C’est sous le titre « Écocide, urbicide, technologie : nouvelles leçons guerrières au Proche-Orient », que Stéphanie Dadour, historienne de l’architecture, livre sur AOC.media un article remarquable, où à propos de la destruction de Gaza elle tente d’atteindre « le lectorat qui ne semble pas concerné par la complexité d’une situation géopolitique trop lointaine, [pour] ne plus parler de la guerre comme d’une injustice trop souvent abstraite, mais aborder le sujet depuis l’actualité et les intérêts de l’Ouest: écologie, construction et technologie ».
Écologie-construction-technologie, une trilogie permettant de sortir des aspects géopolitiques qui peuvent nous sembler incompréhensibles ou sur lesquels nous n’avons aucun contrôle à l’échelle individuelle ou collective.
Hélas cependant, nous savons par ailleurs Lire la suite
Soirée organisée par les Veillées pour la Palestine, qui se rassemblent depuis plus d’un an chaque mercredi et chaque samedi à 18 heures (jusqu’à environ 19 heures) devant la gare des Guillemins à Liège.
Voici un riche et dense entretien publié par Blast-info, avec Ilan Pappé, « nouvel historien » israélien et auteur de Le nettoyage ethnique en Palestine(1)
Ilan Pappé énonce trois mythes du narratif d’État israélien, dont l’étude historique démontre la fausseté:
1. Israël face aux Arabes et Palestiniens, c’est David et Goliath.
2. Le plus important à ses yeux: Les leaders arabes et palestiniens ont demandé aux Palestiniens de quitter leur terre, et c’est pour cette raison qu’ils sont devenus des réfugiés. Israël n’y a aucune responsabilité.
Le 19 juin, la revue médicale The Lancet a publié avec quelque discrétion une contribution intitulée « Compter les morts à Gaza : difficile mais essentiel » (1), qui a néanmoins circulé dans de nombreux médias. Les trois auteurs sont Rasha Khatib et Salim Yusuf, qui déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt, et Martin McKee, membre du comité de rédaction de l’Israel Journal of Health Policy Research et du comité consultatif international de l’institut national israélien dont relève cette revue.
Le seul organisme qui compte les morts gazaouites dans cette triste histoire est le ministère de la santé de Gaza. Comme le gouvernement américain, le gouvernement israélien conteste les chiffres, mais ses propres services de renseignement les considèrent comme fiables (2), de même que l’ONU, l’OMS et les ONG présentes sur le terrain ou à l’extérieur. Un article du The Lancet de janvier 2024 est intitulé « Pas de preuves d’exagération des chiffres de mortalité par le Ministère de la Santé de Gaza » (3).
Pourquoi est-il important de compter les morts?
L’histoire des conflits montre que cette difficile et macabre comptabilité est source de confusions et désaccords dans les plans, consécutifs à la guerre, d’indemnisation ou de réparations, ou devant les tribunaux. « Un suivi solide et vérifiable de la mortalité sera essentiel pour éclairer les décisions humanitaires et politiques et documenter leurs conséquences ultimes. » Les institutions internationales ont besoin de ces relèvements, les historiens et universitaires aussi, et des ONG y travaillent depuis des années sur différents « théâtres d’opération », comme airwars.org qui s’y attache avec une extrême précision, pour « faire pleinement reconnaître aux gouvernements et aux acteurs militaires leur responsabilité dans le bilan humain complet de leurs actions. »
Compter les morts de la guerre actuelle à Gaza
Le ministère de la santé à Gaza a dû, à mesure des destructions, ajouter des décès mentionnés par des sources fiables et recoupées, à ses chiffres d’abord relevés dans les hôpitaux. Sa statistique indique désormais le nombre de corps non identifiés parmi les personnes décédées, soit, au 10 mai 2024, 30 % du total de 35.091 décès documentés. Diverses officines ont tenu à considérer le nombre de morts non identifiés comme abusif, mais l’unanimité des observateurs sur place et à l’extérieur considère qu’il y a une sous-estimation du total, les décombres non déblayés concernant selon l’ONU 35 % des bâtiments de Gaza fin février, et aujourd’hui (fin juillet) 70 %.
On appelle indirectes les morts provoquées par un conflit, mais survenant après, liées aux maladies, aux blessures soignées tardivement, à la destruction des infrastructures de santé, aux manques d’abris, aux pénuries de nourriture et d’eau… Elles peuvent survenir dans les mois et les années qui suivent.
Or dans les conflits récents, les morts indirectes vont de 3 à 15 fois le nombre de morts directes selon le commissariat aux réfugiés des Nations-Unies à Genève.
En adoptant un « prudent » rapport de 4 morts indirectes par mort directe, un cessez-le-feu définitif au 19 juin se serait potentiellement soldé par un chiffre total de 186.000 basé sur les 37.396 recensés à cette date. (37.396 x 5)
En attendant, l’ancien militaire français Guillaume Ancel évalue le nombre de morts directes au 15 juillet, « en hypothèse basse », à 80.000… (4)
Amalek, comme on l’écrit aujourd’hui en Israël, désigne dans la Bible le chef des Amaléchites, décrits comme ennemis mortels des Juifs.
Le Créateur parle dans ce livre, que nombre d’Israéliens prennent pour un livre d’histoire (Shlomo Sand), et Il nous dit (c’est miraculeux! : il daigne nous parler), dans Samuel, premier livre (1S 15, 2-3) :
Tu frapperas Amalec ; et vous devrez vouer à l’anathème tout ce qui lui appartient. Tu ne l’épargneras pas. Tu mettras tout à mort : l’homme comme la femme, l’enfant comme le nourrisson, le bœuf comme le mouton, le chameau comme l’âne.
Plutôt sympa et an-historique – c’est à dire éternel! N’est-il pas? Lire la suite
Dans la nuit des dimanche 17 et lundi 18 mars, un groupe d’activistes a peint aux couleurs du drapeau palestinien les 374 marches de la Montagne de Bueren, rue en escaliers à Liège et première recherche des visiteurs étrangers.
Le bourgmestre Willy Demeyer (PS) s’est exprimé sur le nettoyage de la rue engagé dès le lundi par les services de la ville:
« le bourgmestre parle d’une procédure normale par rapport à un lieu patrimonial et souligne que des problématiques internationales ne doivent pas altérer la cohésion sociale à Liège, avec des risques d’affrontements. » (Todayinliège, 19 mars – aussi en PDF)
La première échevine, chef de file du deuxième parti de la majorité communale (Mouvement Réformateur, libéral), a repris à son tour les mêmes éléments de langage, Lire la suite
Tu occupes un territoire.
Tu en isoles une partie: pas de port, pas d’aéroport, pas de droit de pêche dans la mer qui est partout, pas de passages aux frontières.
L’autre partie, tu la colonises de la plus simple des façons. Tu expropries, tu chasses les gens, tu arrêtes au hasard, une bonne vieille façon qui grâce à toi ne prend pas une ride. C’est une cure de jouvence pour l’histoire mondiale de la colonisation, qui te remercie. Tu réussis dans la même tradition à sous-traiter une partie de tes opérations de police à des « locaux » . Lire la suite
Je me suis fait expliquer cette pancarte écrite en allemand.
Un mantra célèbre, dans l’Allemagne de 1945, était: « Wir haben es nicht gewusst », nous ne le savions pas, en piètre et peu convaincante excuse ou défense de ceux qui étaient restés passifs sous le nazisme.
S’ils avaient dit: « Nous avions peur », ou « trop peur » , cela aurait pu s’entendre.
Aujourd’hui, 78 ans plus tard, de jeunes Allemands retournent la phrase en soutien à Gaza, à l’encontre d’un gouvernement pétrifié qui ne peut s’extraire d’un soutien inconditionnel et lobotomisé, aveugle, à Israël.
Plus les quarts d’heure passent, et plus cette phrase me paraît forte. Et pas que pour nos amis allemands !
Bonjour!
21 janvier 2024.
Combien de fois ne me suis-je pas demandé si cela « valait la peine » de participer à une manifestation quelle quelle soit.
Eh bien, je n’ai plus aucun doute aujourd’hui. Lire la suite
La plainte de l’Afrique du Sud à La Haye, devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) contre l’État d’Israël, pour la prévention d’un crime de génocide, marque un renversement du monde, la fin et le début de quelque chose.
C’est l’équilibre mondial de 1945 qui continue de mourir à petit feu.
L’Occident, si prompt à se déclarer promoteur et défenseur des droits humains et de l’ordre juridique international, est incapable d’agir à la hauteur de ces prétentions dans l’affaire dite de la guerre israélienne à Gaza, et c’est un pays de ce que l’on nomme aujourd’hui « le sud global », ayant très peu de liens économiques ou autres avec Israël, qui allègue ces prérogatives universalistes devant la plus haute cour de justice des Nations Unies.
Ambiance, comme on dit entre nous.
France des Droits de « l’Homme », etc, bravo. Lire la suite
« La solution à deux États n’est pas durable » ?
Non.
Elle n’est simplement pas envisageable.
Les colons sont 800.000 en Cisjordanie et à Jérusalem. Tous les parallèles avec la décolonisation ailleurs et dans le passé (très européen) ne sont pas valables: il n’y a ici qu’un seul territoire entre le colonisateur et le colonisé. Que le colonisateur cesse de coloniser, et retourne chez lui? Mais où?
La seule issue historique est un État pour tous, d’une forme à construire, et d’abord par les intéressés. Cela risque de prendre des décennies, et comme le dit Shlomo Sand, il faudra une ou deux grandes catastrophes, au moins. L’autre option, du genre statu quo, serait mortelle pour Israël – elle l’est déjà pour les Palestiniens -, et source de formidables embrasements. Lire la suite