Bonjour,
Dans l’école où je travaille, les sandwichs vendus aux enfants et adolescents se composent d’un morceau de pain fendu et d’une couche d’un mélange fourni par l’industrie agro-alimentaire
On n’y voit pas un gramme de crudités, si l’on excepte les quelques « dagoberts » emportés dans les cinq premières minutes du premier service, et disparus depuis fin octobre en raison, se murmure-t-il, de l’épuisement d’un énigmatique budget. Comme si, et c’est bien possible, la recette de ces sandwichs (on les paie, tout de même) allait dans un tiroir totalement étranger au département « achats », dans la logique des compartiments étanches du Titanic.
On trouve par exemple, sous le nom de filet américain, une pâte ou pâtée contenant 47 % de viande, dont la moitié de porc, d’ordinaire proscrite crue en raison de sa rapide dégradation, et 53 % d’autres choses, huile, huile, huile, « émulgateurs » ou émulsifiants, conservateurs alimentaires, jaune d’oeuf, colorants…
Présenter cette mixture à des gosiers en pleine croissance me paraît nécessiter comme une longue chaîne de paresse intellectuelle, d’empilement des déresponsabilités, de grégarité aveugle. Une petite démonstration en actes de l’impuissance du service public, par ceux-là même qui en vivent et le peuplent.
Pour tout dire, ce dégât collatéral de l’enseignement obligatoire me paraît tenir du crime plus que du délit, et deux fois plutôt qu’une: pour atteinte à la santé de la jeune génération d’une part, pour dégradation du projet collectif d’éducation de l’autre.
Vendre ça à des ados dans une école devrait être illégal et le sera, je l’espère, prochainement.
…À ces remarques peu amènes, un collègue m’a opposé que l’on avait essayé les crudités, mais qu’on en avait retrouvé à terre dans la cour de récréation – signifiant par là, j’imagine, que d’abord les jeunes n’en veulent pas, et qu’ensuite c’est de leur faute s’ils n’en reçoivent pas.
Que les écoles adoptent donc la tétine automatique de l’élevage industriel ! Enfin une propreté optimale!
Et des petits malins pourront y ajouter en douce du bromure ou des calmants, au goutte à goutte.
Le film dont je vous transfère ici l’annonce, donne à réfléchir sur les conditions modernes de la production alimentaire, et met l’accent sur la responsabilité des adultes à l’égard des générations montantes. Des pathologies lourdes prospèrent sur ce terreau, et la question dépasse bien entendu très largement le périmètre restreint de mon bahut en région liégeoise.
Heureusement, on le voit dans le film, quelques écoles ou pouvoirs locaux s’insurgent, quelques experts aussi.
Il y a même un Monsieur Belpomme dans le mouvement, ça ne s’invente pas.
Bien à vous!
Guy
Lien immédiat pour la bande-annonce (mais vous ratez le site du film) : http://www.dailymotion.com/video/k4xfFdegRczg99P2bC