Bonjour!
La réflexion fut britannique, la voici française, et nous pourrons l’étendre à notre pays.
C’est Emmanuel Todd qui déclare: il faut « priver le PS de son dernier rempart : les frondeurs ». Les frondeurs, ce sont les députés du PS qui, sur des positions de gauche, renâclent un peu, s’abstiennent parfois, pour en général finir par s’aligner sur la ligne, ou la discipline, du parti.
« Que le PS soit de droite, poursuit Emmanuel Todd, tout le monde le sait. Mais il faut maintenant les priver de leur dernier rempart : les frondeurs. Ce sont eux qui vont servir d’ultime alibi. Ils sont certes sympathiques à titre individuel, mais ce sont désormais eux les plus nocifs, eux qui empêchent une clarification. Ou alors, qu’ils soient conséquents, et qu’ils fassent tomber le gouvernement. Le reste relève de l’agitation.
Être de gauche c’est ne plus jamais voter PS. Et il ne faut pas regarder ça comme un geste négatif, mais au contraire positif : se débarrasser du Parti socialiste, c’est ouvrir un champ des possibles. »
Commentaire de François Ruffin:
« Je suis assez d’accord. Même si, à titre personnel, on préfère nettement une [telle] à un [tel], ça fait trop longtemps que la comédie dure, elle ne nous intéresse plus. Depuis quatre ans, ils se comptent, un coup ils sont quinze, l’autre fois trente, etc., avec des psychodrames bidons. Et jusqu’à la pantomime de cette semaine : alors qu’ils pouvaient faire tomber la loi El Khomri et le gouvernement Valls dans la foulée, voilà qu’ils essaient, en vain, de monter leur propre motion de censure, avec la garantie qu’elle ne marchera jamais.
J’ai cette conviction, et depuis un bail : ils se jouent un spectacle, celui de la résistance, mais pour eux-mêmes. »
*
…C’est la question générale des belles consciences qui servent de cache-sexe idéologiques à des partis critiques à leurs origines, se retrouvant un jour appartenir structurellement au business as usual, soit au problème plus qu’à la solution.
Pour la Belgique, il est assez facile de trancher le cas du PS, du moins en théorie. Car partout le patriotisme de parti, les liens sociaux ou familiaux, la fidélité absurde à un passé embelli et trahi, empêchent les cerveaux de fonctionner – nous ne parlons ici que des braves gens honnêtes, les apparatchiks ne connaissant pas ces problèmes de conscience.
Personnellement, je tranche de même pour ecolo, où certes quelques belles personnalités, quelques beaux discours, se font parfois entendre. Traduisons: ce parti aussi a ses frondeurs, qui ne l’ont pas empêché de voter pour l’austérité européenne avec la Région Wallonne, où ecolo participait au pouvoir, tout en votant simultanément contre, au parlement fédéral où écolo était dans l’opposition. Ce parti a trahi* les annonces de ses origines et est peuplé de burelains** qui n’ont jamais travaillé de leur vie que pour lui. De crise interne en crise interne, ecolo s’est, au long de sa courte histoire, épuré de ses minorités. Les dégoûtés partis (comme on dit au PS), restent les « réalistes » (« dégoûtants», au PS).
Hauts les coeurs!
G.
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* Voici les trois annonces originelles d’ecolo trahies à ce jour: – refus des campagnes personnalisées (« des idées, pas des personnes »), – refus du cumul y compris dans le temps (pas plus d’un mandat à la fois et pas plus de deux par vie), – refus de participation à un exécutif si ne sont pas abolis les centres fermés pour demandeurs d’asile.
Les fils de et filles de n’étant pas imaginables à l’époque chez les écologistes nouveaux-nés, ils n’ont pas été mentionnés dans la charte fondatrice, et voici donc qu’ils existent, mais attention: sans trahison. C’est cool!
** Alfred Sauvy, par analogie avec château et châtelain, proposait d’appeler burelains ceux qui travaillent dans des bureaux
Tous les partis sont CARACTERIELS.
On ne refera jamais leur virginité et ils ont jeté leurs illusions à des diables.
Mes idées exprimées ainsi sont aussi claires que tout ce que je lis.
On veut faire quoi et aller vers quoi?
Madame Carmena: pas éternelle, la maire, et c’est dommage.
…Bref!