Bonjour !
Ce billet reprend des éléments d’une discussion tenue avec une amie chère au cerveau affûté, bio-ingénieure de formation. La « lettre à Charlie » en question (PDF), écrite par un professeur non médecin à l’Université de Bordeaux, est longue de 16 pages que je n’ai pas lues en entier, et j’explique plus bas pourquoi je n’y ai pas consacré plus de mon temps de lecture disponible, déjà très encombré. Lorsque je relève dans un texte des abracadabranteries patentes, je l’écarte, sachant qu’inévitablement des choses exactes peuvent y être avancées, qu’en général je trouverai ou ai déjà trouvées ailleurs, surtout si elles sont cruciales.
Je présente donc ceci au cas où les heures déjà passées à cette affaire qui a fait son « buzz » seraient utiles à l’une ou l’autre lectrice ou lecteur.
S’agissant de Charlie-Hebdo, il y a longtemps que je ne le lis plus, alors que je fus abonné au Charlie première mouture, avant que Philippe Val n’en fasse une machine à cash à son service, et qu’aujourd’hui l’hebdomadaire, sous couvert de critique de la bêtise religieuse, s’en prenne aux croyances d’une population discriminée avec toutes les armes légitimes de l’anticléricalisme français historique, qui, elles, opposaient les Français « de souche » entre eux. Charlie-Hebdo participe aujourd’hui à sa façon à ce qu’Henri Goldman a appelé une « névrose de l’altérité » française, vision à laquelle j’adhère. Je ne suis pas ce Charlie-là.
Cette lettre a été publiée sur le site du CRIIGEN que j’ai déjà vu répandre des peurs tout en affirmant la toute faible probabilité de survenance de la chose: recombinaison aléatoire, imprévisible et potentiellement gravissime …ou anodine, du virus SARS-CoV-2 avec d’autres virus par exemple de la même famille, sans que la vidéo du scientifique suisse très posé et très pédagogique explique en quoi ce risque serait plus important avec les vaccins à ARNm que dans la vie normale des virus où il existe tout aussi bien. Un de mes mantras est que dans cette crise du covid-19, nous assistons entre autres choses à une guerre des peurs.
Les soulignés dans les citations sont de moi. Vous pouvez consulter l’article entier de Prescrire ci-dessous mentionné (4 août 2021), « Effets indésirables connus des vaccins à ARNm à la mi-2021 ».
La revue Prescrire est une revue professionnelle réputée, destinée aux médecins …prescripteurs, pas aux médecins ou scientifiques de laboratoire qui n’ont jamais vu un mort, comme disait l’un d’entre eux. Prescrire est rigoureusement indépendante et n’a pas attendu le covid-19 pour critiquer sans ménagement ni illusion le big pharma. La revue, dont chaque article présente une riche bibliographie scientifique en plusieurs langues, publie depuis des lustres, chaque année, la liste des médicaments dangereux présents sur le marché français, une publication qui fait événement et autorité.
Quelques éléments donc à propos de cette lettre à Charlie:
—————————————–
La discussion de savoir si les vaccins à ARN messager sont de « vrais » vaccins est totalement oiseuse.
Mais c’est un classique dont les « antivax » ne se lassent pas. On voit à quelle définition ridicule l’auteur de cette lettre est mené pour énoncer ce qu’est un « vrai vaccin » :
Prenons l’exemple du vaccin contre le tétanos : administré, il protège contre la bactérie Clostridium tetani très efficacement, sûrement (il y a un recul de plusieurs décennies avec une pharmacovigilance à la pointe), et durablement, c’est à dire pendant une vingtaine d’années. Un rappel tous les vingt ans suffit à protéger la vie entière. C’est ce que l’on peut appeler un vrai vaccin.
Il se fait que la technique à ARN messager, très élégante sur le plan conceptuel, est disruptive. Je ne peux m’empêcher de penser que son caractère innovant nourrit les peurs ancestrales que suscite la nouveauté, semblant s’étendre ici aux vaccins contre le covid-19 construits sur des techniques plus classiques et anciennes, puisque aucun sous-groupe parmi les opposants aux vaccins ne fait la différence et que tous rejettent en bloc tous les vaccins contre le covid. …Ni de me souvenir qu’au XIXème siècle, lorsque les ingénieurs ont annoncé que les trains de passagers atteindraient bientôt les 35 kilomètres à l’heure, des professeurs de médecine ont démontré qu’à cette vitesse extravagante, les passagers mourraient. Il n’y a pas de raison que cela s’arrête, Internet ou pas, au contraire en fait.
—————————————–
CRIIGEN – Lettre à Charlie :
On nous affiche un taux de mortalité lié à la vaccination très faible, mais enfin, sur 162 millions de personnes complètement vaccinées aux États-Unis on atteint à la mi-juillet 2021 plus de 12.300 morts et donc un taux égal à 0,0076 % (12.313 x 100/162.000.000).
Morts de quoi ? En cherchant dans la source citée plus que largement, c’est-à-dire vaguement, https://vaers.hhs.gov (USA), on découvre des données consultables en vrac dans d’énormes fichiers, exploitables seulement par des informaticiens professionnels spécialistes en bases de données, invérifiables par tout autre usager. En foi de quoi, je passe.
—————————————–
CRIIGEN – Lettre à Charlie :
Le même CDC a estimé les risques liés à la vaccination chez les jeunes de moins de 25 ans : elle est de 50 cas de cardiopathie pour 100.000 contre 15 cas de forme sérieuse du covid-19 pour 100.000.
Chiffres par cent mille. Si je ne me trompe pas (Wikipedia), dans leur presque totalité, ces « cardiopathies », qui sont en fait des myocardites et des péricardites, régressent spontanément sans séquelles. C’est bien ce que confirme la revue Prescrire, relayant le même CDC (bis) étasunien, ci-dessous.
Revue Prescrire :
Péricardites, myocardites.
Mi-2021, suite à l’analyse de cas rapportés en Europe et dans le monde, le Comité européen de pharmacovigilance (PRAC) a conclu que les vaccins à ARNm exposent très rarement à des myocardites et à des péricardites, des inflammations du coeur.
Le plus souvent, elles sont survenues dans les 14 jours après la deuxième injection chez des adolescents ou des jeunes hommes âgés de moins de 30 ans et ont régressé en quelques jours (8,10,11).
À la mi-juin 2021, selon le Centers for disease control and prevention (CDC) étatsunien, 1 226 cas de myocardite avaient été notifiés aux États-Unis d’Amérique avec un vaccin à ARNm. La moitié des personnes concernées étaient âgées de moins de 26 ans. Les trois quarts étaient des hommes.
Les symptômes sont survenus dans les 3 jours suivant la vaccination, surtout après la deuxième dose.
Le CDC estime que pour un million d’hommes âgés de 12 ans à 29 ans ayant reçu deux doses de vaccin à ARNm, environ 39 à 47 seraient atteints d’une myocardite ou d’une péricardite, tandis que 560 hospitalisations, 138 admissions en soins intensifs et 6 morts dues à la maladie covid19 seraient évitées ; et pour un million de femmes âgées de 12 ans à 29 ans ayant reçu deux doses de vaccin à ARNm, environ 4 à 5 seraient atteintes d’une myocardite ou d’une péricardite, tandis que 922 hospitalisations, 73 admissions en soins intensifs et 6 morts dues à la maladie covid19 seraient évitées (10).
Par million!
Il y a un problème, et ça ne donne pas l’envie de lire les 16 pages!
…Et pas de chiffres, rien, sur les « covid longs » , symptômes de ces contaminés guéris vivant avec de lourdes séquelles (déficience cognitive, troubles de l’humeur, fatigue ou épuisement persistants, essoufflement rapide, migraines tenaces…) qui sont plutôt invalidants et encore largement ou totalement incompris, et seront éventuellement bien plus longs qu’ils ne le sont aujourd’hui, on ne le sait pas encore. En quoi la « grippette » du covid n’est pas si quelconque que ça. Et une peur, une.
À propose du covid long, et ceci est une autre histoire, une équipe de journalistes scientifiques du Monde a estimé sous le contrôle d’un service universitaire, les dégâts du refus de Macron de procéder au confinement recommandé par la plupart de ses conseillers en février 2021, vu la vague des contaminations qu’ils attendaient. Cette décision aurait coûté 14 600 décès, 112 000 hospitalisations, dont 28 000 en réanimation, et 160 000 cas de Covid-19 longs. L’unité Maladies infectieuses et vecteurs, écologie génétique, évolution et contrôle (Mivegec) de Montpellier s’est livrée au même exercice et a conclu à un même ordre de grandeur de 17.000 décès, entre 9.000 et 20.000, selon le scénario de sortie, et sans autre précision citée dans l’article du Monde.
Terminons par une parenthèse dans la parenthèse: certains hurlent au seul mot de confinement, qui outre d’être difficile et toxique pour les populations, c’est certain, serait aussi inefficace. Voyez les courbes de la grippe saisonnière, mise à zéro dans tous les pays dont le confinement a été un élément de leur brouillonne politique.
—————————————
La vie continue.
Guy
Un sénateur, je ne sais plus lequel, et pour une fois qu’il y a pertinence dans les propos d’un sénateur, je le souligne, un sénateur, donc, a dit, pour répondre aux discours anti-vaccin : « nous sommes passés de Socrate à Francis Lalanne ».