La richesse du monde, mais à quel prix ?

(Billet publié aussi sur le blog d’Attac Liège)

Bonjour !

Le PIB, mesure convenue de la richesse des nations, n’est pas que le PIB.
Il ne considère que deux facteurs de production, le travail et le capital, et exclut totalement la consommation/destruction de ressources naturelles supposées gratuites.
À quel coût en fait produisons-nous nos richesses, en proportion des ponctions faites sur notre planète « gratuite » ?

Jean-Marc Jancovici, dans une conférence TedX, propose une évaluation « à la louche », amusante et effrayante, très pédagogique, de la consommation/destruction annuelle de notre maison planétaire.

Cet exposé dans l’exposé dure cinq minutes à partir de ce moment-ci exactement. Voyons ce qu’il en est.

Valeur minimale de notre planète « gratuite » par personne

Si on prend le coût de la station spatiale, 100 milliards de dollars pour permettre à 6 personnes de vivre en-dehors de notre planète gratuite (dans un tout petit sous-ensemble en fait : eau, air, chaleur, alimentation, sans tout le reste, le sol, la culture, les saisons, la mer, etc), il s’ensuit que notre planète « gratuite » vaut au moins 15 milliards de dollars par habitant.

Consommation annuelle de notre « capital » naturel

Venons-en au point crucial.
« La question est », dit Jancovici : « Quelle fraction de notre planète gratuite, considérablement sous-évaluée ici à 15 milliards par personne, consommons-nous chaque année ? »

  • Les poissons commercialement intéressants : 90 % ont disparu en un siècle, soit une consommation du « capital » naturel d’1 % par an.
  • Le pétrole : la moitié de ce qui est extractible a été tirée des couches terrestres depuis +- 1920, ce que notre auteur évalue aussi à environ 1 % par an.
  • Les forêts primaires ont perdu 70 %.
  • Une partie des sols cultivables, reconstituables en +- 100.000 ans, ont été perdus (évalués aussi à 1 % par an actuellement par Fabian Scheidler(1)).
  • Une fraction des phosphates, de la potasse, du sable, du calcaire en surface, reconstituables en quelques millions d’années.
  • Une fraction des métaux, reconstituables en quelques milliards d’années
  • Perte d’un système climatique stable, reconstituable à l’identique en quelques dizaines de milliers d’années.

Admettons que nous consommons 1 pour-mille de notre capital naturel chaque année. Au prix de la station spatiale, cela nous fait une usure de 15 millions par an et par habitant, alors que le PIB mondial par habitant est estimé à 15.000 dollars. (Banque mondiale : 22.850,4 dollars à parité de pouvoir d’achat en 2023.)

Au final, quand nous nous « enrichissons » de 1 (production de valeur économique), nous détruisons 1.000 de notre capital :

…Notre « croissance » est une décroissance. Ou pire !

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  1. Conférence donnée à Liège le 19 février 2025, Le temps des monstres.[]

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