Bonjour!
Yanis Varoufakis bouge encore… Et surtout, il parle encore!
Le voici dans Libération, sous le titre « En Europe, les chiffres prospèrent, les gens désespèrent» . Ça commence bien.
J’aime la moitié de ce qu’il dit ici: un minimum. Un quart m’ahurit, ce qui est beaucoup, et le reste m’irrite, comme le tout. C’est trop, beaucoup trop!
Sa politique d’ « entrisme » vis-à-vis de l’UE me paraît sans autre fondement qu’un présupposé consensuel purement non argumenté. – Ça recommence. Et bien!
Selon monsieur Varoufakis, il faut garder l’UE, il faut garder l’euro. Point. Cela ne se discute pas et ne s’argumente pas. Ce type né en Grèce, formé au Royaume-Uni, est passé par l’Australie et nous arrive du Texas. Il sait ce qu’il dit.
Il dit, dans une posture qu’il aimerait être considérée comme héroïque (pure supposition), qu’il faut batailler de l’intérieur: Woaw, et Waow !
Ma parole c’est l’entrée du cheval de Troie dans la Troie de la guerre de Troie (ce qui fait trois), c’est James Bond investi au coeur du saigneur du mal… Et c’est à temps complet.
C’est le film dont vous êtes, dont ils sont, dont il est, quotidiennement, le héros: investir le monstre et lui pourrir la vie de l’intérieur.
Mais moi je demande, de mon ineffable et résolue insignifiance: Des arguments s’il vous plaît.
Quand j’étais prof, je lui aurais mis un 0/20. Aujourd’hui je dis: ne donnez à personne le droit de mettre un zéro.
En Europe, l’entrisme est un classique qui fut porté au plus haut point par les trotskystes. L’entrisme a, des décennies durant, démontré sa grande utilité pour les carrières individuelles, et son échec définitif pour les projets politiques. Il y eut en France Jospin parmi beaucoup d’autres, assez nombreux au PS français. Tous devenus députés et ministres, et tous acteurs de la copie néolibérale PS.
(Mélenchon, autre exemple, a été trotskyste dans la version lambertiste. Mais après être entré et avoir été même un proche de Mitterrand, il est sorti, lui. Il y a peut-être un avenir dans son mouvement.)
Revenons à la rhétorique, qui est la manière d’argumenter, de convaincre, et finalement de se présenter.
Celle de Varoufakis est très proche de celle de Macron, qu’il déclare « toujours considérer comme un ami ».
Je tombe de ma chaise!
Mais après tout… Vous savez ce que c’est qu’un ami pour un politicien?
J’ai eu un ami, sans italiques, devenu politicien. Lui, à midi il disait ami (italiques), d’un type rencontré deux heures plus tôt.
Macron, l’adepte du « en même temps » , et Varoufakis, ont en commun de mélanger ce qui n’est pas miscible, de sorte que les auditeurs ou lecteurs se souviendront avoir entendu ou lu ce qu’ils aiment entendre ou lire, en vertu du principe de la sélectivité de la perception, de la sélectivité de l’attention et de la sélectivité de la mémoire: Je l’ai entendu dire ce que je pense!
Cela fonctionne d’autant mieux que le public est distrait ou inattentif.
Cette rhétorique récuse en soi l’intelligence et la conscience des interlocuteurs et elle a tout à craindre d’un ‘vrai’ débat, qui serait mené dans la durée et dans l’information la plus complète possible, sans lesquelles il n’existe pas, le ‘vrai’ débat. Au coeur de sa logique, cette position a tout à craindre de la démocratie. La haine de la démocratie est le titre d’un livre de Jacques Rancière.
Ne la sous-estimez pas !
La démocratie s’oppose à l’ego, à l’ambition personnelle et à ce genre de choses, c’est évident. Et pas que dans la classe des propriétaires!
Le type qui dit « votez pour moi » serait être écarté en démocratie.
Soyons justes: la femme, aussi.