui a dit au premier ministre Juppé de retirer son projet sur les retraites, après quinze jours de grève qui lui coûtaient trop cher. Et la leçon vaut pour les autres pays.
En France, l’avocat François Boulo (ça ne s’invente pas), porte-parole des gilets jaunes de Rouen, recommande depuis plus d’un an le blocage de l’économie. Il a appelé à la grève générale dès début 2019. Aujourd’hui, l’idée qui monte, c’est de bloquer les raffineries de pétrole, et il y a des débuts. Un appel à la cotisation générale pour financer les grèves dans ce secteur a déjà été lancé au moins une fois.
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Sujet : Deuil d’un enfant : la macronie et ses maîtres
Date : Mon, 3 Feb 2020 09:00:56 +0000
De : Daniel Schneidermann <contact@arretsurimages.net>
03/02/20
Deuil d’un enfant : la macronie et ses maîtres
C’est un échange de tweets, le vendredi 31 janvier à 12 heures 46, entre ancienne et nouveau président du MEDEF.
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Il faut imaginer la Macronie découvrant cet échange de tweets entre cher Geoffroy et chère Laurence. Comme un seul homme, au terme d’une controverse-psychodrame de cinq jours, les députés en séance et la ministre du Travail Muriel Penicaud ont voté le 30 janvier contre la proposition du député UDI-Agir Guy Bricout, de prolonger de cinq à douze jours la durée du congé en cas de perte d’un enfant. Ils ont voté contre, car comme l’a dit la députée du Var Sereine Mauborgne, il est « trop facile de s’acheter de la générosité sur le dos des entreprises ».
Et voilà le MEDEF, celui d’hier et celui d’aujourd’hui, qui en deux tweets se refait une humanité sur leur dos. Car le MEDEF, lui, a fait ses comptes, et sait bien que la généreuse prolongation ne coûtera quasiment rien au patron, la mort d’un enfant étant heureusement un événement rare. Et les voilà cocufiés par le MEDEF. Et voilà Macron acculé à les appeler à « faire preuve d’humanité » . Et voilà, spectacle rare, Penicaud sortant les rames pour confesser « une erreur collective », « en niant ses envolées antérieures ».
Dans l’épisode, personnellement, ce n’est pas l’inhumanité initiale, qui me semble la plus effrayante. Le vote initial de la majorité LREM, c’est du macronisme ordinaire, assaisonné aux couvertures du « Point » : allez savoir si les fraudeurs, les assistés, ne vont pas profiter de la mort du gosse pour tirer leur flemme le plus longtemps possible, exploiter le système, tirer sur la corde, se la couler douce douze jours, se complaire dans une douleur morbide quand il faudrait au contraire aller de l’avant, positiver, foncer, et que rien ne vaut pour cela, on le sait, la thérapie par le boulot, pour s’adapter, encore et toujours, au monde qui bouge, lui, et ne regarde pas en arrière.
Mais le revirement dit autre chose. Contrairement à ce qu’analysent de valeureux constitutionnalistes, il ne dit nullement que Macron est le seul patron de sa majorité. Il rappelle surtout que Macron a lui-même un patron, qui s’appelle Geoffroy Roux de Bezieux. Le revirement de la Macronie, Macron au premier rang, sur claquement de doigts du patronat, dit l’obéissance aveugle immédiate. Au patronat « humain » aujourd’hui, à d’autres ordres demain, comme hier. Avec ceux-là, tout est possible.
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Positivons : ils ont beau « revirer », le mal est fait dans l’opinion. Des responsables de tout poil, des ministres, se déconsidèrent, ils enchaînent des bourdes lourdes de sens, de vilains scandales et le garde-à-vous vacille quelque peu. C’est un bon début, mais il faut continuer le combat et frapper là où ça fera vraiment mal en effet.