CoronaViral, 22 – La stabilité du coronavirus dans différentes conditions

Bonjour!

Quelle est la « durée de vie » (tout le monde), ou « stabilité » (les scientifiques), du coronavirus en-dehors du corps humain?
Autrement dit, quel temps faut-il pour que ce virus soit indétectable selon la température, selon la matière d’un support, ou selon l’usage d’un désinfectant?

La question n’est pas anodine! J’ai des amis « à risque » qui se font livrer leurs courses et désinfectent tout ce qui rentre dans leur maison, et je ne leur donne pas tort. Pas plus qu’à la maison de repos, où se trouve malheureusement une voisine après chimiothérapie, qui désinfecte, je ne sais comment, ce que les amis lui apportent, vêtements par exemple, puis « confine » les objets pendant trois jours dans un local dédié, avant qu’ils ne soient remis à la pensionnaire. Cela me paraît très raisonnable, tant la situation est périlleuse en maisons de repos.

Une étude très récente, réalisée par une équipe de chercheurs de l’université de Hong Kong, répond à notre question. Elle a été publiée par le journal britannique The Lancet le 2 avril: « Stability of SARS-CoV-2 in different environmental conditions » . Cette étude a bénéficié d’une contribution du National Institute of Allergy and Infectious Diseases américain, dirigé par l’infectiologue Anthony Fauci, également conseiller pas toujours très écouté de la Maison-Blanche, et d’une fondation privée hongkongaise, la Croucher Foundation, dédiée aux sciences naturelles, à la technologie et à la médecine à Hong Kong.  Voici le tableau qui résume leurs résultats:

Vous pouvez facilement télécharger ce tableau en tant qu’image, ou sur le site du Lancet (« Supplementary Material) » , accompagné de précisions méthodologiques (mais sans mes petites notes en rouge et en français ☺.) Parcourons les 3 sections A, B, et C.

A) Stabilité du SARS-CoV-2 selon les températures

Les colonnes « Mean » donnent les mesures détectées de la présence du virus.
Nous voyons qu’à 56 ° C, le virus devient indétectable après 30 minutes. Il s’ensuit que tout objet placé dans un four domestique, disons à chaleur tournante, serait alors désinfecté d’une présence éventuelle du SARS-CoV-2 (à partir du moment où cette température serait atteinte, dans sa masse, dans l’hypothèse où le virus pourrait se trouver tout au centre de cet objet mystérieux). Et il s’ensuit qu’un masque de protection, considéré comme jetable, après une heure à 60 °, se trouverait parfaitement réutilisable pour autant que ses composants (les élastiques…) supportent ce traitement. Ne jetez donc pas vos masques FFP2 après usage, car ils sont rares !
Pour la petite histoire, je me suis « amusé » à placer quelques bocaux de conserve du commerce, verticalement (il le faut!), dans mon lave-vaisselle réglé sur 70 °, et tous les bocaux ont parfaitement supporté la chose, les couvercles restant solidement vissés… Il faut au préalable retirer les étiquettes, qui parfois partent en quelques minutes de plongée dans l’eau froide, sinon l’on risque de saturer le filtre du lave-vaisselle. Mais bon, laissons ça à nos McGyver…

Nous voyons aussi, pour apprécier le tableau B, qui est établi à cette température, qu’en-dehors de tout effet de surface, la gouttelette contaminée ne perd ses virus qu’après 14 jours à 22 degrés.
En effet, la nature de la surface va modifier la stabilité ou « durée de vie » du virus, c’est le tableau B:

B) Stabilité du SARS-CoV-2 selon les surfaces

À 22° centigrades et dans une humidité relative d’à peu près 65 % (plus l’air est humide, et plus longtemps le virus subsiste), le virus devient indétectable sur le papier et sur le papier-tissu, après 3 heures.
Sur le bois et les vêtements, après 2 jours (ne jamais secouer les vêtements suspects!)
Sur le verre et les billets de banque (étonnant?), après 4 jours.
Sur l’acier inoxydable, le plastique et la couche intérieure d’un masque, après 7 jours.
Et sur la couche extérieure d’un masque, au-delà de 7 jours.

C) Stabilité du SARS-CoV-2 selon les désinfectants

Le temps, ici, comme pour les autres observations, est un facteur crucial.

L’étude montre le pouvoir de désinfection incroyable de l’eau de Javel (« bleach » ). Que ce soit à 1 % ou à 2 % dans de l’eau, l’eau de Javel désinfecte en 5 minutes, comme l’alcool ou éthanol à 70 % (ajouté dans le gel hydro-alcoolique à de l’eau oxygénée, avec un tout petit peu d’eau distillée et de glycérine, ou autre, pour ne pas dessécher la peau). Comme quatre autres désinfectants aussi, inconnus de Condroz belge, sauf le chloroxylenol, principe actif du Dettol. La dilution ici étudiée de ce dernier est 90 fois celle du Dettol dermatologique!

Je me dois encore de dire ici que l’infectiologue d’un des trois grands hôpitaux liégeois recommande l’eau de Javel à 10 centilitres par litre, comme premier désinfectant dans notre affaire. Pas sur la peau, bien sûr, et attention aux vêtements, que l’eau de Javel décolore définitivement.

Pour le savon, un test sur trois réalisé dans l’étude a donné une détection encore positive après cinq minutes.
Notez que la meilleure formule de préservation des mains en cas de lavages fréquents est le savon traditionnel à l’huile d’olive, avec ou sans glycérine, avec ou sans parfum, du genre Le Chat et d’autres marques moins connues. Mon médecin traitant voit des gens qui, à force de se laver avec d’autres savons, ont les mains crevassées.

 

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Veille The Lancet : Jacques du Guerny.
Ici, la liste des billets de ma série « CoronaViral » .

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