– Salut, Rrrr. Tout va bien?
– Ça va ça va. Enfin, il me semble. Aussi bien que possible, les choses étant ce qu’elles sont.
– Tu as vu ce texte d’un Américain, qui dit dans un journal de New York que la France est le pays au monde où il fait le meilleur vivre?
– Oui, j’ai lu.
– On peut boire du vin ou de l’alcool en France, croire en Dieu ou pas, tromper sa femme sans courir d’opprobre, et on dispose là-bas d’écoles gratuites.
– Oui, j’ai lu ça. Pourtant, les riches Français s’installent à Bruxelles.
– Oui, à Molenbeek.
– Hi hi. Et les étudiants français fuient en nombre l’école française gratuite, …pour l’école belge.
« La France incarne tout ce que les fanatiques religieux ont toujours haï : la jouissance de la vie sur Terre d’une myriade de façons : une tasse de café parfumé et un croissant au beurre le matin, de belles femmes habillées en robes courtes qui sourient librement dans la rue, l’odeur du pain chaud, une bouteille de vin partagée entre amis, une touche de parfum, les enfants qui jouent au Jardin du Luxembourg, le droit de ne croire en aucun Dieu, de ne pas se soucier des calories, de flirter et fumer et de faire l’amour en dehors du mariage, de prendre des vacances, de lire ce qu’on veut, d’aller gratuitement à l’école, de jouer, rire, argumenter, de se moquer des prélats et des politiciens, de ne pas se soucier de la vie après la mort.
Aucun pays ne profite autant de la vie que les Français. Paris, nous t’aimons. Nous pleurons pour toi. Tu es en deuil ce soir, et nous sommes à tes côtés. Nous savons que tu riras à nouveau un jour, tu chanteras, tu feras l’amour et tu guériras, parce que l’amour de la vie est ton essence. Les forces du mal vont reculer. Elles vont perdre. Elles perdent toujours ».