Mustapha Ourrad

Mustapha Ourad

 

Bonjour!

 

Nous pouvons lire dans Le Monde:

Mustapha Ourrad était correcteur à Charlie Hebdo après avoir longtemps travaillé pour Viva, le magazine des fédérations des mutuelles de France. Il était né en Algérie, mais se revendiquait «kabyle». Orphelin, il était arrivé en France à vingt ans au terme d’un voyage payé par ses amis.

Après un parcours chaotique, il avait intégré une maison d’édition puis divers journaux où il était apprécié pour ses qualités de correcteur, son érudition, mais aussi son sens aigu de l’autodérision.  Autodidacte, cet homme discret impressionnait ses amis par sa culture, notamment des philosophes et de Nietzsche en particulier. Il avait pour livre de chevet le livre d’Albert Cossery, Mendiants et orgueilleux. Ses amis se disent «anéantis» par la perte d’un «homme très aimé».

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Albert Cossery (Google, Wikipedia) est un formidable, iconoclaste et singulier écrivain égyptien de langue française, que j’ai découvert il y a peu. Ses oeuvres complètes (onze courts romans) sont publiées en deux tomes chez Joëlle Losfeld, maison qui présente aussi les titres un par un. Cossery met en scène les pauvres parmi les pauvres de l’Égypte du XXe siècle, et comment une culture de la dignité et de la dérision peut tenir les hommes debout dans un dénuement extrême et sans perspectives.

Son opus La violence et le dérision ouvre même, me semble-t-il, une réelle méditation aux alternatives à la violence que les révolutionnaires ont traditionnellement assumée, non sans arguments, mais qui ne représente qu’une impasse historique et, à y bien regarder, conceptuelle.

Révolution sans violence, voilà le plus grand et inévitable défi pour ceux qui aspirent au changement social.
Sur ce point, la pensée et la pratique sont encore dans les limbes.

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PS:  Mustapha Ourrad, l’érudition discrète de «Charlie » , par Elsa Maudet, Libération, 15 janvier 2015.

2 réflexions au sujet de « Mustapha Ourrad »

  • 16 janvier 2015 à 15h10
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    J’ai connu Mustapha à Alger. Nous fréquentions la cinémathèque d’Alger qui était notre lieu de rencontre, où venaient de grands cinéastes du monde entier. Mais Alger lui semblait trop petite, trop province, il (on) voulait découvrir le monde. Notre engagement, c’était le cinéma, l’amour de la vie. Mustapha avait un plus par rapport à nous: la dérision.
    Il riait de tout et se voulait citoyen du monde. Une caractéristique nous liait, la détestation des bornés et des arrivistes… Les intégristes n’étaient pas d’actualité dans les années 7O.
    Repose en paix, Mustapha.

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  • 8 janvier 2015 à 20h37
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    Une des caractéristiques majeures des anti-héros de Cossery – et indépendamment de leur amour infini de la paresse -, c’est l’humour, l’humour et l’ironie comme arme politique. Et l’humour, c’est une chose qu’on ne peut jamais abattre complètement.
    Une oeuvre magnifique particulièrement parlante par les temps qui courent. C’est le sens du Sérieux qui fait prendre les armes.
    Je préfère le courage de l’humour.
    Bisous

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