Flash Info – Où est la violence au Royaume Uni?

Manchester – Photo AFP/Andrew Yates,  Le Monde

Qui sont les « émeutiers », « casseurs », « criminels », « opportunistes », au Royaume Uni?
Beaucoup de jeunes et très jeunes, qui « mettent en péril leur propre avenir » , dit le premier ministre british rentré de sa résidence d’été.

Vu leur âge, la plupart sont en vacances. Pourquoi diable sont-ils si tôt rentrés, eux? Le premier ministre, on comprend, mais eux? Ils sont scolarisés, pour la plupart, non? Qu’est-ce qu’ils fichent en rue pendant les congés? L’enseignement britannique est performant, il fut un des premiers à offrir la gratuité au début du XXème siècle. L’avenir leur appartient, comme à tout jeune, surtout dans une nation riche. Ils ont la chance de vivre dans le pays qui a inventé la sécurité sociale, où circule une police débonnaire de légende. La société de la connaissance leur offre des défis enivrants. Ils sont nés à la période la plus excitante de l’histoire, celle d’Internet, Blackberry, iPhone et Lady Gaga. La publicité des meilleures agences du monde se répand sur les écrans de leurs ordinateurs, télévisions et téléphones portables, et revêt de couleurs chatoyantes leur environnement urbain. Leur pays est une citadelle du monde libre, et la première place financière off-shore du monde. Leur armée est la deuxième en importance à faire respecter le droit en Irak et en Afghanistan, et le mariage de leur prince héritier a été un modèle applaudi par toute la planète.

Dans ces conditions, c’est à n’y rien comprendre! La Libre Belgique, Le Soir, Le Monde, Libération… n’arrivent pas à m’expliquer par quel accès de folie une jeunesse de pays favorisé peut de la sorte détruire son propre avenir. Les lemmings, je savais, mais les Britanniques?

Par désespoir, j’ai cherché sur Internet.

Il y a ce portail français http://rezo.net, qui relaie des infos de toutes sortes d’origines. J’y ai trouvé The Tottenham Outrage – Quelle violence à Tottenham ?, publié sur un site inconnu qui semble avoir beaucoup de choses à dire: http://melanine.org .

Et bon sang, qu’est-ce que je lis:

Il est de notoriété publique que la Metropolitan Police exerce en toute impunité et qu’aucun de ses agents n’est jamais condamné même en cas de faute.
Depuis 1988, selon le Guardian, 333 personnes sont mortes en garde à vue sans qu’aucun policier ne soit jamais condamné.

(…)

Ah, 333… En 23 ans… Mais…

De un. Comment, « de notoriété publique » ?

De deux. Et alors? C’est une raison de s’énerver, ça ?

Le journalisme de révérence dans « Le Soir », et les dinosaures

(Première mise en ligne sur http://bxl.indymedia.org/articles/2184 )

Les dinosaures ont vécu cent cinquante millions d’années. Comment envisagez-vous une gouvernance économique de cent cinquante millions d’années?

 

Bonjour!

 

J’ai soigneusement étudié à l’époque, sur papier, la double page consacrée par Le Soir à la ratification du traité de Lisbonne. Elle était coordonnée par Maroun Labaki, alors envoyé dans la capitale portugaise au titre de, si je ne me trompe, rédacteur plus ou moins en chef plus ou moins adjoint.
C’était en tout point absolument creux et anecdotique, dans la veine « Le congrès s’amuse », mais sans le talent d’un film qui savait divertir et prendre des distances avec son sujet.

Le même signe aujourd’hui la mâle apostrophe ci-dessous [texte au bas de ce billet], tout empreinte des recommandations du gratin financier et eurocrate, et d’une morgue de donneur de leçon.
Où l’on voit que la presse peut être loin du « contrepouvoir » ou  du « quatrième pouvoir » que les optimistes  aimeraient qu’elle soit.

La démocratie représentative est une démocratie sévèrement limitée par le triomphe de l’oligarchie, c’est ce qu’affirme au moins un rédacteur en chef adjoint au monde, Hervé Kempf, du …Monde. (Voir son livre L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie)

Comme certains syndicalistes, Labaki ramène à lui la couverture labélisée des Indignés, alors que ceux-ci affirment avec force que les élus ne les représentent pas, que les syndicats ne les représentent pas.
Il recommande de « s’indigner » pour enfin « terminer le chantier de la gouvernance économique » Goldman Sachs-compatible…
Le propre de la récupération, et son impératif catégorique, c’est d’oser le plus grand contresens, et le plus vite!

Les chiffres et l’obsession économique sont en fait le vrai sujet de l’article.
Pour qui roule Maroun Labaki?

Eh bien… Le discours économique est la formulation de la nécessité telle qu’il est efficace aujourd’hui, pour  le maintien des privilèges, de la répandre dans l’opinion.

Si les gouvernants évoquaient jadis la religion ou la patrie, aujourd’hui la religion d’État s’exprime en jargon économique, lequel est une mise en abime d’une superposition de silences et de mystifications sémantiques. Ainsi, quand John Kenneth Galbraith*, qui a connu en tant qu’économiste tous les honneurs, rédige à plus de nonante ans son testament intellectuel, il le nomme Les Mensonges de l’économie. C’est,  pour 10 euros, une heure de vivifiante remise en place des fondamentaux du mensonge des haut-parleurs.

Ben oui… « l’économie n’est pas une activité née de la prégnance du règne des besoins et de la nécessité de la lutte pour la survie. Si c’était vrai, sa place serait décisive dans les sociétés primitives, et secondaire dans les sociétés matériellement développées. Or, c’est le contraire qui s’est produit » , ainsi que l’écrit Patrick Viveret dans Transversales en avril 2001.

Ce qui rend optimiste dans cette écœurante sujétion du prétendu « destin commun » aux « chiffres » (citations empruntées à l’avant-dernier paragraphe), c’est qu’avec des pilotes ou des cerveaux comme celui-là, l’Europe de la gouvernance économique sera, le jour venu, aussi aveugle à sa fin imminente que Louis XVI, écrivant dans son journal le 14 juillet 1789: « Aujourd’hui, rien » , que le communisme de Berlin-Est la veille de la chute du mur, que la Tunisie de Ben Ali le jour où un jeune marchand de quatre saisons s’est immolé par le feu…
À suivre!

…Les dinosaures ont vécu cent cinquante millions d’années. Comment envisagez-vous une croissance équilibrée de cent cinquante millions d’années?, raillait l’écrivain suisse Friedrich Dürrenmatt. « Croissance équilibrée » n’est bien sûr ici qu’un avatar transitoire, périssable, à remplacer par la sornette idéologique du moment.

Bonne lecture!

Guy

* J.K. Galbraith est aussi l’auteur d’un article indispensable, « L’art d’ignorer les pauvres ».

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(sur le site du journal Le Soir: ici)

Indignons-nous et débloquons l’Europe !
MAROUN LABAKI

samedi 18 juin 2011, 11:30

 Crise de l’euro, divisions sur le Printemps arabe, retour des contrôles à certaines frontières intérieures, montée de l’euroscepticisme : l’Europe fait grise mine ces derniers temps, alors que l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, fin 2009, devait la rendre plus efficace et plus séduisante.

De toutes parts, des voix inquiètes s’élèvent. Mercredi dernier, Jan Tombinski, le représentant permanent de la Pologne auprès de l’UE, déclarait : « La crise des finances publiques a un impact sur tout, y compris sur la confiance entre les partenaires dans l’Union. » En tant qu’ambassadeur du pays appelé à assumer la prochaine présidence tournante, il s’exprimait lors d’un colloque organisé à Bruxelles par Notre Europe et quinze autres think tanks – qui prévenaient : « L’Europe en tant que telle subit des niveaux jamais égalés de division et de contrainte, qui amènent à s’interroger sur la détermination des Européens à rester unis. » Le lendemain, un de ces think tanks, le European Policy Centre, se montrait presque alarmiste : « L’UE paraît fragile et fatiguée, et certains dirigeants semblent ignorer que l’intégration peut encore échouer par manque de confiance et par négligence. »

 Voilà donc l’Europe au milieu du gué ! Et chacun, dans les capitales, de sortir son boulier compteur, comme si les effets de la construction européenne étaient tous quantifiables !

A ces états d’âme, une seule réponse s’impose : aller de l’avant, avec la certitude que le point de non-retour est depuis longtemps franchi.

 Il ne s’agit pas que de belles formules. Toute monnaie est accoudée à une politique économique. Sauf l’euro ! Depuis les débuts de la monnaie unique, les plus lucides répètent inlassablement qu’il convient de corriger cette lacune.

 Il a fallu la secousse de Lehman Brothers et toutes ses répliques pour qu’enfin le chantier de la gouvernance économique européenne soit réellement lancé. Indignons-nous et terminons-le !

 Bien sûr, comme pour le financement futur de l’Union, il est question de chiffres, mais davantage encore de politique, de dessein historique, de transferts de souveraineté, de confiance, de destin commun. Libre à ceux qui n’en veulent pas de faire demi-tour…

Les prix qui tuent, dans un monde assez grand pour les uns, trop petit pour les autres

Photo: Le Monde


L’actualité du Japon a quasiment chassé, de la une des médias, une question lybienne qui avait précédemment pris toute la place. Cette logique pyramidale, à l’oeuvre dans le traitement de l’information, n’est pas sans pousser nos consciences à une forme de monomanie.
Cependant, bien sûr, d’autres crises anciennes ou permanentes subsistent. Aucun tsunami ne les tempère, aucun silence n’allège leur charge parfois mortelle.

Voici que le site du journal Le Monde présente un « récit multimédia », intitulé « Le prix du riz : question de vie ou de mort. » Ce prix a doublé au Bangla-Desh en deux ans.

Rappelons ce que l’ancien commissaire de l’Onu pour le droit à l’alimentation, Jean Ziegler, dont L’empire de la honte vient de paraître en édition de poche (6,50 euros), répète avec force dans ses livres, articles et conférences: « Dans les conditions actuelles, tout enfant mort de faim est assassiné. » Une affirmation qu’il démontre à satiété. Or un enfant de moins de dix ans meurt des suites de la faim toutes les 22 secondes sur cette planète.

Rappelons aussi que même la commission européenne a fini par reconnaître que la finance était responsable d’une part de la hausse mondiale des prix alimentaires, dans une proportion qui irait jusqu’à 75% selon certaines sources. « Le monde est assez grand pour répondre aux besoins de tous mais il sera toujours trop petit pour répondre à la cupidité de quelques-uns », disait Gandhi, aujourd’hui cité par l’économiste Jeffrey Sachs.

Si nous croisons les deux paragraphes qui précèdent, il est facile de comprendre qu’ « investir » – mot inexact, notre « épargne » – mot douteux, en banque, ou dans une société d’assurance, nous met dans un rapport de causalité immédiat avec des tragédies planétaires majeures.
Il est donc facile de savoir ce qu’il ne faut plus faire de son argent.
C’est « Une vérité qui dérange », sans doute, dont il me semble que chacun a l’intuition.

*

Revenons-en au récit du Monde qui suscite ces réflexions. Il reprend cinq courtes vidéos, d’à peu près une minute, dont voici quelques extraits:

« On n’a plus aucun rêve. On n’a pas le temps de rêver. On passe notre temps à travailler, pour manger. (…) On arrive encore à acheter des lentilles, pour accompagner le riz. »
Sahida, 25 ans, femme de ménage, 14 heures de travail par jour

« On achète même de la viande et des légumes, une ou deux fois par mois. Mais si les prix continuent d’augmenter, on ne mangera plus que du riz et des lentilles. »
Amila, 32 ans, couturière

« Maintenant, je travaille 12 heures par jour. Et même comme ça, nous ne mangeons plus à notre faim. »
Abdu, 29 ans, vélotaxi

« On ne mange plus qu’une fois par jour. Les mauvais jours, on ne prend aucun repas. »
Munni, 30 ans, mendiante

« Un ami a carrément arrêté l’université parce qu’il n’arrivait pas à se nourrir. Il était passé à un repas par jour. »
Mohammed, 23 ans, étudiant.

…Bonne fin de journée.

La Palestine à la télé et dans les journaux

Écrit par Bernard LANGLOIS dans Politis le 27 juillet 2006 (guerre du Liban), et toujours d’actualité pour quelque temps, semble-t-il.

http://www.politis.fr/article1778.html
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Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l’esprit lorsqu’il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin.

Tout deviendra simple.

 


Règle numéro 1 : Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers, et c’est toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.

Règle numéro 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.

Règle numéro 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s’appelle de la légitime défense.

Règle numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.

Règle numéro 5 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.

Règle numéro 6 : Les Israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10 000 prisonniers à ce jour, dont près de 300 enfants). Il n’y a aucune limite et ils n’ont besoin d’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées.
Il suffit juste de dire le mot magique « terroriste ».

Règle numéro 7 : Quand vous dites « Hezbollah », il faut toujours rajouter l’expression « soutenu par la Syrie et l’Iran ».

Règle numéro 8 : Quand vous dites « Israël », il ne faut surtout pas rajouter après : « soutenu par les États-Unis, la France et l’Europe » , car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.

Règle numéro 9 : Ne jamais parler de « Territoires occupés », ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l’auditeur de France Info.

Règle numéro 10 : Les Israéliens parlent mieux le français que les Arabes. C’est ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle de la neutralité journalistique.

Règle numéro 11 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ces règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes un « dangereux antisémite ».

G A Z A    N A U S É E – La terre volée, la niche du chien et quelques premiers de classe

Carte empruntée à Julien Salingue

Bonjour,

Je vous recommande ici quelques textes présents sur Internet, et un témoignage arrivé par courrier.
Il s’agit pour l’essentiel de voix israéliennes minoritaires, et une réflexion sur les médias, selon laquelle ils sont aussi des acteurs dans la guerre qu’ils prétendent seulement observer.
Pour la guerre à Gaza comme sur tous sujets, deux portails sont particulièrement intéressants à consulter: le français www.rezo.net  et son petit frère belge francophone, www.mouvements.be, auquel je collabore modestement. Les consulter, c’est se donner les moyens de mettre en perspective ce qui est bien trop souvent une farce dans les médias, et, anecdotiquement, d’être informé quelques jours avant les lecteurs de la grande presse. Quand l’éditorial du Soir du 12 janvier ose les mots « Gaza : folie collective et crimes de guerre » par exemple, eh bien, il y avait quelques temps déjà que cela n’avait pas échappé aux lecteurs desdits portails.

Bonne lecture!

Guy

*

Gilad ATZMON (Israël) – écrivain et musicien, vivant en Grande-Bretagne:

Vivre en sursis sur une terre volée

Où l’on comprend que la base de la conscience fausse qu’ont les Israéliens du conflit depuis 1948 pour le moins, c’est la falsification de leur propre histoire à l’école, à l’université, et dans les médias.
Voici des extraits pour les lecteurs trop pressés:

 

Dans le paysage, les traces de la civilisation palestinienne d’avant 1948 ont été effacées. Non seulement la Nakba, le nettoyage ethnique en 1948 des indigènes palestiniens, ne fait pas partie des programmes scolaires israéliens, elle n’est pas même mentionnée ni discutée par aucun forum officiel ou universitaire israélien. (…)

Israël n’a pas trouvé de réponse militaire. Il peut certes tuer des civils mais ne parvient pas à enrayer les tirs de roquettes. (…)

le contrôle de l’Autorité Palestinienne et du Fatah sur la Cisjordanie est maintenu par l’armée israélienne (…)

Il est évident que le Hamas a fait preuve d’une certaine retenue avec Israël depuis trop longtemps. Le Hamas s’est retenu d’étendre le conflit à l’ensemble du sud d’Israël. (…)

Dès que le Hamas se sera emparé de la Cisjordanie, les plus grands centres urbains israéliens seront à sa merci. Pour ceux qui ne parviennent pas à le voir, ce serait la fin de l’Israël juif. Ça peut arriver dès ce soir, dans trois mois ou dans cinq ans, la question n’est pas de savoir ‘si ça se produira’, mais ‘quand.’ À ce moment-là, l’ensemble d’Israël sera à portée de tir du Hamas et du Hezbollah et la société israélienne s’effondrera, son économie sera ruinée. Le prix d’une maison individuelle de Tel Aviv nord équivaudra à celui d’un cabanon à Kiryat Shmone ou à Sderot. Au moment où une seule roquette touchera Tel Aviv, c’en sera terminé du rêve sioniste.

Les généraux israéliens le savent, les dirigeants Israéliens le savent. C’est pourquoi ils intensifient la guerre d’extermination contre les Palestiniens. Les Israéliens n’envisagent pas d’occuper Gaza. Ils n’ont rien perdu là-bas. Tout ce qu’ils veulent c’est terminer la Nakba. Ils larguent des bombes sur les Palestiniens dans le but de les anéantir. (…)

Tout ce qui reste aux Israéliens c’est de s’accrocher à leurs oeillères et à leur déni de la réalité pour fuir le triste destin qui leur est déjà fixé. Tout au long de leur déchéance, les Israéliens entonneront les divers chants de victimisation dont ils sont coutumiers. Imprégnés d’une réalité faite de suprématie égocentrée, ils seront hypersensibles à leurs propres souffrances tout en restant aveugles à celles qu’ils infligent aux autres.

http://www.alterinfo.net/Vivre-en-sursis-sur-une-terre-volee-Le-destin-ineluctable-d-Israel-est-inscrit-dans-chaque-bombe-qu-il-lache-sur-les_a28065.html

*

Michel Collon (Belgique):

Cher Monsieur Obama,

Vous avez déclaré à propos du conflit entre Israël et les Palestiniens : « Si quelqu’un tirait des roquettes sur ma maison où mes deux filles dorment chaque soir, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire cesser cela. »

Protéger vos enfants ? Comme je vous comprends! Mais, pour être tout à fait correct envers vos filles, ne devriez-vous pas leur raconter l’histoire de cette maison ? Dire que vous l’avez volée à ses propriétaires ? Et aussi le jardin, et tous les champs autour ! Et que vous avez obligé l’ancien propriétaire à aller vivre dans la niche du chien ? Car c’est exactement ce qu’Israël a fait en volant leurs maisons et leurs terres aux Palestiniens, et en les forçant à vivre dans des camps de réfugiés (voir les livres d’historiens israéliens comme Benny Morris).

Dès lors, cher Monsieur Obama, pourriez-vous prétendre vivre dans cette maison tranquillement, comme si de rien n’était ? Alors, juste une question : votre « changement » consistera-t-il à répéter ces vieux mensonges sur la maison, déjà ressassés par tous vos prédécesseurs ?

Recevez, cher Monsieur Obama, mes meilleurs sentiments. Et dites à vos amis que, sur cette terre de Palestine, il y a de la place pour tout le monde. A moins qu’une différence de religion ou de couleur de peau pose un problème à quelqu’un ?

Michel Collon
13 janvier 2009

http://www.michelcollon.info

*

Une habitante de Sderot (Israël):

Je parle avec les gens de Sderot

C’est le texte d’une habitante de cette ville frontière où les journalistes sont confinés et ressassent par ennui le point de vue de la puissance dominante, comme on peut s’en faire une idée avec l’article d’Henri Maler et Olivier Poche ci-après .
Elle est membre de Kol-Acher (Une autre voix), une association transfrontalière de dialogue israélo-palestinien.

(En ligne sur http://www.millebabords.org/spip.php?article10028 )

 

*

Henri Maler et  Olivier Poche (France):

Gaza – Médias en guerre

À grands renforts de reportages déséquilibrés et d’informations mal regardantes sur les sources, la plupart des médias ont confirmé qu’ils sont toujours, volontairement ou pas, des acteurs des guerres qu’ils prétendent observer.

Selon les comptages effectués par le site d’Arrêt sur images (lien payant), les 20h de TF1, France 2 et France 3, entre le 27 décembre et le 5 janvier, ont ainsi proposé 6 reportages intégralement consacrés aux civils israéliens, contre 2 aux civils palestiniens. Cette disproportion est encore plus prononcée, si l’on prend en considération les JT de 13h. Selon notre propre relevé, sur TF1 le rapport est de 5 contre 1. Un seul reportage consacré aux civils palestiniens, diffusé seulement au 20h, met en scène, sans le moindre propos politique, une famille relativement aisée de Gaza (comme nous l’apprend un reportage… de France 2 où le même couple franco-palestinien est interrogé [3]) et peu représentative par conséquent de la situation vécue par la majorité des Gazaouis. Et si l’on ajoute France 2, on atteint en tout 9 reportages contre 2 – là encore, le 13h ayant jugé bon d’évoquer Sderot, mais pas Gaza.
Publié le 12 janvier 2009.

Texte complet sur Acrimed (Action – Critique – Médias):
http://www.acrimed.org/article3044.html#nb1

*

Michael Warschawski (Israël):

Il s’agit « de punir les Palestiniens du seul fait qu’ils continuent à exister »

Cela fait quarante ans qu’il en est ainsi, que Michael Warschawski a choisi le camp des Justes. En 1967, alors qu’il suivait des études talmudiques à Jérusalem, ce jeune homme né à Strasbourg a rejoint le mouvement trotskiste antisioniste Matzpen, alors le seul groupuscule israélien à s’opposer à l’occupation de la Cisjordanie. Après avoir participé en 1982 à la fondation de Yesh Gvul, un mouvement d’officiers de réserve et de soldats contre la guerre au Liban, il a créé deux ans plus tard le Centre d’information alternative (AIC), qui rassemble plusieurs mouvements pacifistes israéliens et organisations palestiniennes.
(…)

[Il est] l’auteur de Programmer le désastre, la politique israélienne à l’œuvre, livre paru aux éditions La Fabrique et dans lequel il se livre à un « démontage en règle des mystifications sur le Proche-Orient, fabriquées et / ou entretenues par les médias internationaux« 

Dans Politis le 8 janvier, Bernard Langlois replaçait ces bombardements israéliens dans la logique de l’après 11 septembre et de la doctrine néo-conservatrice, écrivant notamment : « Les zélotes d’Israël, là-bas ou ici, ne cessent de nous le rappeler : la vaillante armée de l’État hébreu ne se bat pas seulement pour sauver la patrie en danger, elle est aussi la première ligne de défense de l’Occident et de ses valeurs contre le terrorisme et la barbarie. » Est-ce selon vous la meilleure grille d’analyse pour expliquer la conduite d’Israël ?

(Michael Warschawski:) Je suis entièrement d’accord avec analyse de Bernard Langlois : le cadre de la guerre israélienne est celui de la guerre globale contre les barbares (assimilés aujourd’hui a la civilisation musulmane) et son idéologie celle du choc des civilisations.

Puisque le Hamas n’est qu’un prétexte aux bombardements, quel est l’objectif réel de l’intervention ? Quelles issues et échéances voyez-vous à cette attaque ?

On a beau chercher dans les déclarations des dirigeants israéliens, on n’entend pas de réponse à la question : quel est l’objectif de la guerre ? En fait, il s’agit d’un mélange, fait de guerre punitive (vous avez choisi le Hamas, vous allez le payer), de volonté d’affaiblir au maximum le Hamas (tout en sachant que le succès sera limité), de tenter d’imposer le contrôle d’Abbas sur la Bande de Gaza (ce qui serait la fin définitive de ce qui lui reste de légitimité populaire) et du plus profond de l’inconscient, de punir l’ensemble des Palestiniens du seul fait qu’ils continuent à exister.

En 2005, vous avez expliqué « aimer Israël comme on aime l’enfant d’un viol ». En est-il toujours de même ?

Comme on aime son fils ou son frère qui est a la fois l’enfant d’un viol et un voyou brutal et extrêmement dangereux pour l’environnement et pour lui-même. Vient un moment ou il faut l’arrêter, le traduire devant les tribunaux et le punir.

Article complet: http://www.article11.info/spip/spip.php?article256.
Warschawski est partout en ce moment. Lisez « Carnage à Gaza« , paru sur http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article12577 .
On trouve un beau portrait de cet étonnant israélien d’origine strasbourgeoise, sous la plume de François Xavier.

*

Mads Gilbert et Erik Fosse (Norvège)

Des médecins évoquent l’usage « d’un nouveau type d’arme » à Gaza

Des blessés d’un type nouveau – adultes et enfants dont les jambes ne sont plus que des trognons brûlés et sanguinolents – ont été montrés ces derniers jours par les télévisions arabes émettant de Gaza.
(…)
nous avons vu des victimes de ce que nous avons toutes les raisons de penser être le nouveau type d’armes, expérimenté par les militaires américains, connu sous l’acronyme DIME – pour Dense InertMetal Explosive« 
, ont déclaré les médecins. Petites boules de carbone contenant un alliage de tungstène, cobalt, nickel ou fer, elles ont un énorme pouvoir d’explosion, mais qui se dissipe à 10 mètres. « À deux mètres, le corps est coupé en deux; à 8 mètres, les jambes sont coupées, brûlées comme par des milliers de piqûres d’aiguilles. Nous n’avons pas vu les corps disséqués, mais nous avons vu beaucoup d’amputés. Il y a eu des cas semblables au Liban sud en 2006 et nous en avons vu à Gaza la même année, durant l’opération israélienne Pluie d’été. Des expériences sur des rats ont montré que ces particules qui restent dans le corps sont cancérigènes », ont-ils expliqué.

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2009/01/12/des-medecins-evoquent-l-usage-d-un-nouveau-type-d-arme-a-gaza_1140545_3218.html#ens_id=1106055

Je ne peux que recommander la lecture de cet article valant son pesant d’horreur et d’héroïsme.

Il illustre le complot des premiers de classe, acharné à faire avancer les industries de la mort.
De bons ou d’excellents élèves, encensés et applaudis par leurs profs, devenus ingénieurs ou scientifiques de haut niveau dans l’armement, mettent leurs talents, et tout leur coeur, à ces entreprises.
Il y a là comme un cuisant échec pour les formateurs, éducateurs, pédagogues…

GAZA – un article d’Uri Avnery

Gaza- Uri AvneryBonjour,

Je vous écrivais vendredi passé:

Des Juifs du monde s’opposent à la politique de l’État d’Israël et le font savoir. En voici une liste totalement incomplète et arbitraire:
(…)
–  L’immense Uri Avnery, héros de la guerre de 1948 né en 1923, devenu l’opposant pacifiste historique que l’on a encore vu, à l’âge de 84 ans, couché sous le jet d’une auto-pompe. Il parle au micro d’Al Jezira, écrit « Plomb fondu à Gaza » (en anglais), sous-titré « Comment Israël multiplie le Hamas par 1.000 », ou « Israël a manqué un rendez-vous avec l’histoire« … On peut lire un beau portrait d’Avnery sous la plume du blogueur Guy M.

Je reproduis ci-dessous un article daté d’hier de l’ami Uri, sous le titre « Combien de divisions » .
C’est un cri de refus et de lucidité où chaque phrase porte son lot d’évidence, niée quotidiennement par les meneurs de guerre et leurs relais médiatiques.

Je vous souhaite une vivifiante lecture.

Guy

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« Combien de divisions »

par Uri Avnery, de Gush Shalom (mouvement pacifiste israélien)

Un crime effroyable a été commis à Leningrad, il y a soixante-dix ans, pendant la seconde guerre mondiale.

Pendant plus de mille jours, un groupe terroriste, « l’armée rouge » a tenu en otage des millions d’habitants de la ville et a provoqué la réplique de la Wermacht allemande contre des lieux où se trouvait la population. Les Allemands n’ont pas eu d’autre choix que de bombarder et de pilonner la population et d’imposer un blocus total, qui a causé la mort de centaines de milliers de personnes.

Quelque temps auparavant, le même crime a été commis en Angleterre. Le groupe Churchill s’est caché parmi la population de Londres, utilisant des millions de citoyens comme bouclier humain. Les Allemands ont dû envoyer leur aviation, la Luftwaffe, et, à leur corps défendant, ont réduit la cité en cendres. Ils ont appelé cette opération « le Blitz ».

Voilà ce qu’on aurait pu lire dans les livres d’histoire si les Allemands avaient gagné la guerre.

C’est absurde? Pas plus que ce que nos médias écrivent jour après jour, répétant jusqu’à la nausée : les terroristes du Hamas ont pris les habitants de Gaza en otages et se servent des femmes et des enfants comme de boucliers humains, ne nous laissant pas d’autre choix que de lancer des bombardements massifs, lors desquels, à notre grande tristesse, des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes sans armes sont tués et blessés.

Dans cette guerre, comme dans toutes les guerres modernes, la propagande joue un rôle primordial. La disparité entre les forces, entre l’armée israélienne – avec ses avions, ses vedettes, ses drones, ses bateaux de guerre, son artillerie, ses tanks – et les quelques milliers de combattants du Hamas dotés d’armes légères, est de l’ordre de 1 pour 1.000, voire de 1 pour 1.000.000. Sur le plan politique, l’écart est peut-être encore plus grand. Mais, pour ce qui est de la propagande, il est presque infini.

Presque tous les médias occidentaux ont d’abord répété la ligne officielle de la propagande israélienne. Ils ont presque entièrement ignoré le versant palestinien de l’histoire, sans parler des manifestations quotidiennes du camp de la paix israélien. Le discours du gouvernement israélien ( « un État doit défendre ses citoyens contre les missiles qassams ») a été accepté comme la vérité vraie. Le point de vue de l’autre camp, que les qassams n’étaient que la réponse au siège qui affamait un million et demi d’habitants de la Bande de Gaza, n’était mentionné nulle part.

Ce ne fut qu’au moment où les images d’horreur venant de Gaza commencèrent à apparaître sur les écrans occidentaux que l’opinion publique mondiale se mit à changer. A dire vrai, les télévisions en Israël et en Occident ne montrèrent qu’au compte goutte les évènements effroyables qu’Aljazeera, la chaîne arabe, diffusait 24 heures sur 24, mais la photo d’un enfant mort dans les bras de son père terrifié a plus de pouvoir de conviction qu’un millier de belles phrases sortant de la bouche du porte- parole de l’armée israélienne. Et finalement, ce fut décisif.

La guerre – toute guerre – est faite de mensonges. Qu’on l’appelle propagande, ou guerre psychologique, on accepte qu’un pays en guerre a le droit de mentir. Quiconque parle vrai peut-être considéré comme un traître.

Le problème est que la propagande convainc d’abord le propagandiste. Et quand l’on s’est convaincu que le mensonge est la vérité et la falsification la réalité, on ne peut plus prendre de décision rationnelle.

Prenons l’exemple de l’atrocité la plus choquante de cette guerre, du moins jusqu’à aujourd’hui : le bombardement de l’école de l’ONU de Fakhura, dans le camp de réfugiés de Jabaliya.

Dès que le monde a connu cet incident, l’armée a «révélé» que les combattants du Hamas avaient lancé des obus de mortier à partir d’une position proche de l’entrée de l’école. Pour preuve, ils ont produit une photo aérienne qui montrait, en effet, l’école et le mortier. Mais il n’a pas fallu longtemps pour que le menteur officiel de l’armée admette que la photo datait d’un an au moins. Bref, une falsification.

Le menteur officiel déclara ensuite que « nos soldats avaient subi des tirs qui venaient de l’intérieur de l’école ». Un jour passa avant que l’armée ne doive admettre devant le personnel de l’ONU que c’était un autre mensonge. Personne n’avait tiré depuis l’école, il n’y avait pas de combattants du Hamas mais des réfugiés terrifiés.

Mais cet aveu fit difficilement la différence. Le public israélien, pendant ce temps, fut totalement convaincu qu’« ils avaient tiré depuis l’intérieur de l’école », et les journalistes de la télévision firent comme si c’était un fait acquis.

Il en fut de même pour les autres atrocités. Tout bébé fut métamorphosé, par sa mort, en terroriste du Hamas. Toute mosquée bombardée devint une base du Hamas, tout appartement une cache d’armes, toute école un poste de commandement, tout bâtiment public «  un symbole du pouvoir du Hamas ». Ainsi l’armée d’Israël préserva la pureté de  « l’armée la plus morale du monde ».

La vérité est que les atrocités sont le résultat direct du plan de guerre. Elles reflètent la personnalité d’Ehud Barak, un homme dont la façon de penser et les actes ressortent à l’évidence de ce qu’on appelle « un désordre moral », un trouble sociopathique.

Le but réel (si l’on exclut le gain de sièges lors des prochaines élections) est d’en finir avec la domination du Hamas sur la Bande de Gaza. Dans l’imagination des concepteurs, le Hamas est un envahisseur qui s’est emparé d’un pays étranger. La réalité, bien sûr, est tout à fait autre.

Le mouvement Hamas a remporté la majorité des votes lors d’élections éminemment démocratiques qui ont eu lieu en Cisjordanie, à Jérusalem Est, et dans la Bande de Gaza. Il a gagné parce que les Palestiniens sont arrivés à la conclusion que la stratégie pacifiste du Fatah n’avait permis d’obtenir rien de tangible d’Israël – ni un gel de la colonisation, ni la libération des prisonniers, ni aucun pas significatif vers la fin de l’occupation et la création d’un état palestinien. Le Hamas est profondément enraciné dans la population palestinienne – pas seulement parce qu’il est un mouvement de résistance combattant l’occupant étranger, comme l’Irgoun et le Groupe Stern l’avaient fait dans le passé – mais aussi parce qu’il est une organisation politique et religieuse qui s’occupe de services au public, sociaux, éducatifs et médicaux.

Pour la population, les combattants du Hamas ne sont pas un corps étranger, mais les enfants de chaque famille de la Bande et d’autres régions de Palestine. Ils ne se “cachent pas dans la population”, mais la population les voit comme ses seuls défenseurs.

Ainsi, toute l’opération est basée sur des présomptions fausses,. Faire de sa vie un enfer n’amène pas la population à se lever contre le Hamas, mais au contraire, la rassemble derrière lui, et renforce sa détermination à ne pas se rendre. La population de Leningrad ne se leva pas contre Staline, pas plus que les Londoniens ne se levèrent contre Churchill.

Celui qui a donné l’ordre de mener une telle guerre, avec de telles méthodes dans une zone si densément peuplée, savait qu’il allait provoquer le massacre épouvantable de civils. Apparemment ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Ou, croyait-il, “ils changeront leurs manières” et “ cela leur fera prendre conscience”, et dans le futur, ils ne résisteront pas à Israël.

La priorité des priorités pour les concepteurs était d’obtenir qu’il y ait le moins de morts possibles parmi les soldats, compte tenu du fait qu’une large partie de l’opinion favorable à la guerre pourraient changer d’avis si elle savait qu’il y avait des pertes. C’est ce qui est arrivé lors des deux guerres du Liban.

Ces considérations ont d’autant plus joué, que la guerre est une pièce maîtresse de la campagne électorale. Ehud Barak, que les sondages donnaient vainqueurs aux premiers jours de la guerre, savait très bien que ses pourcentages pourraient s’effondrer si les écrans se remplissaient de soldats morts.

Donc on a appliqué une nouvelle doctrine :  éviter les pertes parmi nos soldats par la destruction totale de toute chose sur leur route. Les concepteurs étaient prêts à tuer non pas 80 palestiniens pour sauver un soldat israélien, mais 800. Éviter les morts de notre côté est l’ordre suprême, qui cause dans l’autre camps un nombre record de morts de civils.

Cela veut dire la décision consciente d’une guerre particulièrement cruelle – ce qui a été le talon d’Achille.

Une personne dépourvue d’imagination comme Barak (son slogan électoral : “ Pas un type bien, mais un chef ”) ne peut imaginer comment les gens qui ont une conscience partout dans le monde réagissent à des actes comme le massacre de toute une grande famille, la destruction de maisons sur la tête de ceux qui les habitent, les files de garçons et de filles dans leurs linceuls blancs attendant qu’on les enterre, les récits de la mort de gens vidés de leur sang parce que les ambulances ne peuvent arriver jusqu’à eux, la mort de personnels de santé et médecins allant sauver des vies, l’assassinat de chauffeurs de l’ONU lors du transport de vivres. Les photos des hôpitaux, avec les morts, les mourants et les blessés étendus par terre, emmêlés par manque de place ont choqué le monde. Aucun argument n’a la force de l’image d’une petite fille blessée étendue au sol, se tordant de douleur et hurlant “maman, maman !”

Les concepteurs pensaient qu’ils pouvaient empêcher le monde de voir ça en en interdisant de force la couverture par la presse. Les journalistes israéliens, pour leur grande honte, ont accepté de se contenter des rapports et des photos fournies par le porte-parole de l’armée, comme s’il s’agissait d’informations authentiques, tout en restant eux-mêmes à des kilomètres des événements en cours.
La presse étrangère aussi ne fut pas autorisée à pénétrer à Gaza, jusqu’à ce qu’à force de protestations, les journalistes aient droit à de petites excursions par groupe sélectionnés et contrôlés.
Mais dans la guerre moderne, une telle conception aseptisée  ne peut en exclure complètement d’autres – il y avait des caméras dans la Bande, au coeur de l’enfer, incontrôlables. Aljazeera a filmé à toute heure et a été vue dans toutes les maisons.

La bataille des écrans est une des batailles décisives de la guerre.
Des centaines de millions d’Arabes, de la Mauritanie jusqu’en Iraq, plus d’un milliard de musulmans du Nigéria jusqu’en Indonésie, voient ces images et sont horrifiés. Cela a un impact énorme sur la guerre. Beaucoup de ceux qui voient ça considèrent les dirigeants de l’Égypte, de la Jordanie et de l’Autorité Palestinienne comme des collaborateurs d’Israël qui perpètre ces atrocités contre leurs frères palestiniens.

Les services de sécurité des régimes arabes ont enregistré une fermentation dangereuses dans leurs peuples. Hosny Moubarak, le leader arabe le plus menacé à cause de la fermeture du Passage de Rafah devant des réfugies terrorisés, commence à faire pression sur les décideurs à Washington, qui jusqu’alors avaient toujours bloqué les appels à un cessez-le-feu. Ces derniers commencent à comprendre la menace qui pèsent sur les intérêts vitaux américains dans le monde arabe et changent soudainement d’attitude – à la consternation des diplomates israéliens auto-satisfaits.

Les gens qui ont des troubles du sens moral ne peuvent comprendre les motivations des gens normaux et doivent deviner leurs réactions. “Le pape, combien de divisions?”, se moquait Staline.   “Les gens qui ont une conscience, combien de divisions ? », pourrait bien se demander Barak.

A l’évidence, plusieurs. Pas énormément. Pas très réactives. Pas très fortes ni très organisées. Mais, quand les atrocités gonflent le nombre de protestataires et qu’ils se regroupent, cela peut décider du sort de la guerre.

Le manque à comprendre la nature du Hamas a entraîné le manque à comprendre les résultats pourtant prédictibles. Non seulement Israël ne peut pas gagner la guerre, mais le Hamas ne peut pas la perdre.

Même si l’armée israélienne pouvait réussir à tuer tous les combattants du Hamas jusqu’au dernier, le Hamas gagnerait pourtant. Les combattants du Hamas seraient des exemples pour la nation arabe, les héros du peuple palestinien, des modèles qui provoqueraient l’émulation pour chaque jeune du monde arabe. La Cisjordanie tomberait entre les mains du Hamas comme un fruit mûr. Le Fatah sombrerait dans une mer de mépris, les régimes arabes seraient menacés d’effondrement.

Si la guerre se termine avec un Hamas toujours debout, exsangue mais invaincu, face à la toute puissante machine de guerre israélienne, cela sera une victoire fantastique, une victoire de l’esprit sur la matière.

Ce qui marquera la conscience du monde sera l’image d’un monstre assoiffé de sang, Israël, toujours prêt à commettre des crimes de guerre et incapable d’être retenu par quelque considération morale que ce soit. Ceci aura des conséquences graves sur notre avenir à long terme, notre place dans le monde, notre chance de faire la paix et d’obtenir le calme.

En fin de compte, cette guerre est un crime contre nous-mêmes, un crime contre l’État d’Israël.

Le 10 janvier 2009.

Pourquoi tant de détours?
« La faim dans le monde, nul n’y peut rien »

Bonjour,

Cette fois, commençons par les réponses, à savoir les trois infos ci-dessous que l’on obtient en faisant une recherche Google avec les mots-clefs:  eau « 80 milliards » humanité « dix ans »  pnud.

Lectrice, lecteur, trouvez la question.

 

Info 1:  décembre 2008

La faim touche près d’un milliard de personnes.
http://www.lemonde.fr/planete/article/2008/12/09/la-faim-touche-pres-d-un-milliard-de-personnes_1128610_3244.html

Infos 2:  2004 et 2007

(…) d’autres résultats, provenant cette fois-ci du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), selon lesquels l’éradication de l’extrême pauvreté coûterait 80 milliards [de dollars] par an pendant dix ans (0,2 % du revenu mondial), soit l’équivalent du patrimoine des sept personnes les plus riches du monde(1). Ainsi rapporté à la richesse des nations, le coût de l’éradication de la pauvreté, a fortiori celui de l’élimination de la sous-alimentation, apparaît négligeable. La collectivité des nations du monde pourrait y pourvoir sans trop de difficultés si la nécessité stratégique, politique, économique, ou plus simplement humanitaire s’en faisait sentir.
« Rapport mondial sur le développement humain en 1997 », PNUD, Economica, 1997. Cité par Libération, 13 juin 1997.
http://www.fao.org/docrep/003/x3002f/X3002F08.htm

L’investissement financier nécessaire pour garantir à tout être humain l’accès à l’éducation de base, aux soins de santé de base, à une nourriture adéquate, à l’eau potable et à des infrastructures sanitaires, ainsi que pour les femmes, l’accès aux soins de gynécologie et d’obstétrique serait de 80 milliards de dollars supplémentaires annuellement sur dix ans selon le PNUD, Programme des Nations Unies de Développement, dans son rapport annuel, de 2004.
http://pcq.xooit.com/t661-La-faim-dans-le-monde.htm

Info 3 : 2007

Somme nécessaire à la satisfaction des besoins humains fondamentaux (alimentation, accès  à l’eau potable, éducation primaire, accès aux soins de base) pour toute l’humanité : 80 milliards $ par an, pendant 10 ans. Dépenses publicitaires annuelles : 1.000 milliards $. Dépenses militaires annuelles : 1.000 milliards $. (2004)
http://www.cadtm.org/spip.php?article2580

L’Union européenne, au secours !

Les Dessous de Bruxelles, site Internet de dépollution mentale de la semaine

ENVOI:

 

«Ce qui est en train de se passer est une révolution silencieuse – une révolution silencieuse vers une gouvernance économique plus forte. Les États membres ont accepté – et j’espère que c’est ainsi qu’ils l’ont entendu – que les institutions disposent désormais d’importantes prérogatives concernant la surveillance et le contrôle strict des finances publiques.»

 José-M. Barroso, président de la Commission européenne, à l’European University Institute, juin 2010

«Le problème, c’est que, dans leur pays d’origine, les politiciens doivent obtenir des voix. Tandis qu’au sein de l’Union européenne ils peuvent avoir une vision d’ensemble.»
Caroline Walcot, secrétaire générale adjointe de l’ERT (European Round Table of Industrialists)
(Note de CB:   Pour rappel, l’ERT, ce sont les vilains capitalistes qui entre autres projets grandioses ont préparé depuis plus de trente ans une mainmise sur l’enseignement, désormais bien avancée, dans une Europe de quarante sept pays. – Voir les livres de Nico Hirtt)

 

*

 

Bonjour!

 

Si vous vous souvenez qu’un pays qui serait gouverné comme l’est l’Union Européenne, verrait sa candidature à ladite Union rejetée pour « manque de démocratie »,

Si vous voulez des portraits un peu débarrassés de l’eau de rose où on les noie d’habitude, des « pères » de l’ « Europe » (ouh! mais laquelle, ô laquelle?),
Jean Monnet
, prononcez money, avant tout banquier et affairiste, avec quelques années manquantes dans sa biographie, Paul-Henri Spaak, belge et ex-socialiste, spécialiste du retournement de veste, Robert Schuman, allumé du Saint-Esprit,
tous plus américanophiles les uns que les autres, au point que je me demande si le projet de l’Europe Unie n’est pas d’abord un projet US d’une US bis sur le vieux continent, un rêve de clonage, quoi,
ou de ceux, sans ombres, des plus récents, Herman Van Rompuy en catho haikuphile coincé – et surtout un peu anodin !, Davignon le vicompte  (orthographe vérifiée), José Manuel Barroso et sa bande de « commissaires à gages » , salués comme des « tchatchériens » par la presse britannique,
et de quelques autres,

Si vous aimez regarder dans le fond des yeux cette dite Union européenne, qui fait froid dans le dos à tout vrai démocrate, parce que vous ne voulez pas mourir idiots, mais au contraire vivre quelques années verticalement d’abord, et que vous savez avec La Boétie, qu’ « ils ne sont grands que parce que sous sommes à genoux » ,

Si de temps en temps, par souci de salubrité mentale, ce qui est un besoin vital dans le vacarme médiatique, vous aimez lire ou relire les « fondamentaux » des grandes impostures idéologiques indispensables à l’entretien de la démocratie partiale et partielle qu’est la représentation, laquelle a « pour vocation », expression empruntée à la novlangue bling-chic du gouvernement français, de tenir les peuples en minorité,

Si vous avez plaisir à lire quelques descriptions décapantes et sans révérence des machinations et de l’hypocrisie des mercenaires qui nous gouvernent en attendant de finir comme l’humaniste chrétien Jean-Luc Dehaene et tant d’autres, qu’ils s’affirment socialistes, réformateurs, démocrates, libéraux, sociaux, centristes, libertaires, écologistes ou ekologistes, dans des conseils d’administration de multinationales ou des conseils de consultance-counseling à haute redevance numéraire, si vous aimez le décapage, la déconstruction, de ces châteaux de cartes idéologiques, car cela vous rend plus intelligent et plus vivant, sans devoir vous-même procéder au décodage de l’actualité telle que décrite par la presse à l’eau tiède (« mainstream » ), vu qu’il vous plaît de garder votre vitalité pour autre chose que vous nettoyer les oreilles d’un torrent de mensonges et d’approximations.

Si…

Ah ah !

…Pour toutes ces raisons, qui sont loin d’épuiser le sujet… Notez dans vos favoris l’adresse de cette « échoppe tapie dans l’ombre » qu’anime « une poignée de guerrilleros luxembourgeois »  et lisez ce blog de dépollution mentale à haute matière grise ajoutée, qui a pour nom Les Dessous de Bruxelles.

L’actualité en cours, c’est: où en sommes-nous dans la socialisation des pertes de l’après-crise financière, la continuation de la privatisation des bénéfices ayant été assurée par déplacement des risques sur les États?
Entre ruine des États et austérité maximale pour les plus faibles, où en sont les triomphes du capitalisme et de la démocratie représentative ?

Bon remue-méninges!

Guy

Des fraises à Rostock

Rostock Heiligendamm – G8 – 06.06.2007

 

Bonjour!

La nature est magnifique en ce moment.
À Rostock aussi.
Les moissons lèvent, les forêts prospèrent.
Le vert des frondaisons est inimitablement pur et profond au mois de juin.

Avec cela, policier n’est décidément pas un métier comme les autres.
Mais combien utile! Pensez que sans eux, Poutine, Bush et consorts [dans leur G8] entendraient des cris à leurs fenêtres, ce serait évidemment inacceptable.

J’ai reçu un courrier du CADTM: « Les autorités allemandes ont utilisé des dispositions légales prises contre les hooligans au cours des dernières années (suite aux violences lors de matchs de football) et les ont appliquées à des manifestants politiques et pacifiques. » (On ne parle pas ici des deux mille membres de « black blocks » venus jusque du Japon pour en découdre.) « Sur les 1.100 arrestations auxquelles les autorités ont procédé, il semblerait que moins de 10 débouchent sur des poursuites. Cela paraît montrer que les autorités ont adopté une politique visant à empêcher un exercice normal des droits démocratiques. »

À Rostock donc, des milliers de flics en tenue mi-moyenâgeuse, mi-futuriste, tentent par leur nombre et leurs équipements de contenir la foule bigarrée des contestataires. C’est plein de jeunes, il y en a donc encore qui font autre chose que soldat dans la guerre économique, et il y a aussi quelques vieux de mon âge. J’ai vu ça dans un reportage photographique sur le blocage de la porte 2 de la zone dite « rouge ». Les policiers et les militaires, comme les politiciens belges, aiment bien l’usage des couleurs pour simplifier l’étiquetage. Ça repose.

Je ne suis pas mécontent que des anonymes bravent le manque de sommeil et les intempéries, parfois les auto-pompes, pour défendre pacifiquement une démocratie d’en-bas en laquelle je me reconnais. Je me souviens qu’à Seattle en 1999 ces gens-là, que la société bien-pensante ne prend pas au sérieux, ont mis en échec le Millenium Round de l’OMC, Organisation Commerciale du Monde, aujourd’hui dirigée par un socialiste français, Pascal Lamy. Un socialiste qui dirige l’OMC, ça devrait convaincre les protestataires qu’ils sont ringards, et que la modernité, c’est la fin de l’histoire, pour ne rien dire de la fin de la lutte des classes. Las, le slogan « Tous humains, tous copains », surtout lorsqu’il est asséné de ces tribunes-là, est une pédagogie qui ne réussit pas avec tout le monde.

*

Voter le 10 juin ne suffit pas vraiment au citoyen que je suis, dans un pays où la politique-spectacle et la marchandisation ont tout gangrené.
J’exagère? Voici un exemple entre mille. Dans l’école où je travaille, l’argent public finance l’éclairage des faces avant des distributeurs frigorifiques Coca-Cola et Danone, présents à l’intérieur de l’établissement (une présence qui en soi pose déjà une sacrée question). Deux tubes néon de 60 watts n’y servent à rien d’autre qu’assurer la publicité de ces multinationales, et à alourdir un peu la facture du refroidissement des précieux berlingots et canettes, puisque même des néons, ça chauffe. Ça coûtait 2.500 francs, soit 60 euros, par an et par distributeur en 1995, quand j’étais trésorier-adjoint de l’amicale (qui court après l’argent), et que je les avais débranchés. Comptez cent aujourd’hui.
Le monde progresse vers sa vérité marchande.

De temps en temps je vote donc avec mes pieds: une manif, ou avec mes mains: écrire un texte. Et par un achat: made in dignity, ou par un refus: fini les fraises espagnoles. D’autres fois, par un don.
Je préférerais m’occuper de mon jardin, mais le monde ne me laisse pas le choix.
L’arrestation sans explication ni poursuite, pour plusieurs jours, de quelques Belges à Rostock, m’a encore obligé d’écrire une lettre à l’ambassadeur de Belgique à Berlin. Réponse: « L’ambassade est en contact constant avec les autorités allemandes à Rostock ».
Chouette.

J’ai quand même versé un peu d’argent à Indymedia Deutschland, affilié allemand d’un large réseau de presse militante, présent aussi à Liège, à Bruxelles et un peu partout dans le monde. La presse « moyenne » (« main-stream ») n’est plus vraiment un contre-pouvoir.
Il leur manquait 11.000 euros au 21 mai pour assurer les activités du Mediacenter à Rostock. Je ne sais s’ils les ont récoltés, mais je ne crois pas qu’ils aient budgétisé les menus objets cassés par la police. Ici bien tranquillement, on peut débrancher un néon inutile ou nuisible et leur verser une obole.

À plus !

Guy