Professeur Renaud Piarroux: À la fin il faudra demander des comptes

« Il faut patienter, ce n’est pas le moment de s’énerver. Et un jour il faudra s’énerver. Il faudra demander des comptes, à la fin. Mais à la fin. »

 

Bonjour!

Pédiatre au départ, infectiologue, mycologue en santé humaine, microbiologiste, bon connaisseur des apports de l’IA en diagnostic médical, épidémiologiste d’université et de terrain avec de nombreuses missions dans le monde, professeur à Sorbonne Université et chef de service à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, 60 ans, Renaud Piarroux (Wikipedia) s’est illustré comme un des meilleurs spécialistes mondiaux, et des plus efficaces, dans la lutte contre le choléra, en particulier en Haïti.
La dernière fois qu’il a pris une carte d’étudiant, il en était à bac + 15 à peu près.
Il a publié:

  • Choléra. Haïti 2010-2018 : histoire d’un désastre, CNRS Éditions, , 350 p. 
  • La vague. L’épidémie vue du terrain, CNRS Éditions, , 128 p.

Je présente ici un entretien donné à la chaîne Internet  Thinkerview le 29 janvier 2021.

Renaud Piarroux a travaillé un temps à l’IHU de Marseille de Didier Raoult, qu’il a quitté parce qu’il a du mal à travailler là où « le mode de gestion ne lui plaît pas » . Il dit quelque part dans cet entretien que selon Raoult, la deuxième vague n’aurait pas lieu, et que la première en somme n’avait pas non plus existé. Aux questions pressantes et répétées de Thinkerview sur son expérience avec Raoult, il se borne à répondre en souriant que « C’était une expérience intéressante. » – On se souvient chez Condroz belge qu’au début de l’affaire en Chine, le patron de l’IHU Marseille ironisait sur l’hystérie des médias français quand il y avait quelques cas d’une petite maladie dans l’Empire du Milieu. Une des particularités de Raoult, c’est que je ne l’ai jamais entendu reconnaître une erreur. Une autre, c’est d’avertir qu’il ne fait pas de prédiction, puis de consacrer les vingt minutes d’un entretien au futur de la pandémie.

Conflits d’intérêt

Côté conflits d’intérêt, Renaud Piarroux est épatant. La dernière fois qu’il a été inscrit à un budget d’une firme, c’était il y a longtemps et on lui a compté 63 euros pour un « repas », qui consistait en des choses à manger distribuées lors des pauses. Quand une firme lui propose de participer à un congrès, il demande à ne bénéficier ni de logement, ni de repas, (de voyage? je ne ne sais pas), et demande un contrat sur mesure, que les firmes lui refusent. En conséquence, il ne va pas à ce congrès. Il est au sommet du barème français de prof de fac, 7.500 euros nets par mois: c’est le propre de Thinkerview de poser ces questions « indiscrètes », entendons: qui gênent ceux qui ne veulent pas s’en expliquer. Piarroux trouve que c’est un bon salaire, et déclare n’avoir aucune jalousie envers les médecins qui jouent à d’autres jeux plus arrosés. Tout ceci est dans la vidéo. Il ajoute qu’il faut relativiser, et que pour un jeune chercheur, le choix est plus difficile.

C’est du Thinkerview, du format long, et ici ça dure presque trois heures. Je livre donc un découpage. Parcourez les sous-titres, et butinez.

Lutte contre l’épidémie de choléra en Haïti …et contre les experts de l’Onu, 2010-2018

  • Premières minutes: Piarroux est le chercheur qui a déterminé l’origine du choléra en Haïti comme importée par les militaires népalais de la force de maintien de la paix des Nations-Unies en 2010.
    L’Onu l’a mis en boîte. Une des revues du Lancet a dit qu’il était déloyal (unfair) de poser la question en ce moment-là, et les spécialistes US officiels du choléra ont imposé la version d’une origine climatique et environnementale, alors qu’Haïti n’avait jamais connu de choléra auparavant. Des mensonges et des malversations ont été produites à l’encontre de ses analyses. Piarroux n’a pas lâché le morceau, et les microbiologistes mondiaux ont établi que la souche haïtienne était pile poil la souche népalaise, à une lettre près sur quatre millions de lettres du code ADN de la chose. On a fini par reconnaître la justesse de son analyse, il a continué de soutenir la lutte haïtienne, et depuis deux ans, plus un seul cas de choléra n’a été constaté dans ce tiers de l’île Hispaniola, dont les deux autres tiers constituent la République dominicaine. Les normes officielles considèrent qu’une maladie est éradiquée lorsqu’il n’y a plus eu un seul cas en trois ans.

Le tracking, quand?  En déconfinement, quand l’épidémie est basse, c’est le moment de tester et tracer

  • À https://youtu.be/Gz8QeqOi-sg?t=5963 : quand fallait-il tester et tracer, et isoler?: très clair! Piarroux n’aime pas le confinement, dont l’efficacité ne fait pas de doute quand le système hospitalier est saturé ou proche de la saturation, mais comme déjà dit sur Condroz belge, c’est l’arme du pauvre.

L’ivermectine: un fakehttps://youtu.be/Gz8QeqOi-sg?t=7231

  • L’ivermectine: une formidable pré-étude (non encore validée par des pairs) est sortie une semaine avant l’étude bidon publiée puis retirée du Lancet et du New England Journal of Medecine sur l’hydroxychloroquine: elle montrait 80% de réduction des passages en réanimation graves grâce au traitement par l’ivermectine. Après le dégonflage de l’étude sur l’HCQ, « on est allé regarder et on a vu que les auteurs étaient les mêmes » . Pour Piarroux, le bénéfice de l’ivermectine est très simplement un fake.
    C’est un monde !

Le passeport vaccinal n’est pas acceptable  – https://youtu.be/Gz8QeqOi-sg?t=7342

  • D’abord pour une raison scientifique: pas de protection prouvée à ce jour contre les formes asymptomatiques.
  • Ensuite il y a très peu de vaccins: on est (encore?) loin de la médecine des voyages, où le vaccin contre la fièvre jaune par exemple ne fait pas débat.

Le film « Hold-up »https://youtu.be/Gz8QeqOi-sg?t=8146

  • Renaud Piarroux a vu le film entièrement: « C’est mon métier » . C’est pour lui un mélange de vrai et de faux, « qui déraille » , et il croit à une intention de tromper.
  • Pour ce qui est vrai dans ce film, et s’agissant de Bill Gates, Renaud Piarroux déclare « Je peux en rajouter » . Bill Gates est avec un fonds d’investissement et la Morgan Chase Bank, co-propriétaire d’usines de vaccins en Corée. Ses équipes ont produit une falsification d’un tableau de Piarroux et autres, et offert au gouvernement haïtien une vaccination qu’il faut bien qualifier d’expérimentation à grande échelle, à un moment où le choléra disparaissait d’Haïti, grâce en particulier à une politique d’équipes mobiles mises en place avec l’épidémiologiste français. Ce dernier a toutes les preuves, et les a publiées dans son livre Choléra. Des études avec modélisation impliquant qu’il est nécessaire de vacciner la population haïtienne ont été publiées dans des revues respectables, trois équipes sur quatre étant financés par la fondation Gates, mais ne déclarant aucun conflit d’intérêt. Ces études oublient juste de dire que le choléra avait disparu d’Haïti… Et leur message principal est que la seule réponse est la vaccination.

Et pour la fin de cet entretien:

Louis Fouché, porte-parole de Re-info Covidhttps://youtu.be/Gz8QeqOi-sg?t=9842

  • Piarroux le connaît très bien…

Le confinement a-t-il des effets positifs contre la diffusion du virus?https://youtu.be/Gz8QeqOi-sg?t=10004

  • Question: D’après un chercheur de Stanford à haut « H-factor » (ou « indice h » , mode de classement des scientifiques par le nombre de leurs publications et citations), le confinement serait contre-productif, en forçant des gens à vivre ensemble et à se contaminer les uns les autres. Réponse: 1. ne pas surestimer le H-factor, 2. une contamination intra-familiale est possible, mais si la contamination au dehors est problématique, le confinement peut être favorable.
  • (Lu ailleurs: le moment du confinement et crucial. Si la hausse des contaminations s’est déjà amorcée, un effet d’inter-contamination a lieu, quoique par ailleurs la restriction des contacts est inévitablement une restriction de la diffusion en-dehors des habitations, dans l’espace public ou les lieux de travail.)
  • Le confinement, et Didier Raoult, sont aussi abordés en https://youtu.be/Gz8QeqOi-sg?t=5905. (Le mot « trottinette » renvoie au bulletin de Didier Raoult de février 2020, intitulé « Moins de morts que par accident de trottinette » .)
  • Ajoutons (CB) que le confinement et les autres mesures prises contre le covid-19 ont mis à zéro l’épidémie de grippe saisonnière: c’est bien que les virus à diffusion respiratoire ont connu quelques obstacles…

Conseil aux jeunes générationshttps://youtu.be/Gz8QeqOi-sg?t=10158

  • « Il faut patienter, ce n’est pas le moment de s’énerver…, et un jour il faudra s’énerver. (…) Il faudra demander des comptes, à la fin. Mais à la fin. »

That’s all, folks !

 

Guy

 

*    *    *

PS: Thinkerview a ré-invité Renaud Piaroux le 15 avril, sous le titre « Désinformation en temps d’épidémie ? »
Ce sera pour un autre jour, mais permettez-moi de signaler d’emblée pour une toute petite joie féroce que gloubi-boulga  est prononcé dès la deuxième minute.

3 réflexions au sujet de « Professeur Renaud Piarroux: À la fin il faudra demander des comptes »

  • 25 septembre 2021 à 12h57
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    Merci pour vos articles et commentaires, intéressants et argumentés.

    L’interview date du tout début de la campagne de vaccination. Il faudrait avoir son analyse actualisée, au vu des effets secondaires observés et comparés aux autres vaccins (Eudravigilance, ANSM, VAERS…), et aussi de l’efficacité sur contagiosité/contamination/cas graves qui semble pour le moins sujets à caution (on n’a pas les chiffres détaillés pour en être sûr, et c’est déjà un problème en soi car les autorités en disposent mais ne les publient pas).

    Quant à l’immunité collective, je n’y crois pas, les coronavirus mutant beaucoup.

    A suivre…

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  • 27 mai 2021 à 20h52
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    Oui interview très intéressante mais quelque peu frustrante. A 1h49, Le Pr Piarroux dit qu’une autre stratégie que le confinement en attendant le vaccin aurait été possible, que c’est ce qu’il souhaitait mais que ce n’est pas ce qui a été retenu. On aurait aimé qu’il évoque au moins ce qu’il entendait par autre stratégie. Du coup, comme l’autre stratégie n’a pas été retenue (j’imagine la prévention et les traitements précoces), il fonce tête baissée dans la vaccination (il faut vacciner tout le monde , même les enfants et il est pédiatre à l’origine!) et se retrouve tranquillement à bien servir le discours officiel.

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    • 27 mai 2021 à 22h20
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      Piarroux vous frustre parce qu’il ne dit pas que les vaccins sont une abomination?
      Je n’ai jamais vu personne renoncer à un voyage dans un pays où on exigeait la vaccination contre la fièvre jaune.
      Il y a une grande confusion sur les vaccins aujourd’hui, et j’y vois trois grands types de raisons:
      1. Un certaine risque de vitesse est pris, non parfaitement compensé par l’énorme nombre des volontaires de phase 3, c’est certain. Je l’ai déjà écrit le 15 avril dans Covid-19 : L’état actuel des performances des vaccins en phase 3
      2. Ensuite, les très mauvaises manières des grandes firmes pharmaceutiques n’inspirent pas confiance. Mais dans le monde réel d’aujourd’hui, un nouveau médicament ne peut apparaître que dans l’opacité des prix, les corruptions diverses, les copinages des gouvernants, le tout-aux-actionnaires. C’est juste le triste ordinaire du présent. Si on inventait l’aspirine aujourd’hui, ce serait dans ce cadre-là, ce qui ne voudrait pas dire que l’aspirine est un médicament dangereux. Il ne faut pas se battre contre l’aspirine, qui est parfois utile, mais contre ceux qui en profitent pour nous faire les poches.
      3. Finalement, je crois même qu’il y a dans le refus des vaccins aujourd’hui, tout simplement, la peur de la nouveauté, qui est compréhensible et sera éternelle. Les vaccins à ARN messager sont une merveille d’inventivité, et leurs résultats bluffent un grand nombre de médecins et de scientifiques. Mais ces vaccins sont totalement nouveaux, et ça, c’est effrayant! Au XIXème siècle, quand les ingénieurs annonçaient que bientôt les trains atteindraient 35 kilomètres à l’heure, il y a eu des professeurs d’université pour démontrer qu’à cette vitesse incroyable, les passagers mourraient. Aujourd’hui, des milliers de nouveaux épidémiologistes fraîchement jaillis du pavé et des champs de clics sur Internet, prétendent, sans le démontrer bien sûr, que les vaccins nous conduisent à l’apocalypse.

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