La rémunération mensuelle d’un commissaire européen

 

Moscovici

Les données en PDF

 

Bonjour !

La désignation de Pierre Moscovici en tant que commissaire européen par un pouvoir français peu connu à Bruxelles pour être exemplaire en matière de respect des règles budgétaires, auxquelles la France officielle souscrit par ailleurs fermement, nous avait déjà donné un remarquable numéro de danse du ventre du candidat. Sous le feu des critiques et questions des intégristes du marché qui s’en donnaient à coeur joie, Moscovici s’était engagé sans convaincre. Mais soit, il avait formellement déclaré ce qu’il était sensé déclarer, et depuis lors il a donné toute satisfaction, notamment en se livrant à d’impudentes exhortations de rigueur envers le gouvernement grec, qui lui coûteront très cher au Walhalla du socialisme (s’il existe).

Le propos est ici celui de sa rémunération, qu’il « n’assume pas », titre Le Monde, alors qu’elle est publique. L’homme en effet a nié un chiffre avancé par un journaliste, qui s’avère au final un rien sous-estimé, et il a insisté sur le fait qu’il paie beaucoup d’impôts, tout en admettant avoir un bon salaire. Il faut un peu chercher et un peu calculer pour connaître les montants exacts, ce qu’a fait Romain Geoffroy dans la série Les décodeurs, venons-en aux faits. (Ici en ligne, l’article est également repris ci-dessus en format PDF.)

Voici donc ce que Pierre Moscovici ne déclare pas volontiers. Il en est fier en privé, mais pas en public – comprenne qui pourra.

Le revenu mensuel brut d’un commissaire européen s’élève à 24 565,15 euros, y compris une allocation de résidence de 3.124,9 et des frais de représentation de 607,71.
Si nous supposons, ce qui serait à vérifier, qu’il n’y a pas d’impôts sur ces deux derniers montants, en appliquant l’impôt sur le revenu retenu à la source selon une grille progressive qui s’étend sur quatorze tranches allant de 8 à 45 % (pourquoi ce raffinement, on vous fait un tel saucissonnage du taux d’imposition, à vous ?), et le prélèvement de solidarité de 7 % prévu depuis 2014, nos animaux politiques européanisés de premier rang perçoivent donc un revenu mensuel net de 15.386,46 euros.

Pour être complet, il faut signaler l’indemnité d’installation de deux mois de salaire en début de mandat, soit 41.665 euros, ainsi qu’à la fin, celle d’un mois de salaire, soit 20.832 euros, au titre de réinstallation, plus le remboursement complet de son déménagement et de son voyage de retour. Oui, on veut être sûr qu’il (ou elle) s’en retournera.
L’ancien commissaire percevra également dans les trois ans qui suivent son mandat une somme mensuelle pour « transition », s’élevant, selon la durée de l’activité, entre 8.332 et 13.540 euros, sans qu’additionnée à une éventuelle nouvelle rémunération, cette indemnité ne puisse former un total qui dépasserait ce qui était perçu à la Commission.

Et n’oublions pas la retraite, car l’État social, c’est l’État social pour tous. « À partir de 65 ans, les anciens commissaires bénéficient d’une retraite calculée sur la base de 4,275 % du salaire de base pour chaque année exercée en tant que commissaire. Si M. Moscovici, 57 ans, se contente de son mandat de cinq ans pour sa carrière européenne, il pourrait donc toucher une pension de retraite mensuelle [brute] de 4.452,84 euros. » Pour cinq ans de boulot. Vraisemblablement cumulable avec tout autre revenu, puisque le texte n’en parle pas.

Vous connaissez l’expression, « culture de l’assistanat » ?

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