« J’ai 16 ans. Depuis que je suis née, j’ai survécu à trois guerres et je pense que c’est assez »

FarahBaker
https://twitter.com/WorldHijabDayUK/status/496674316856336384/photo/1

 Bonjour!

Elle a été surnommée la Anne Frank de Gaza.

Elle a ouvert son compte Twitter en mars 2012, avec Guess what (« Devinez quoi ») comme pseudo. Aujourd’hui, 201.000 personnes la suivent dans le monde. Aussi aux États-Unis.

Elle écrit:

« JE PLEURE ET JE NE PEUX PAS SUPPORTER LE BRUIT DES BOMBES. JE SUIS EN TRAIN DE PERDRE MON SENS DE L’OUÏE. »
(I AM CRYING AND CAN’T STAND BOMBS SOUND! I’M ABOUT TO LOSE SENSE OF HEARING)

« Un grand bâtiment de l’Hôpital al-Shifa est menacé de bombardement. Nous évacuons la maison. »
(A big building of al-Shifa’ Hospital is threatened to be bombed, we’re evacuating home)

« La mer me manque, mes amis me manquent, la crème glacée me manque, le bonheur et la joie me manquent. MA VIE ORDINAIRE ME MANQUE. »
(I miss the sea, I miss my friends, I miss ice cream, I miss happiness and joy. I MISS MY ORDINARY LIFE)

 …

Dans le noir, elle enregistre le bruit des drones. (https://vine.co/v/ME9qUzE3ZZq) Ça me rappelle quelque chose.

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Gaza, je me souviens

Gaz Gaza
(Photo G. L.)

 

J’ai fait à quelques reprises en octobre 2013, presque cinq ans après l’opération israélienne « Plomb durci » à Gaza, un rêve étrange et pénétrant. Un cauchemar, à proprement parler.

Le cauchemar continue, mais de plus en plus nombreux, désormais, sont ceux qui veillent. Il me semble, oui, que l’opinion est en train de se retourner.

Ma veille de 2013 est archivée ici.

« Israël ne veut pas la paix, et n’a jamais voulu la paix » (Gideon Levy)

Logements en construction à Ma'aleh Adumim, une colonie israélienne en Cisjordanie, 16 décembre 2009 Photo Bloomberg
Logements en construction à Ma’aleh Adumim, une colonie israélienne en Cisjordanie, 16 décembre 2009 – Photo Bloomberg

Bonjour!

Voici, pêle-mêle et dans le désordre, une gerbe d’énervements.
Je n’ai pas réussi à me limiter à ce qui donne son titre à ce billet. Gideon Levy, c’est tout à la fin.

*

La question palestinienne est le lieu de toute une série d’idées fausses, spontanées ou cultivées, colportées par la propagande de nos régimes. C’est un des grands sujets qui illustrent ce fait que la propagande d’État est gigantesque dans les démocraties réelles occidentales, qu’aucun régime n’échappe à la propagande, que bien pauvre est l’art journalistique en ces pays, et peu éclairée l’opinion commune. Aussi le regretté Stéphane Hessel y consacrait-il deux pages sur les 18 de son Indignez-vous! – ce qui n’a pas manqué de motiver nombre de critiques qui s’avancèrent masqués.
En 2006 déjà, pendant la guerre du Liban, Bernard Langlois donnait dans la revue Politis un résumé ironique de la grille de lecture, par nos médias, des événements du Proche-Orient. Les termes-clé de représailles, terrorisme, communauté internationale, antisémite, sont précisés, et les mots interdits aussi. Rien n’a changé sur le fond.
Voyez comme ces deux lascars font avancer la lumière: « Après la manifestation pro-Gaza, Hollande et Valls se dressent contre l’antisémitisme » . Pan! À l’essentiel !

…Israël va me rendre fou.
C’est peut-être déjà fait, mais j’espère qu’écrire cette lettre va ramener la température de mes neurones à un seuil compatible avec la santé mentale.
Certes, je suis optimiste. C’est plus fort que moi.
L’optimisme est une loi de l’espèce.

*

La presse nous dit que dans l’intervention militaire en cours à Gaza, il y a quatre-vingt pour-cent de victimes civiles. Vrai ou faux? Tant que ça? Ou si peu que ça?
Quoi qu’il en soit, la com de l’armée israélienne laisse pantois.

La com, comme ils disent entre eux, c’est la « communication ». Dans le monde entier on me communique, du monde entier on me communique.
Et moi, je cherche le bouton Répondre, et je ne le trouve pas. Ce qui montre bien la supériorité des esprits de la communication. Eux ils savent communiquer, moi pas.

L’armée israélienne, donc, communique.
D’ailleurs, on dit Tsahal. Lire la suite

Qu’est-ce qu’un sioniste ?

Paranioa is patriotic, ou "Patriotes du monde entier, tapez-vous dessus !"
Patriotes du monde entier…

(Déposé ce jour sur le blog d’Henri Goldman sous le titre Un « sioniste » serait-il un banal patriote ?)

« Sionisme » a fini par devenir une insulte et je me demande si le mot a encore un sens.

Un sioniste serait-il un partisan inconditionnel de l’appropriation juive des terres palestiniennes et de l’expansionnisme de l’État d’Israël, ou un manipulateur de la menace extérieure pour favoriser les affaires et la paix internes, une personne qui refuse les décisions des Nations-Unies, un tricheur sur les accords d’Oslo? Comment le définissez-vous ? Pour ma part, je vois que chez nous ou en France, nombre de défenseurs de l’État d’Israël font, des [observateurs] critiques de cet État, des ennemis du peuple israélien, ce qui est d’une pédagogie regrettable et lamentable pour dire le moins. Alain Finkielkraut n’est-il pas incontestablement de ceux-là ? Je n’arrive personnellement pas à utiliser le terme de « sioniste », tant il me donne l’impression d’être un slogan éculé propre à tous les malentendus, y compris pour qualifier ce genre de commentateurs tristes et crispés, toxiques. Lire la suite

Je n’oublie pas

Gaz Gaza
(Photo G.L.)

J’étais à peine endormi, qu’un cauchemar m’a réveillé. La dernière phrase du rêve, avec son verbe en relief, résonnait à mes oreilles et figeait ma conscience : « Alors Hitler gaza les juifs. »
Gaza.

Je me suis levé, je suis descendu à la cuisine. Reprenant mes esprits devant un verre d’eau, je découvre la petite flamme de la cuisinière qui brûle toujours sous le diffuseur, depuis le dernier thé de la soirée. J’avais oublié d’éteindre le gaz! Comme une mauvaise ligne de défense d’Eichmann à son procès.
Je n’avais pas échappé à la dernière et sinistre actualité de Gaza. Plomb durci est le nom que les communicateurs de l’armée israélienne lui ont donné. Pour moi c’est, Gaza le blocus, Gaza les réfugiés, Gaza prison, Gaza envahie, Gaza sous les bombes, Gaza les enfants… À Gaza, des écoles, et même le zoo ont été bombardés. Alors de temps en temps, le gaz se fait oublier dans ma cuisine.

Gaz et Gaza me font problème.

Gaza est un des lieux de la planète où il n’est pas bon d’avoir vingt ans. On y voit de jeunes garçons jeter des pierres sur des blindés. C’est un jeu qui n’est pas drôle, un jeu dangereux. Un jeu auquel je ne me suis pas livré dans ma jeunesse, ni vous, ni personne parmi nos amis et connaissances. Un jeu que personne ne choisit pour ses enfants. Un jeu auquel jouent ou ont joué très peu de jeunes au monde, un jeu qui dérange et qui pose question.
Nous souhaitons que les jeunes Palestiniens nous fichent la paix. La paix! Nous n’aspirons qu’à la paix. Qu’ils s’occupent de… des olives, de musique, de mobylettes, de leur petite amie, de leur verre de bière ou de thé, d’un boulot et de vacances. Que les jeunes Palestiniennes aient d’autres choix que le repli, la peur, le deuil. Qu’elles étudient ou travaillent. Qu’elles nous fichent la paix.
J’ai un cerveau. Un coeur. Des tripes. Une mémoire. Des blessures. Des infos. Et même: de l’imagination.
Donc… j’imagine.
Avoir vingt ans en Palestine. À Gaza.

*

Bien.
Imagine est aussi une chanson célèbre, dans une langue qui n’est pas la nôtre. Vous connaissez son texte.
Bon.

…Vous êtes toujours là, réveillé ?
…Pardon ?
…Vous dites que vous veillez ?

Ah !
Nous ne sommes pas tout à fait seuls.
Je peux dormir en paix.

 

*  *  *

La campagne qu’Israël baptisa « Plomb durci » eut lieu du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009.
Imagine de John Lennon, texte et chanson : http://www.lacoccinelle.net/243444.html

Bierset vaut-il une messe ?

Bonjour à tous,

Je ne suis pas très pratiquant, mais je crois que l’aéroport de Bierset, à notre porte, vaut bien une messe.

L’Association Belgo-Palestinienne appelle à une réunion  le mardi 3 février à 19h au CPCR, 11, rue Jonruelle, pour envisager une manifestation devant l’aéroport de Bierset. Vous lirez ci-dessous son communiqué.

Voici trois articles sur l’importance de Bierset dans de discrets et opaques approvisionnements d’Israël, et la position de l’association Dor HaShalom:

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Bierset, plaque tournante du trafic d’armes en provenance et à destination d’Israël

 Chers amis,

C’est une raison grave qui nous pousse à vous contacter aujourd’hui.
Vous vous êtes tous battus avec acharnement contre la guerre sans merci que le gouvernement israélien vient de mener contre la population palestinienne de Gaza. Et vous savez que la bataille est loin d’être terminée.
Plusieurs articles récents nous indiquent que la région liégeoise est une plaque tournante du commerce des armes vers Israël et donc contre la Palestine. Nous vous transmettons en pièces jointes deux articles particulièrement éclairants.
Nous souhaiterions discuter avec vous de la possibilité d’appeler ensemble à une manifestation devant l’entreprise israélienne CAL-Lachs de Bierset qui, sans pudeur, continue son bisness, et va même l’accélérer à l’approche de la Saint Valentin, puisque ce sont les mêmes avions qui amènent à Bierset les fleurs qui seront ensuite dispatchées dans toute la Région, et qui ramènent là-bas les armes belges.
Les mouvements internationaux qui se sont mobilisés depuis plusieurs années contre des entreprises semblables en Grande-Bretagne, en France, en Suisse, nous invitent à se joindre à eux autour du 14 février pour éclairer les medias et le public sur ce commerce honteux et illégitime, et pour en exiger l’arrêt immédiat.
Nous vous invitons à nous rejoindre le mardi 3 février à 19h au CPCR, rue Jonruelle, pour une réunion de réflexion et de décision sur cette question.
En espérant que nous pourrons vous y rencontrer, vous-même ou un de vos collaborateurs, nous vous envoyons nos fraternelles salutations.

                                                                                             Pour l’ABP
                                                                          Renée Mousset et Isabelle Ponet.

Complicités belges dans l’armement israélien

Produit par FN Herstal (photo Grip)
Produit par FN Herstal (photo Grip)

Une Carte blanche du MIR-IRG dans Le Soir du 19 janvier donne des précisions sur les complaisances de la Région Wallonne, s’agissant de permis de transit par l’aéroport de Bierset de matériel militaire vers et en provenance d’Israël. De 4 à 5 vols par jour ! À cela s’ajoute la participation d’entreprises belges à des programmes militaires israéliens. Et les régions bruxelloise et flamande ne sont pas en reste.

Pistes d’action et de revendication ?

*    *    *

Pendant que les bombes tombent sur Gaza, c’est ici que sonne la caisse

jeudi 15 janvier 2009, 09:51   [En rouge, c’est moi qui souligne, G. L.]

Vredeactie MIR-IRG, branche belge du Mouvement International de Réconciliation

Karel De Gucht, le ministre des Affaires étrangères, s’oppose fortement à l’attaque israélienne sur Gaza et demande un armistice. Signal plutôt positif. Néanmoins, il semble que la politique belge excelle dans ses déclarations, mais pas dans ses actes.

En 2008, l’aéroport de Bierset est devenu la plaque tournante du trafic d’armes en provenance et à destination d’Israël. Le transport de fret de la compagnie aérienne El Al est une ligne de vie pour l’armée israélienne et se charge deux à trois fois par jour du transport en provenance ou à destination des Etats-Unis, en s’arrêtant à Bierset. Aussi, l’exportation d’armes belges vers l’Israël a fortement augmenté depuis 2004. Tout comme durant la guerre de 2003 en Irak, il semble que les principes s’arrêtent là où les intérêts financiers commencent.

Il y a peu, El Al passait par Schiphol aux Pays-Bas. En 2005 et 2006, 160 millions d’amorces, 17 millions de munitions et des dizaines de milliers de fumigènes ont notamment été livrés depuis les Etats-Unis à l’armée israélienne via cet aéroport. En ce qui
concerne les permis de transit, le gouvernement régional wallon n’est pas aussi transparent que le gouvernement des Pays-Bas, qui les fournit assez rapidement. Pendant que les bombes tombent sur Gaza, de nouvelles munitions sont livrées à l’armée israélienne, via Bierset.

CAL, une autre compagnie israélienne, fait le même itinéraire avec deux vols par jour.
Elle transporte des produits agricoles israéliens, provenant entre autres des implantations israéliennes situées dans les territoires occupés. Il est rare que le chemin du retour ne se fasse sans chargement d’armes. De 20 à parfois 50 % des vols sur Bierset atterrissent pour le compte de ces sociétés. Il semble vraisemblable qu’il ne faut pas déranger les clients les plus importants avec des législations sur les exportations d’armes.

Il est frappant de voir que les exportations d’armes belges vers Israël ont fortement augmenté depuis 2004. La guerre contre le Liban n’a pas non plus été un obstacle à la poursuite de ces exportations. Le plus scandaleux dans cette politique d’exportation laxiste est que la Région bruxelloise n’a jamais refusé un seul permis. En 2005 et en 2007, Sabca a décroché un contrat de modernisation pour la force aérienne israélienne.
Valeur : 9.928.601 euros. Les conséquences sont ressenties à Gaza et sont visibles quotidiennement à la télévision.

En 2007, la Région wallonne a également accordé des permis d’exportation d’armes pour l’Israël : 210.000 euros de matériel pyrotechnique pour les munitions (probablement PB Clermont) et 270.000 euros pour des pièces de voitures blindées. Il est également vraisemblable qu’une livraison de pièces d’avions en provenance de Sonaca ait été autorisée.

Précisons que cette société travaille avec IAI-MALAT (Israël Aircraft Industries) sur des modèles d’avions sans pilote. Ces UAV sont visibles et opérationnels au-dessus de GAZA. Il y avait en définitive encore quelques permis pour des pièces de renforcement d’appareillage en région bruxelloise et wallonne, avec vraisemblablement comme fournisseur BATS d’Angleur.

En 2007, la Région flamande a accordé sept permis pour une petite somme de 500.000 euros, essentiellement à OIP (propriété de l’Elbit israélien), pour des appareils de vision nocturne avec des systèmes de guidage. Ces permis ont néanmoins été destinés à d’autres destinations (l’exportation d’équipement de précision de tireur vers la Colombie est tout aussi inquiétante que ces mêmes exportations vers le Népal en 2002). Celle-ci n’était donc pas destinée à l’armée israélienne, mais renforce bien l’industrie de défense israélienne et de cette façon lui est une aide indirecte.

La loi sur les armes affirme qu’un permis d’exportation ou un permis de transit est refusé lorsqu’il existe suffisamment d’indications à l’égard d’un pays destinataire donné :
– que l’exportation ou le transit y contribuera à une violation flagrante des droits de l’homme, qu’il existe un risque manifeste que le bien dont l’exportation est envisagée serve à la répression interne ;
– que l’exportation provoque ou prolonge des conflits armés, aggrave des tensions ou des conflits ou en cas de guerre civile dans le pays de destination finale;
– que l’exportation comporte un risque manifeste que le pays destinataire utilise le matériel en cause de manière agressive contre un autre pays ou pour faire valoir par la force une revendication territoriale.

Qu’est ce qui doit encore être fait pour qu’un permis de matériel de guerre destiné à l’Israël soit refusé ? Messieurs les politiciens, merci pour les déclarations vrombissantes, mais la loi devrait primer !

 www.vredesactie.be ; www.wri-irg.org

NDLR : le GRIP vient de publier une note d’analyse : « Les transferts d’armes de l’Union européenne et de la Belgique vers Israël. Quelle conformité avec le Code de conduite en matière d’exportation d’armements ? », par Caroline Pailhe.

La Palestine à la télé et dans les journaux

Écrit par Bernard LANGLOIS dans Politis le 27 juillet 2006 (guerre du Liban), et toujours d’actualité pour quelque temps, semble-t-il.

http://www.politis.fr/article1778.html
_____

Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l’esprit lorsqu’il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin.

Tout deviendra simple.

 


Règle numéro 1 : Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers, et c’est toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.

Règle numéro 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.

Règle numéro 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s’appelle de la légitime défense.

Règle numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.

Règle numéro 5 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.

Règle numéro 6 : Les Israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10 000 prisonniers à ce jour, dont près de 300 enfants). Il n’y a aucune limite et ils n’ont besoin d’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées.
Il suffit juste de dire le mot magique « terroriste ».

Règle numéro 7 : Quand vous dites « Hezbollah », il faut toujours rajouter l’expression « soutenu par la Syrie et l’Iran ».

Règle numéro 8 : Quand vous dites « Israël », il ne faut surtout pas rajouter après : « soutenu par les États-Unis, la France et l’Europe » , car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.

Règle numéro 9 : Ne jamais parler de « Territoires occupés », ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l’auditeur de France Info.

Règle numéro 10 : Les Israéliens parlent mieux le français que les Arabes. C’est ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle de la neutralité journalistique.

Règle numéro 11 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ces règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes un « dangereux antisémite ».

G A Z A    N A U S É E – La terre volée, la niche du chien et quelques premiers de classe

Carte empruntée à Julien Salingue

Bonjour,

Je vous recommande ici quelques textes présents sur Internet, et un témoignage arrivé par courrier.
Il s’agit pour l’essentiel de voix israéliennes minoritaires, et une réflexion sur les médias, selon laquelle ils sont aussi des acteurs dans la guerre qu’ils prétendent seulement observer.
Pour la guerre à Gaza comme sur tous sujets, deux portails sont particulièrement intéressants à consulter: le français www.rezo.net  et son petit frère belge francophone, www.mouvements.be, auquel je collabore modestement. Les consulter, c’est se donner les moyens de mettre en perspective ce qui est bien trop souvent une farce dans les médias, et, anecdotiquement, d’être informé quelques jours avant les lecteurs de la grande presse. Quand l’éditorial du Soir du 12 janvier ose les mots « Gaza : folie collective et crimes de guerre » par exemple, eh bien, il y avait quelques temps déjà que cela n’avait pas échappé aux lecteurs desdits portails.

Bonne lecture!

Guy

*

Gilad ATZMON (Israël) – écrivain et musicien, vivant en Grande-Bretagne:

Vivre en sursis sur une terre volée

Où l’on comprend que la base de la conscience fausse qu’ont les Israéliens du conflit depuis 1948 pour le moins, c’est la falsification de leur propre histoire à l’école, à l’université, et dans les médias.
Voici des extraits pour les lecteurs trop pressés:

 

Dans le paysage, les traces de la civilisation palestinienne d’avant 1948 ont été effacées. Non seulement la Nakba, le nettoyage ethnique en 1948 des indigènes palestiniens, ne fait pas partie des programmes scolaires israéliens, elle n’est pas même mentionnée ni discutée par aucun forum officiel ou universitaire israélien. (…)

Israël n’a pas trouvé de réponse militaire. Il peut certes tuer des civils mais ne parvient pas à enrayer les tirs de roquettes. (…)

le contrôle de l’Autorité Palestinienne et du Fatah sur la Cisjordanie est maintenu par l’armée israélienne (…)

Il est évident que le Hamas a fait preuve d’une certaine retenue avec Israël depuis trop longtemps. Le Hamas s’est retenu d’étendre le conflit à l’ensemble du sud d’Israël. (…)

Dès que le Hamas se sera emparé de la Cisjordanie, les plus grands centres urbains israéliens seront à sa merci. Pour ceux qui ne parviennent pas à le voir, ce serait la fin de l’Israël juif. Ça peut arriver dès ce soir, dans trois mois ou dans cinq ans, la question n’est pas de savoir ‘si ça se produira’, mais ‘quand.’ À ce moment-là, l’ensemble d’Israël sera à portée de tir du Hamas et du Hezbollah et la société israélienne s’effondrera, son économie sera ruinée. Le prix d’une maison individuelle de Tel Aviv nord équivaudra à celui d’un cabanon à Kiryat Shmone ou à Sderot. Au moment où une seule roquette touchera Tel Aviv, c’en sera terminé du rêve sioniste.

Les généraux israéliens le savent, les dirigeants Israéliens le savent. C’est pourquoi ils intensifient la guerre d’extermination contre les Palestiniens. Les Israéliens n’envisagent pas d’occuper Gaza. Ils n’ont rien perdu là-bas. Tout ce qu’ils veulent c’est terminer la Nakba. Ils larguent des bombes sur les Palestiniens dans le but de les anéantir. (…)

Tout ce qui reste aux Israéliens c’est de s’accrocher à leurs oeillères et à leur déni de la réalité pour fuir le triste destin qui leur est déjà fixé. Tout au long de leur déchéance, les Israéliens entonneront les divers chants de victimisation dont ils sont coutumiers. Imprégnés d’une réalité faite de suprématie égocentrée, ils seront hypersensibles à leurs propres souffrances tout en restant aveugles à celles qu’ils infligent aux autres.

http://www.alterinfo.net/Vivre-en-sursis-sur-une-terre-volee-Le-destin-ineluctable-d-Israel-est-inscrit-dans-chaque-bombe-qu-il-lache-sur-les_a28065.html

*

Michel Collon (Belgique):

Cher Monsieur Obama,

Vous avez déclaré à propos du conflit entre Israël et les Palestiniens : « Si quelqu’un tirait des roquettes sur ma maison où mes deux filles dorment chaque soir, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire cesser cela. »

Protéger vos enfants ? Comme je vous comprends! Mais, pour être tout à fait correct envers vos filles, ne devriez-vous pas leur raconter l’histoire de cette maison ? Dire que vous l’avez volée à ses propriétaires ? Et aussi le jardin, et tous les champs autour ! Et que vous avez obligé l’ancien propriétaire à aller vivre dans la niche du chien ? Car c’est exactement ce qu’Israël a fait en volant leurs maisons et leurs terres aux Palestiniens, et en les forçant à vivre dans des camps de réfugiés (voir les livres d’historiens israéliens comme Benny Morris).

Dès lors, cher Monsieur Obama, pourriez-vous prétendre vivre dans cette maison tranquillement, comme si de rien n’était ? Alors, juste une question : votre « changement » consistera-t-il à répéter ces vieux mensonges sur la maison, déjà ressassés par tous vos prédécesseurs ?

Recevez, cher Monsieur Obama, mes meilleurs sentiments. Et dites à vos amis que, sur cette terre de Palestine, il y a de la place pour tout le monde. A moins qu’une différence de religion ou de couleur de peau pose un problème à quelqu’un ?

Michel Collon
13 janvier 2009

http://www.michelcollon.info

*

Une habitante de Sderot (Israël):

Je parle avec les gens de Sderot

C’est le texte d’une habitante de cette ville frontière où les journalistes sont confinés et ressassent par ennui le point de vue de la puissance dominante, comme on peut s’en faire une idée avec l’article d’Henri Maler et Olivier Poche ci-après .
Elle est membre de Kol-Acher (Une autre voix), une association transfrontalière de dialogue israélo-palestinien.

(En ligne sur http://www.millebabords.org/spip.php?article10028 )

 

*

Henri Maler et  Olivier Poche (France):

Gaza – Médias en guerre

À grands renforts de reportages déséquilibrés et d’informations mal regardantes sur les sources, la plupart des médias ont confirmé qu’ils sont toujours, volontairement ou pas, des acteurs des guerres qu’ils prétendent observer.

Selon les comptages effectués par le site d’Arrêt sur images (lien payant), les 20h de TF1, France 2 et France 3, entre le 27 décembre et le 5 janvier, ont ainsi proposé 6 reportages intégralement consacrés aux civils israéliens, contre 2 aux civils palestiniens. Cette disproportion est encore plus prononcée, si l’on prend en considération les JT de 13h. Selon notre propre relevé, sur TF1 le rapport est de 5 contre 1. Un seul reportage consacré aux civils palestiniens, diffusé seulement au 20h, met en scène, sans le moindre propos politique, une famille relativement aisée de Gaza (comme nous l’apprend un reportage… de France 2 où le même couple franco-palestinien est interrogé [3]) et peu représentative par conséquent de la situation vécue par la majorité des Gazaouis. Et si l’on ajoute France 2, on atteint en tout 9 reportages contre 2 – là encore, le 13h ayant jugé bon d’évoquer Sderot, mais pas Gaza.
Publié le 12 janvier 2009.

Texte complet sur Acrimed (Action – Critique – Médias):
http://www.acrimed.org/article3044.html#nb1

*

Michael Warschawski (Israël):

Il s’agit « de punir les Palestiniens du seul fait qu’ils continuent à exister »

Cela fait quarante ans qu’il en est ainsi, que Michael Warschawski a choisi le camp des Justes. En 1967, alors qu’il suivait des études talmudiques à Jérusalem, ce jeune homme né à Strasbourg a rejoint le mouvement trotskiste antisioniste Matzpen, alors le seul groupuscule israélien à s’opposer à l’occupation de la Cisjordanie. Après avoir participé en 1982 à la fondation de Yesh Gvul, un mouvement d’officiers de réserve et de soldats contre la guerre au Liban, il a créé deux ans plus tard le Centre d’information alternative (AIC), qui rassemble plusieurs mouvements pacifistes israéliens et organisations palestiniennes.
(…)

[Il est] l’auteur de Programmer le désastre, la politique israélienne à l’œuvre, livre paru aux éditions La Fabrique et dans lequel il se livre à un « démontage en règle des mystifications sur le Proche-Orient, fabriquées et / ou entretenues par les médias internationaux« 

Dans Politis le 8 janvier, Bernard Langlois replaçait ces bombardements israéliens dans la logique de l’après 11 septembre et de la doctrine néo-conservatrice, écrivant notamment : « Les zélotes d’Israël, là-bas ou ici, ne cessent de nous le rappeler : la vaillante armée de l’État hébreu ne se bat pas seulement pour sauver la patrie en danger, elle est aussi la première ligne de défense de l’Occident et de ses valeurs contre le terrorisme et la barbarie. » Est-ce selon vous la meilleure grille d’analyse pour expliquer la conduite d’Israël ?

(Michael Warschawski:) Je suis entièrement d’accord avec analyse de Bernard Langlois : le cadre de la guerre israélienne est celui de la guerre globale contre les barbares (assimilés aujourd’hui a la civilisation musulmane) et son idéologie celle du choc des civilisations.

Puisque le Hamas n’est qu’un prétexte aux bombardements, quel est l’objectif réel de l’intervention ? Quelles issues et échéances voyez-vous à cette attaque ?

On a beau chercher dans les déclarations des dirigeants israéliens, on n’entend pas de réponse à la question : quel est l’objectif de la guerre ? En fait, il s’agit d’un mélange, fait de guerre punitive (vous avez choisi le Hamas, vous allez le payer), de volonté d’affaiblir au maximum le Hamas (tout en sachant que le succès sera limité), de tenter d’imposer le contrôle d’Abbas sur la Bande de Gaza (ce qui serait la fin définitive de ce qui lui reste de légitimité populaire) et du plus profond de l’inconscient, de punir l’ensemble des Palestiniens du seul fait qu’ils continuent à exister.

En 2005, vous avez expliqué « aimer Israël comme on aime l’enfant d’un viol ». En est-il toujours de même ?

Comme on aime son fils ou son frère qui est a la fois l’enfant d’un viol et un voyou brutal et extrêmement dangereux pour l’environnement et pour lui-même. Vient un moment ou il faut l’arrêter, le traduire devant les tribunaux et le punir.

Article complet: http://www.article11.info/spip/spip.php?article256.
Warschawski est partout en ce moment. Lisez « Carnage à Gaza« , paru sur http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article12577 .
On trouve un beau portrait de cet étonnant israélien d’origine strasbourgeoise, sous la plume de François Xavier.

*

Mads Gilbert et Erik Fosse (Norvège)

Des médecins évoquent l’usage « d’un nouveau type d’arme » à Gaza

Des blessés d’un type nouveau – adultes et enfants dont les jambes ne sont plus que des trognons brûlés et sanguinolents – ont été montrés ces derniers jours par les télévisions arabes émettant de Gaza.
(…)
nous avons vu des victimes de ce que nous avons toutes les raisons de penser être le nouveau type d’armes, expérimenté par les militaires américains, connu sous l’acronyme DIME – pour Dense InertMetal Explosive« 
, ont déclaré les médecins. Petites boules de carbone contenant un alliage de tungstène, cobalt, nickel ou fer, elles ont un énorme pouvoir d’explosion, mais qui se dissipe à 10 mètres. « À deux mètres, le corps est coupé en deux; à 8 mètres, les jambes sont coupées, brûlées comme par des milliers de piqûres d’aiguilles. Nous n’avons pas vu les corps disséqués, mais nous avons vu beaucoup d’amputés. Il y a eu des cas semblables au Liban sud en 2006 et nous en avons vu à Gaza la même année, durant l’opération israélienne Pluie d’été. Des expériences sur des rats ont montré que ces particules qui restent dans le corps sont cancérigènes », ont-ils expliqué.

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2009/01/12/des-medecins-evoquent-l-usage-d-un-nouveau-type-d-arme-a-gaza_1140545_3218.html#ens_id=1106055

Je ne peux que recommander la lecture de cet article valant son pesant d’horreur et d’héroïsme.

Il illustre le complot des premiers de classe, acharné à faire avancer les industries de la mort.
De bons ou d’excellents élèves, encensés et applaudis par leurs profs, devenus ingénieurs ou scientifiques de haut niveau dans l’armement, mettent leurs talents, et tout leur coeur, à ces entreprises.
Il y a là comme un cuisant échec pour les formateurs, éducateurs, pédagogues…