« Neutre » , réaction de l’illustrateur Fred Sochard sur son blog Mediapart, au grand linguiste Emmanuel Macron venant d’illustrer une fois de plus son infaillibilité: « Dans cette langue [le français], le masculin fait le neutre, on n’a pas besoin d’ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre illisible. » – Avec l’autorisation de l’auteur.
Bonjour,
La France (et pas qu’elle) verse dans la « police de la pensée » selon le remarquable et remarqué Bertrand Badie, sociologue spécialisé en relations internationales, là ou ici:
Aujourd’hui, l’Assemblée nationale française voit à son agenda « une proposition de loi (n°777) présentée par le Rassemblement National, visant à interdire l’usage de l’écriture dite inclusive. C’est la huitième du genre depuis juillet 2018 (la première étant déjà l’œuvre de ce parti), mais celle-ci est la première à parvenir en discussion en séance. »
Une linguiste expose la question de la langue inclusive vue selon ses lunettes de spécialiste. C’est réfléchi, argumenté, c’est scientifique, les gars. Et les filles aussi.
« Guide d’écriture inclusive pour parlementaires récalcitrant·es »
En accès libre, comme tous les blogs d’abonnés hébergés sur le site de Mediapart.
Par Éliane Viennot, chercheuse en histoire, littérature, linguistique, se présentant entre autres comme une spécialiste du langage égalitaire, y travaillant depuis l’an 2000.
Pas de résumé aujourd’hui, les lectrices et lecteurs s’en chargeront!
Je m’en voudrais cependant de ne pas signaler que la (presque) célèbre phrase du Père Bouhours sur la « plus grande noblesse du masculin » (1675) ne manque pas d’être citée dans ce billet, tandis que de la sagesse « inclusive » apparaît dans des citations datant du XIème siècle ou de 1341 …quand le mot n’existait pas et bien avant les ukases de l’Académie française.
Guy
Mots-clefs: point médian, doublets (« Françaises, Français »), épicènes (très nombreux mots ne variant pas selon le genre – modeste, architecte…), tous trois interdits (!) dans la proposition de loi, accord de proximité (droits et libertés fondamentales), reformulation (date de naissance au lieu de né(e) le).
La linguistique, ça rend malin !
J’ai co-dirigé quelques années avant ma retraite la thèse de doctorat d’une jeune linguiste, qui étudiait simultanément les francophones de Flandre et les néerlandophones de Wallonie.
Elle avait utilisé cette citation d’un linguiste néerlandais, dont je serais malheureusement incapable de retrouver la source : « dans le domaine néerlandais, la langue est au service des locuteurs; dans le domaine français, les locuteurs sont au service de la langue ».
J’ai lu peu de remarques aussi pertinentes sur le fonctionnement de la langue française comme institution. Tous les jours, je me réjouis que nous, les « périphériques », nous échappions à cette obsession arrogante et sclérosante.