« Le problème que je pose en permanence est celui de savoir comment faire entrer dans le débat public cette communauté de savants qui a des choses à dire sur la question arabe, sur les banlieues, le foulard islamique… Car qui parle dans les médias ? Ce sont des sous-philosophes qui ont pour toute compétence de vagues lectures, de vagues textes, des gens comme Alain Finkielkraut. J’appelle ça les pauvres Blancs de la culture. Ce sont des demi-savants pas très cultivés qui se font les défenseurs d’une culture qu’ils n’ont pas, pour marquer la différence d’avec ceux qui l’ont encore moins qu’eux. »
(Entretien dans L’Hebdo, 14 novembre 1991) »
C’est dans « L’abécédaire de Pierre Bourdieu », de la revue Ballast, avec une vingtaine d’autres citations. Celle-ci par exemple, sur le rôle des intellectuels:
« Il n’y a pas de véritable démocratie sans véritable contre-pouvoir critique. L’intellectuel en est un, et de première grandeur. C’est pourquoi je considère que le travail de démolition de l’intellectuel critique, mort ou vivant — Marx, Nietzsche, Sartre, Foucault… —, est aussi dangereux que la démolition de la chose publique et qu’il s’inscrit dans la même entreprise globale de restauration. J’aimerais mieux, évidemment, que les intellectuels aient tous, et toujours, été à la hauteur de l’immense responsabilité historique qui leur incombe […]. Si je n’ai guère d’indulgence pour les intellectuels “irresponsables”, j’aime encore moins ces responsables “intellectuels”, polygraphes polymorphes, qui pondent leur livraison annuelle entre deux conseils d’administration, trois cocktails de presse et quelques apparitions à la télévision. »
(Contre-feux, volume 1, [1991], Raisons d’agir, 1998)
Ce sont ceux-la mêmes que Noam Chomsky, détesté en France pour les raisons qu’on sait, appelait des clercs; des gens qui font sous prétexte d’intellectualité leur boulot. Simplement leur boulot au service du « patron ».
Et faire son boulot n’a jamais fait de qui que ce soit un intellectuel digne de ce nom; ce serait un peu trop facile. Si penser et réfléchir l’étaient (facile), eh bien on n’en serait pas là, or c’est là qu’on est et il n’y pas lieu de s’en réjouir.
Sauf si on se satisfait de peu ou de rien évidemment, ce qui conforte la pensée facile, l’ignorance.
Le jugement est sévère. Je n’aime pas beaucoup le ton doctoral de Finkelkraut mais je le croyais cultivé puisqu’il connaît l’orthographe, la grammaire, la ponctuation et qu’il sait lire couramment….