Delhaize (3/n) : Un scandale d’État qui me pétrifie

(Rtbf.be)

 

Bonjour!

 

Oui, l’affaire Delhaize est un scandale.
Un scandale légal qui met à nu les institutions capitalistes de notre pays. J’ai détaillé dans un premier billet en quoi nous sommes face à un exemple d’anthologie, « chimiquement pur » , où légalement, j’insiste, des gens richissimes protègent et entretiennent leurs profits indécents en conséquence directe de l’écrasement des conditions de travail et des revenus de 9.000 salariés à qui on avait déjà demandé des « efforts » : .

La légalité du mécanisme et le silence du gouvernement ainsi que du parlement, avec des juges qui se permettent de « faire évoluer la jurisprudence » au bénéfice de la protection du commerce dans des procédures unilatérales (c’est à dire n’entendant « vu l’extrême urgence » qu’une des deux parties en cause, un patronat dont « les intérêts risquent d’être gravement mis en péril » ), font de cette affaire un scandale d’État. Les trois pouvoirs dits indépendants du montage institutionnel en démocraties libérales y sont à l’oeuvre, et le prétendu quatrième pouvoir que seraient les médias n’est pas du tout à la hauteur des enjeux. La seule qui s’y retrouve, c’est l’hégémonie culturelle néo-libérale.

 

Le politique est compétent pour sortir par le haut du scandale Delhaize

L’exécutif et le législatif ont la balle s’ils veulent que le droit social de ce pays ne consacre pas le mot d’ordre « À travail égal, salaire inégal » , qui est bien notre sujet ici: les conventions collectives doivent être unifiées pour un même métier quel qu’il soit.

Nous en sommes au point où un économiste de la gestion de fortunes est un des rares qui énonce clairement ce point!

L’économiste Etienne de Callatay (Orcadia Asset Management) (…): « Dans les grandes restructurations, les politiques sont impuissants, c’est vrai. Mais ici, dans le cas de Delhaize, ce n’est pas le cas. D’autant qu’il n’y a pas de crainte de voir Delhaize délocaliser son activité à l’étranger. » Selon lui, le politique aurait d’ailleurs dû intervenir beaucoup plus tôt et anticiper le problème.
« Cela fait longtemps qu’on a un commerce à double vitesse avec des travailleurs bien
protégés d’un côté et de l’autre, des gens qui ont un statut nettement moins enviable.
C’est une source de distorsion de concurrence. Il faudrait une seule commission paritaire (…)

Décider qu’une commission paritaire est contraignante pour l’ensemble d’un secteur, c’est du ressort du politique » .

(Lesoir.be)

 

La Belgique ne respecte pas ses engagements internationaux

1. Déclaration universelle des droits l’homme des nations-Unies

La Belgique a signé la Déclaration universelle des droits l’homme des nations-Unies le 10 décembre 1948, dont l’article 23 stipule:

2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. 

Cette déclaration n’est pas associée à un tribunal qui pourrait recevoir des plaintes et prononcer des condamnations des Etats, ce qui en revanche existe bien au Conseil de l’Europe, qui compte une cinquantaines de pays.

2. Charte sociale européenne

Cette convention du Conseil de l’Europe, signée en 1961 et révisée en 1996, « énonce des droits et libertés et établit un système de contrôle qui garantit leur respect par les États parties » (Wikipedia).

Elle prévoit le droit à une rémunération égale à travail équivalent.

En principe,

« Par leur jurisprudence constante, la Cour européenne des droits de l’homme et le Comité européen des droits sociaux veillent à ce que tous les droits de l’homme, qu’il s’agisse des droits civils et politiques ou des droits sociaux et économiques, soient effectivement protégés. »

En principe? Oui, car il faut juste payer cher des avocats et des voyages, et se battre entre cinq et dix ans.

J’ai des notes et des brouillons, mais la paralysie m’envahit. Quelques voix isolées ont déjà tout dit dans le silence assourdissant typique de la « Belgique chéri-i-i-e » (notre hymne national qui n’a pas assez de mots pour ses notes de musique), mais je suis pétrifié. Comme la première fois que j’ai participé à une manifestation devant le Centre fermé pour étrangers en situation irrégulière, je mesure à quel point je suis petit face à la grandiose et brutale machinerie de l’État, et à quel point nous sommes isolés face à l’ignominie.

Je suis pétrifié.

 

Guy

 

 

PS: deux excellents articles de Bertrand Henne font tache dans la mièvrerie de l’audiovisuel de service public francophone:

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