L’UJFP (France) relève un point aveugle dans les commentaires sur les offensives israéliennes en Palestine

A Palestinian woman hangs laundry at her house that was damaged during Israel-Gaza fighting, as ceasefire holds, in Gaza City August 8, 2022. REUTERS/Suhaib Salem

 

Bonjour!

 

Le 5 août vers 16 heures, une fois de plus, Israël se signale en lançant une offensive sur Gaza, sous la charmante appellation Aurore. Une trêve sous médiation égyptienne (du pays arabe qui collabore de longue date au blocus israélien de Gaza) a été adoptée le dimanche 7 août vers 23 heures 30 entre l’armée israélienne et sa cible, le Jihad islamique. Quelques combattants palestiniens ont été tués, 24 selon l’armée israélienne qui déclare aussi 51 décès palestiniens dont un nombre non précisé d’enfants, 15 selon le ministère gazaoui de la santé, lequel ajoute un nombre de 360 blessés.

Si l’indignation reste constante, la surprise n’est hélas pas au rendez-vous.

À l’instar du journal Le Monde qui parle d’une « absence d’une stratégie politique de long terme » du côté de « l’Etat hébreu », la lecture de la presse ou l’écoute des grands médias présentent en effet peu d’analyses convaincantes ou même simplement de début de commencement d’une explication de cet acharnement guerrier « à huis clos », toujours selon Le Monde, c’est-à-dire : toutes frontières fermées. Imaginons que la Russie aurait le pouvoir de bloquer toutes les frontières terrestres, maritimes et aériennes de l’Ukraine…

Or voici un constat présenté par l’UJFP, Union Juive Française pour la Paix, forcément plutôt bien informée:

Il est frappant de constater la corrélation entre les périodes électorales israéliennes et les « opérations » meurtrières de l’armée israélienne. C’est en effet souvent l’ouverture d’une campagne électorale en Israël qui déclenche un déluge de feu sur Gaza et parfois sur les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Mener une « guerre préventive » est le meilleur moyen pour un homme politique israélien de se faire élire. Dans les différentes offensives militaires de 2006 à 2014, étaient à tour de rôle candidats pour diriger le gouvernement : Ariel Sharon, Ehud Barak, Benyamin Netanyahou et Tsipi Livni. En avril 2019, l’indéboulonnable Netanyahou a provoqué un autre scrutin ; l’essentiel de sa campagne a consisté à pilonner Gaza (plus de 100 raids). Résultat : morts, blessés, destructions et… réélection de Netanyahou. Nouveau scrutin quelques mois après et malgré sa coalition gouvernementale bancale, Netanyahou a de nouveau remporté la partie avec sa tactique habituelle. Cette fois-là, ce sont des bombardements, dans les semaines précédant le scrutin, contre la Syrie, l’Irak et le Liban. Et Netanyahou a été à nouveau reconduit au fauteuil de premier ministre. Le Code électoral israélien imposait la date-limite pour la formation d’une nouvelle majorité gouvernementale en novembre 2019. Résultat : une trentaine de morts dans des bombardements contre Gaza et Damas. Nouvelle élection en 2020 et nouveaux bombardements sur Gaza.

En mai 2021 les impératifs politiques de l’extrême droite au pouvoir (le parti « Yamina » de Naftali Bennett) ont conduit à une nouvelle offensive contre Gaza, sans parler des milices fascisantes qui s’attaquaient aux Palestiniens dans les rues des villes israéliennes. Bilan : 232 morts palestiniennes, 12 morts israéliennes.

Cette année les concurrents pour diriger le futur gouvernement s’appellent Naftali Bennet, Benny Gantz et Yaïr Lapid. Ce dernier (droite libérale, épaulée dans une coalition avec l’extrême droite) expédie les affaires courantes en tant que premier ministre par interim. Comment a-t-il décidé de confirmer son rôle à la tête du pays dans les élections prévues le 1er novembre ? Il n’a rien inventé. Il fait déclencher le 5 août une offensive militaire « préventive » contre Gaza.

Le texte complet de ce communiqué est consultable ici en ligne et comme PDF.

Et voici que dès le 8 août, lendemain du cessez-le-feu, le journal La Croix par son correspondant à Jérusalem titre « L’opération d’Israël contre Gaza renforce Yaïr Lapid et Benny Gantz »…

Yaïr Lapid comme dit plus haut est le premier ministre en titre.
Et Benny Gantz est l’actuel vice-premier ministre.
Comme l’immense majorité des politiciens israéliens de haut rang (Lapid, ancien journaliste, fait exception), Gantz est un ancien militaire, à l’origine d’une loi de 2020 interdisant de restituer à leur famille les dépouilles des Palestiniens tués dans des heurts avec les forces israéliennes. Deux des trois aspirants au poste de futur premier ministre sont donc aux commandes, ils ont choisi la cible et la date, et selon ce premier titre de presse, ce sont bien eux qui tirent un avantage politique de l’opération contre le troisième candidat, Naftali Bennet, ex-premier ministre d’extrême-droite ayant perdu sa majorité.

La lecture de l’UJFP se trouve donc confortée :
Les gouvernants israéliens sont en situation de tirer avantage d’opérations militaires « préventives » contre les Palestiniens, ou contre des pays voisins, pour prolonger leur prééminence sur leurs rivaux.
Et ils en usent.

 

Guy

 

*    *    *

 

PS:
Israël a connu un bref mouvement d’occupation des espaces publics en 2011-2012, appelé aussi « la révolte des tentes » . Je me souviens qu’un des manifestants déclarait à un journaliste: « Sans la menace guerrière permanente, notre pays serait en état de guerre civile. »
Et pour rappel, il y a en Israël en permanence quelques centaines de jeunes femmes et de jeunes hommes détenus en prison pour refus de répondre à l’obligation militaire qui s’applique à tous,  …sauf aux juifs intégristes, dits en général « ultra-orthodoxes », qui en furent exemptés jusqu’en 2015.
Dans le même ordre d’idées, il existe en Israël une incroyable association de plus de 250 généraux à la retraite, de tous les corps d’armée, de renseignement et de police, libres de positionnement politicien et libérés du devoir de réserve, qui oeuvre à la paix et pour deux Etats.

 

Sources:                                 [Je donne ici la liste des liens pour éviter de les multiplier dans le texte]

2 réflexions au sujet de « L’UJFP (France) relève un point aveugle dans les commentaires sur les offensives israéliennes en Palestine »

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