Homo sapiens industrialis : Où en sommes-nous?


(À ma connaissance, à peu près tout tout dans cette vidéo est établi,
sauf le scénario sur le Gulf Stream)

 

 

Bonjour!

On voit ce qui nous attend dans les (…dizaines, centaines, milliers, millions d’)années à venir.

Aujourd’hui chacune de nos saisons est une aventure. L’humanité est en état de prendre conscience que la planète Terre n’est pas une donnée figée et que l’impermanence des temps géologiques n’est pas une considération abstraite sur le passé abyssal, ni un avis désincarné sur un avenir insondable, mais un processus qui agite le ventre du présent, où chacun de nous est un grain de sable dans la benne du réel. La condition humaine fait qu’il y a un gouffre entre le savoir mental et son épreuve vécue, et çà et là ce gouffre s’obture.

Nous y sommes. Notre civilisation a commencé sa fin, aucun signe n’indiquant un crédible mouvement de redéfinition en actes de notre paradigme, qui pourrait seulement reporter l’effondrement. Lorsque les expériences isolées d’un « autre » monde troublent les consciences et réussissent, souvent provisoirement, des paris improbables, les fusils et les chars surgissent. Quand c’est Pierre Rabbhi, l’unanimité des haut-parleurs montre qu’il ne gêne personne et cela suffit à indiquer une erreur système dans son message. Quand c’est Notre-Dame-des-Landes, le Rojava ou le Chiapas, les fusils sortent: la civilisation comme tout organisme veut mourir de sa belle mort, c’est à dire de son mouvement interne et non d’agressions hétéronomes, et la violence d’État est le bras ultime de sa persévérance dans l’être, c’est sa médecine. Tout être humain est potentiellement un de ses microbes, et nous sommes nus. Nus devant les chars, nus devant le défi paradigmatique.

Le cours présent est, à hauteur d’homo sapiens industrialis individuel, à la fois fascinant et terrifiant.
Que les historiens du futur diront que le chaos à venir fut à hauteur de l’hybris industrialiste, pire que la dévastation des Amérindiens et des peuples colonisés par la poudre et le fusil, pire que les pestes du Moyen-Âge chrétien ou les guerres de religion européennes, n’est pas certain, car l’existence même des historiens du futur n’est pas assurée.
Comme toujours – un tout petit toujours -, les ressources aveugles du psychisme humain sont convoquées pour tenter de bricoler des illusions protectrices dans les limites temporelles étroites de l’existence humaine individuelle.
Cette performance de l’aveuglement rencontrant de plus en plus d’obstacles, car la pédagogie du réel est sans appel, nous entrons dans un temps de crispations délétères et de violences butées.

*

Post-scriptum
Je garde incidemment toute ma joie. Certes, avec les prédispositions de tout être vivant, mais aussi avec l’appui déterminant, livré par Jean Ziegler, d’Antonio Machado: « Tant que mon pied fait un pas en avant, il y a un chemin. »
Le poète est mort dans les jours qui ont suivi cette profession de foi.

Crédit vidéo: Maxime Lamy

3 réflexions au sujet de « Homo sapiens industrialis : Où en sommes-nous? »

  • 26 août 2018 à 13h27
    Permalink

    Je ne crois pas à un « renversement » du Gulf Stream, mais je crois certainement à son affaiblissement.
    Je dis « renversement » parce que je ne me souviens pas exactement de la terminologie utilisée.
    Le changement de sens de rotation est impossible parce que les courants marins, in fine, sont conditionnés par la rotation de la terre. Les alizés soufflent du nord-est et du sud-est, et sauf à renverser le sens de rotation de la toupie, ça restera comme ça.

    1.

    2.

    Répondre
  • 25 août 2018 à 17h00
    Permalink

    (1) La vidéo est un peut trop pessimiste pour être honnête. Pour chaque argument, si on n’est pas pisse-vinaigre cynique ou crypto-maso, on peut dire « oui, mais…. ». Mais je ne vais pas passer mon temps à ça, ce serait casser l’ambiance. Le malheur est un créneau porteur, il a ses stars et ses prophètes, et d’innombrables partisans qui ne vont pas arrêter de prendre l’avion (je!), de climatiser (ego!) , de rouler en voiture (moi!) etc. Armand et Germaine s’en foutent que la planète se réchauffe et des polychlorobiphényles (PCB) dans leur bouffe.

    (2) L’homme est une espèce profondément nuisible. C’est la faute à Darwin (vous me comprenez, hein?). Et dans ce jeu-là, il n’y a pas de bons (ces pauvres Sahéliens!) ni de mauvais (ces salauds de Belges!) C’est « moi d’abord » d’abord, partout et toujours.

    (3) L’intelligence moyenne de l’homme est abyssalement basse. Les petites érections bien-pensantes du monde scientifique et l’intelligence artificielle n’y changeront pas grand chose. Homo occidentalis et tous ses potes, les septentrionaux, ceux du levant et ceux de l’hémisphère austral (j’ai oublié quelqu’un?), ne sont pas pilotés par des aspirations supérieures de subtile perfection. Homo universalis est guidé par son instinct du plaisir, foot, télé, bouffe bien grasse, pinard etc, comme vous et moi. On en vient presque à regretter les prêtres et leurs salades qui, au moins, essayaient d’élever le débat au dessus du bas ventre, même si c’était, in fine, pour assouvir leurs instincts bien ordinaires à eux, instincts de pouvoir et autres. Re-Darwin, en quelque sorte.

    (4) Je crois au pouvoir rédempteur des catastrophes et désastres en tout genre. Le monde va mal? Il a décidé de se suicider? Eh bien, qu’il crève! Avec un peu de chances, les survivants auront appris quelque chose. Dans le cas contraire, on sera reparti pour un nouveau cycle. Lequel se terminera comme il pourra.

    Einstein, un gars très chic et éminemment citable croyait apparemment dans la vertu des désastres. Comme moi. Ça fait plaisir! Il aurait dit faut pas s’attendre à ce que ça change si on continue à faire la même chose (voir le lien de mon site web). Il avait un peu tort dans la mesure où ça va changer parce qu’on continue à faire la même chose. Mais il n’avait pas tort dans la mesure où, quand ça aura suffisamment changé, on fera forcément autre chose.

    J’aurais aimé voir ça!

    Répondre
    • 6 octobre 2018 à 9h47
      Permalink

      Votre avant-dernière phrase ne doit-elle pas commencer par les mots « Et il avait grand tort dans la mesure où » (ça va changer parce qu’on continue à faire la même chose) ?

      Répondre

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