Emmanuel Macron est un extrémiste (bis)

L’Éborgneur dans « le vide sidéral de l’allocution du 17 avril » (mots de Romaric Godin, © photo Sébastien Calvet / Mediapart — voir les notes)

 

Bonjour!

Emmanuel Macron est un extrémiste.
Vous en doutez ?
Des millions de Français le savent aujourd’hui, et nombre d’autres dans le monde, qui ont suivi, blessés dans leurs aspirations à la justice, ahuris, les violences de l’Éborgneur contre la paix sociale, contre le parlement et contre les citoyens, en rapport aussi bien avec son projet de réforme des retraites qu’avec son traitement ultra-violent de la manifestation anti-bassines à Sainte-Soline du 25 mars.

1. Passage par la reconnaissance faciale, l’image et l’«intelligence» artificielle

Condroz belge l’avait déjà écrit en 2017, le , à une époque où Macaron, soit, aka Mac À Ronds, (désolé, mais j’avais promis à une amie de placer son mot), se présentait encore dans cette gestuelle évangélique :

2017 : Tête typique d’extrémiste, interprétée par un logiciel de la police. L’analyse spectrographique, manifestée par les barres verticales, ne laisse aucun doute.

Aujourd’hui, depuis que des années durant il n’a cessé de se raidir en répétant « J’assume » , et « Ne rien lâcher, c’est ma devise » , Emmanuel vient d’affirmer qu’il n’avait pas de regrets, plus exactement qu’il n’avait « aucun scrupule, aucun regret » .
Aucun scrupule ? Nous y sommes.

La dernière version du logiciel de la police, dont dispose désormais Condroz belge, n’est guère plus tendre qu’en 2017:

Version 2023 du logiciel de la police:
Fixité du regard et bouche pincée peuvent indiquer une personnalité orientée vers un certain fanatisme, compatible autant que contradictoire avec une sphère cérébrale et verbale évoquant une affirmation d’angélisme, tandis qu’au bas de la photo, les mains, significatives de l’effectivité de l’action, révèlent des desseins opposés à la parole. L’assombrissement des vecteurs horizontaux, du haut vers le bas, de la sphère verbale vers l’effectivité en marche, marque une contradiction majeure entre le déclaratif et les exécutions. La catégorie générale à laquelle appartient ce type de profil a été nommée « fanatique dénégatif » par nos experts.

 

*    *    *

2. En langue « naturelle » (humaine) :

Pour ceux qui se méfient des logiciels de la police:

  • Edwy Plenel, « Ce président sans scrupule égare la République », Mediapart, 17 avril 2023 (Lire en ligne ou en PDF)

L’article reprend le pavé dans la mare jeté par Dominik Moll à l’occasion de sa réception du César des lycéens, pour son film La Nuit du 12, en présence du ministre de l’Éucation nationale – c’est à partir de 5’45” sur la © Vidéo Académie des César:

CÉSAR DES LYCÉENS 2023_REMISE DE PRIX_LA NUIT DU 12 from Académie des César on Vimeo

 

  • Romaric Godin, « Travail : Macron tourne à vide »,  Mediapart, 18 avril 2023 (Ici en ligne, en PDF)

 

  • Pierre Rosanvallon, historien mainstream dans Quotidien, une émission de Yann Barthès: « L’historien Pierre Rosanvallon exprime sa colère et son inquiétude chez #Quotidien  »

 

 

  • Grégoire Chamayou, La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaireEd. La Fabrique, 2018. On peut consulter une courte et excellente présentation en ligne par Christine Pagnoulle, Uliege.
    Une recension plus détaillée a été offerte par Joseph Confavreux sous le titre « Dans la tête du capital » (Mediapart ici en ligne, ou en PDF.) Ce riche article montre à quel point le livre est exceptionnel et incontournable. Le passage sur le « dialogue social » comme entreprise de manipulation et de division, « arme troublante » , sachant qu’il n’y a, « en dialoguant, aucune volonté de négocier », relève parmi d’autres d’une analyse au scalpel des faux-semblants de l’immersion néolibérale. La société ingouvernable est un livre indispensable. L’ingouvernabilité dont il est question est la réalité assumée et essentialisée, naturalisée, d’une « gouvernance » complice se déclarant impuissante face au marché.
    Pour ce qui est du libéralisme « autoritaire » , ce dernier ne manque pas d’aller éventuellement jusqu’à la fascisation, ainsi que l’illustre cette phrase de Friedrich Hayek, théoricien de référence de Margaret Thatcher et soutien d’Augusto Pinochet, énonçant « Personnellement, je préfère un dictateur libéral à un gouvernement démocratique sans libéralisme. »

 

  • Joseph Confavreux, « Emmanuel Macron rejeté par (toute) la pensée ».  (ici en ligne, en PDF) Où en sont les intellectuels français?

Le président de la République est désavoué aussi bien par des penseurs de renom et des universitaires modérés que par des représentants de la pensée « mainstream », voire « unique ».

Le fonctionnement solitaire, sourd et suffisant d’Emmanuel Macron a déjà été observé dans maints ouvrages, que ce soit d’un point de vue psychanalytique par Roland Gori (La Nudité du pouvoir. Comprendre le moment Macron, Les Liens qui libèrent, 2018), à partir de la philosophie du langage par Raphaël Llorca (La Marque Macron. Désillusions du neutre, éditions de l’Aube, 2021) ou encore depuis la sociologie par Dominique Méda (C’étaient les années Macron, Flammarion 2022).

Pierre Rosanvallon, Alain Duhamel, Patrick Boucheron, Philippe Descola, (un prochain billet CB sur cet anthropologue, soutien des Soulèvements de la terre, est bien possible), Dominique Meda, Jacques Attali, Philippe Aghion… Pourquoi ce mélange des genres dans la critique, en général sévère, de la politique macronique?

La quasi-unanimité de l’hostilité de la pensée contemporaine, qu’elle soit mainstream ou radicale, médiatique ou universitaire, à l’action d’Emmanuel Macron, s’explique en partie par la diversité des raisons qui la motivent et ne se situent pas au diapason les unes des autres.

Pour des personnes comme Jacques Attali, Alain Duhamel ou Philippe Aghion, il s’agit d’abord d’éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain et d’éviter que le vent de révolte contre Emmanuel Macron n’entraîne avec lui le corpus économique et social dont ils ont été les infatigables défenseurs. Comme Mediapart le relevait récemment, même la finance internationale prend ses distances avec Emmanuel Macron, qui va jusqu’à inquiéter les milieux d’affaires qui en avaient fait leur poulain.

Pour des penseurs inspirés du libéralisme dans sa version historique, dont font partie les disciples de Paul Ricœur tels François Dosse ou Olivier Abel, le constat vient du fait qu’Emmanuel Macron s’avère définitivement non pas un hériter de ce courant de pensée incarné par des figures comme Benjamin Constant ou John Locke, ainsi qu’il a pu le prétendre, mais comme un des représentants de ce « libéralisme autoritaire » prêt à passer par-dessus bord les principes du libéralisme politique et les minima démocratiques, au nom d’un agenda socio-économique inflexible.

Il y a bien du plaisir à picorer dans ces textes, du gai savoir pour garder sa joie de vivre.

Hauts le coeurs!

Guy

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