La crise financière qui vient: Jacques Attali monte au créneau

D’après un dessin paru dans Tech Central (Afrique du Sud)

Bonjour!

Tout d’abord, joyeux dimanche…

La suite…  De nombreux observateurs ont annoncé un retour, forcément plus grave, de la crise de 2008. Condroz belge a déjà cité George(s) Ugeux, Gaël Giraud, Jean-Michel Naulot, Paul Jorion, le CADTM…

Jacques Attali de son côté, tire aujourd’hui même une sonnette d’alarme.

Il relève la titrisation massive de dettes aventureuses, c’est-à-dire de créances risquées, qui ne pourront être honorées qu’à condition d’une rentabilité future miraculeuse des emprunteurs. Ces derniers sont ici des entreprises US non cotées en bourse, et la mécanique d’ensemble est identique à la titrisation des contrats subprime avant 2008.

Je donne ici l’essentiel, pour notre propos, de son billet de blog, un peu trop prolixe à mon goût, Attali se montrant une fois de plus soucieux d’enrober sa science de morale et de moraline. Place à la raison:

Et voilà que cela recommence : Qui croirait qu’on pourrait un jour recommencer les erreurs de 1929 et celles de 2007 ? C’est bien pourtant ce qui est en train d’arriver.

En 2007, des banquiers américains peu scrupuleux avaient convaincu des salariés pauvres et peu informés qu’il n’était pas nécessaire de demander des augmentations de salaires, puisqu’il suffisait d’emprunter beaucoup pour acheter une maison et de gagner ainsi de quoi rembourser le prêt, et plus encore, grâce à la plus-value, certaine disaient-ils, de cette maison. On connait la suite : ces prêts, dit subprimes, ont été regroupés, découpés, titrisés sous le nom de CDO et revendus à tout le système financier mondial, qui mit plusieurs années à comprendre que la plus-value immobilière ne viendrait pas et que tout cela ne ferait que la fortune des prêteurs et la ruine des emprunteurs.

Aujourd’hui, tout recommence à l’identique. Sinon que ce ne sont plus seulement les salariés pauvres qui s’endettent (cette fois-ci pour acheter une automobile ou financer les études de leurs enfants), mais aussi les entreprises non cotées américaines : celles-ci empruntent, pour couvrir leurs pertes et en espérant des rentabilités folles, un argent qu’elles ne pourraient rembourser que si leur valeur augmentait bien au-delà de ce qui est imaginable. Des banques et des institutions financières américaines leur consentent ces prêts, puis, sachant qu’ils sont fort risqués, s’en débarrassent en les découpant, les titrisant et les revendant à tout le système financier mondial, cette fois sous le nom de CLO (Collateralized Loan Obligations). Et comme il y a dix ans, les agences de notation bénissent ces prêts qu’elles prétendent sans risque, ce qu’ils ne sont pas.
Mêmes causes, mêmes effets ; une nouvelle crise nous attend : ces prêts ne seront pas remboursés, car la hausse attendue des Bourses ne sera pas au rendez-vous.

Quelques chiffres : La moitié de ces prêts sont accordés avec des multiples supérieurs à 5 et avec des taux d’intérêt variables, ce qui les rend particulièrement dangereux ; le montant total de ces prêts était déjà de 1.300 milliards en septembre 2018, (dernière statistique disponible), soit le double du montant des subprimes au moment du déclenchement de la crise précédente. Plus de la moitié de ces prêts sont déjà titrisés et revendus dans le monde entier. 61% de ces prêts sont de mauvaise qualité, contre seulement 55% en 2007. La protection des prêteurs est bien moindre qu’il y a dix ans. Enfin, si le secteur bancaire est mieux contrôlé qu’il y a dix ans, il n’en va pas de même du « secteur bancaire fantôme », où tout se passe aujourd’hui.

On ne pourra donc éviter la catastrophe que si les banques centrales, comme la fois précédente mais sans doute plus massivement encore, rachètent toutes ses dettes, qui viendront gonfler leurs bilans, préparant un effondrement total de la confiance dans le système financier planétaire.

 

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