Complicités belges dans l’armement israélien

Produit par FN Herstal (photo Grip)
Produit par FN Herstal (photo Grip)

Une Carte blanche du MIR-IRG dans Le Soir du 19 janvier donne des précisions sur les complaisances de la Région Wallonne, s’agissant de permis de transit par l’aéroport de Bierset de matériel militaire vers et en provenance d’Israël. De 4 à 5 vols par jour ! À cela s’ajoute la participation d’entreprises belges à des programmes militaires israéliens. Et les régions bruxelloise et flamande ne sont pas en reste.

Pistes d’action et de revendication ?

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Pendant que les bombes tombent sur Gaza, c’est ici que sonne la caisse

jeudi 15 janvier 2009, 09:51   [En rouge, c’est moi qui souligne, G. L.]

Vredeactie MIR-IRG, branche belge du Mouvement International de Réconciliation

Karel De Gucht, le ministre des Affaires étrangères, s’oppose fortement à l’attaque israélienne sur Gaza et demande un armistice. Signal plutôt positif. Néanmoins, il semble que la politique belge excelle dans ses déclarations, mais pas dans ses actes.

En 2008, l’aéroport de Bierset est devenu la plaque tournante du trafic d’armes en provenance et à destination d’Israël. Le transport de fret de la compagnie aérienne El Al est une ligne de vie pour l’armée israélienne et se charge deux à trois fois par jour du transport en provenance ou à destination des Etats-Unis, en s’arrêtant à Bierset. Aussi, l’exportation d’armes belges vers l’Israël a fortement augmenté depuis 2004. Tout comme durant la guerre de 2003 en Irak, il semble que les principes s’arrêtent là où les intérêts financiers commencent.

Il y a peu, El Al passait par Schiphol aux Pays-Bas. En 2005 et 2006, 160 millions d’amorces, 17 millions de munitions et des dizaines de milliers de fumigènes ont notamment été livrés depuis les Etats-Unis à l’armée israélienne via cet aéroport. En ce qui
concerne les permis de transit, le gouvernement régional wallon n’est pas aussi transparent que le gouvernement des Pays-Bas, qui les fournit assez rapidement. Pendant que les bombes tombent sur Gaza, de nouvelles munitions sont livrées à l’armée israélienne, via Bierset.

CAL, une autre compagnie israélienne, fait le même itinéraire avec deux vols par jour.
Elle transporte des produits agricoles israéliens, provenant entre autres des implantations israéliennes situées dans les territoires occupés. Il est rare que le chemin du retour ne se fasse sans chargement d’armes. De 20 à parfois 50 % des vols sur Bierset atterrissent pour le compte de ces sociétés. Il semble vraisemblable qu’il ne faut pas déranger les clients les plus importants avec des législations sur les exportations d’armes.

Il est frappant de voir que les exportations d’armes belges vers Israël ont fortement augmenté depuis 2004. La guerre contre le Liban n’a pas non plus été un obstacle à la poursuite de ces exportations. Le plus scandaleux dans cette politique d’exportation laxiste est que la Région bruxelloise n’a jamais refusé un seul permis. En 2005 et en 2007, Sabca a décroché un contrat de modernisation pour la force aérienne israélienne.
Valeur : 9.928.601 euros. Les conséquences sont ressenties à Gaza et sont visibles quotidiennement à la télévision.

En 2007, la Région wallonne a également accordé des permis d’exportation d’armes pour l’Israël : 210.000 euros de matériel pyrotechnique pour les munitions (probablement PB Clermont) et 270.000 euros pour des pièces de voitures blindées. Il est également vraisemblable qu’une livraison de pièces d’avions en provenance de Sonaca ait été autorisée.

Précisons que cette société travaille avec IAI-MALAT (Israël Aircraft Industries) sur des modèles d’avions sans pilote. Ces UAV sont visibles et opérationnels au-dessus de GAZA. Il y avait en définitive encore quelques permis pour des pièces de renforcement d’appareillage en région bruxelloise et wallonne, avec vraisemblablement comme fournisseur BATS d’Angleur.

En 2007, la Région flamande a accordé sept permis pour une petite somme de 500.000 euros, essentiellement à OIP (propriété de l’Elbit israélien), pour des appareils de vision nocturne avec des systèmes de guidage. Ces permis ont néanmoins été destinés à d’autres destinations (l’exportation d’équipement de précision de tireur vers la Colombie est tout aussi inquiétante que ces mêmes exportations vers le Népal en 2002). Celle-ci n’était donc pas destinée à l’armée israélienne, mais renforce bien l’industrie de défense israélienne et de cette façon lui est une aide indirecte.

La loi sur les armes affirme qu’un permis d’exportation ou un permis de transit est refusé lorsqu’il existe suffisamment d’indications à l’égard d’un pays destinataire donné :
– que l’exportation ou le transit y contribuera à une violation flagrante des droits de l’homme, qu’il existe un risque manifeste que le bien dont l’exportation est envisagée serve à la répression interne ;
– que l’exportation provoque ou prolonge des conflits armés, aggrave des tensions ou des conflits ou en cas de guerre civile dans le pays de destination finale;
– que l’exportation comporte un risque manifeste que le pays destinataire utilise le matériel en cause de manière agressive contre un autre pays ou pour faire valoir par la force une revendication territoriale.

Qu’est ce qui doit encore être fait pour qu’un permis de matériel de guerre destiné à l’Israël soit refusé ? Messieurs les politiciens, merci pour les déclarations vrombissantes, mais la loi devrait primer !

 www.vredesactie.be ; www.wri-irg.org

NDLR : le GRIP vient de publier une note d’analyse : « Les transferts d’armes de l’Union européenne et de la Belgique vers Israël. Quelle conformité avec le Code de conduite en matière d’exportation d’armements ? », par Caroline Pailhe.

Sang et CO2 à Bierset

(Article publié originellement sur acontrecourant.be)

 

« Un rapport réalisé il y a peu par un groupe d’ONG des Pays-Bas (United Civilians for Peace, UCP) indique que 90% des fleurs exportées par Israël sont exportées vers les Pays Bas avant d’être vendues au reste du monde. Selon ce même rapport, on compte environ deux vols de nuit par semaine vers le Luxembourg et dix vols de nuit par semaine vers l’aéroport de Liège, centre principal de transport aéronautique des produits d’Israël vers l’UE. »« La compagnie aérienne israélienne Cargo Air Line (CAL) ainsi que TNT (compagnie hollandaise qui, selon le rapport cité plus haut, entretient des liens avec les entreprises installées dans les colonies d’Israël) se sont installées très tôt à Bierset, où elles ont pu profiter de normes moins sévères qu’à Schiphol aux Pays-Bas. »(in Le commerce fructueux de l’exploitation, de l’expropriation et du vol http://www.radioairlibre.be//infos/Agrexco-Israel.htm)

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Le directeur de Liège-Bierset adore son boulot. Dans un organe de la presse gratuite (la mal nommée), son sourire en couverture, il dit sa fierté de « travailler pour l’avenir de sa région ».

Il n’est pas le premier à confondre le court terme avec l’avenir, ni ses fins de mois personnelles avec la prospérité collective.

Vous avez remarqué comme les hommes d’affaires aiment se prendre pour des visionnaires, alors que la négation, qui se dit en leur langue « externalisation », celle des coûts, des problèmes et des concepts, est au coeur de leur pratique quotidienne et de leurs relations avec l’environnement, qu’il soit naturel ou social ?

Pendant combien d’années croyez-vous que de leur côté les affairistes publics wallons, maîtres d’oeuvre à Bierset, vont réussir à favoriser et imposer cette hérésie économique, politique, éthique et environnementale : avions chaque nuit pour les fleurs et fruits d’Israël, produits là-bas dans un des derniers États coloniaux de la planète, en une économie de rapine guerrière et théocratique, et en violation du droit international ?

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« Agrexco appartient pour 50% à l’État israélien et tous les produits exportés [des colonies] de la Vallée du Jourdain sont emballés et vendus par eux. »

« (…) certains produits israéliens sont emballés en France ou en Suisse par Delhaize, Carrefour, Auchan, Monoprix, Intermarché ou Leclerc (jus de fruits Jaffaden), etc. avec un code barre français. »

« (…) L’exportation par Agrexco de marchandises provenant des colonies de Cisjordanie sont illégalement vendues en tant que « Produits d’Israël », tirant ainsi bénéfice des termes de l’échange préférentiel que l’Europe accorde aux importations israéliennes. »

« Les produits sont labellisés CARMEL, JAFFA ou STAR RUBY »

(Dans Apartheid et Agrexco dans la Vallée du Jourdain http://www.ism-suisse.org/news/article.php ?id=3769&type=campagne)

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Les mains humiliées des cueilleurs sont couvertes de sang et le circuit de livraison est opaque : les participants à ce commerce d’avenir n’ont pas le courage d’afficher l’origine des produits. Au Delhaize, les avocats Carmel sont présentés dans des cartons espagnols, comme nombre de produits Agrexco en Europe. La traçabilité est brouillée et les fleurs seront en général vendues comme provenant des Pays-Bas : après la fable des Israéliens faisant pousser des oranges dans le désert, voici celle des Hollandais produisant des oeillets sous la neige.

À Bierset, une débauche d’aides publiques pas très regardantes pousse haut le coût public de l’emploi privé. Luc Misson, avocat des riverains, l’évaluait en 2004 et au bas mot, à 11.357.183 francs (281.500 euros) par unité. Mais le double est probable !

« – Le 20 juillet 2000, le Gouvernement wallon déclarait évaluer les dépenses à 18,5 milliards de francs belges. »

« – En mars 2003, la SOWAER qui assume cette mission actuellement, évalue les dépenses à 27 milliards de francs belges. »

« – L’évaluation a donc augmenté de 46 % en 3 ans. Il est généralement avancé par les autorités wallonnes que le développement et l’équipement de l’aéroport de Bierset coûtera 20 milliards de francs belges. 10 fois le budget annoncé en 1996 ! Pourtant nombreux sont ceux qui pensent qu’au total l’équipement de l’aéroport, les rachats et les insonorisations coûteront plus de 40 milliards de francs belges. »

« Nous pensons qu’on sera en bout de course plus près des 40 milliards que des 20 milliards annoncés mais le démontrer demanderait trop de développements. »

« Si même l’investissement public devait se limiter à 20 milliards, il faudrait de toute manière en conclure qu’à Bierset pour créer 1.761 emplois (souvent de mauvaise qualité), on dépenserait 11.357.183 francs par emploi créé. »

Et encore faut-il y ajouter un coût, qui n’est pas seulement économique, infligé aux riverains eux-mêmes.

Résumé:

1, 2, 3
* Cologne ne voulait plus de TNT.
* Schiphol est trop exigeant.
* Bierset accueille les nuisances, à l’unanimité de trois vieux partis, par l’odeur alléchés.

4, 5
* Des chômeurs acceptent des temps partiels de nuit, pour les fuir dès que possible : un tiers des ouvriers quittent TNT chaque année. (rapport Misson ci-dessus)
* En provenance de colonies d’Israël, illégal, camouflé, nocturne, honteux, polluant, bruyant, s’ensuit un transport de produits valant leur poids de sang, d’humiliation et de CO2.

et 6
* Ce que les électeurs n’auront pas la sagesse de refuser dans une saine prévoyance, le tarissement du pétrole à bon marché et la panique climatique l’imposeront dans la douleur.