Bonjour!
François Gemenne est un crack. Politologue, ce Liégeois est enseignant-chercheur à Science Po Paris, à l’Université libre de Bruxelles et à Uliege. Docteur de la London School of Economics, membre du Giec, il est spécialisé dans l’étude des migrations, en particulier des migrations pour causes climatiques, et de la géopolitique de l’environnement. Il a fait trop d’études de terrain (dont Fukushima) et exercé comme consultant pour trop d’organisations internationale,s pour en donner la liste ici, que l’on peut voir résumée sur le site de l’Iddri. Et sur le site de France-Culture, ses principaux ouvrages.
Malheureusement, un esprit bilieux, titulaire d’un doctorat de l’Uliege et s’abritant derrière le pseudonyme « Chris a Liege » (sic), a fait supprimer la notice Wikipedia de François Gemenne, par ailleurs cité dans nombre d’autres articles de l’encyclopédie en ligne. …C’est un comble! Il y a des rats incessants qui grignotent Wikipedia à temps plein, et il devrait y avoir une limite de temps hebdomadaire ou annuel qu’un membre de ce beau projet peut exercer en tant que contributeur.
François Gemenne a donc des convictions écologistes fortes. Il s’est engagé dans le parti d’écologie de gouvernement de son pays natal, Ecolo, et comme on s’en doute il est plutôt realo (« réaliste ») que fundi (« fondamentaliste »), comme disent nos amis allemands. En ce sens, le titre « Le problème n’est pas tant le capitalisme que le court-termisme » d’un de ses entretiens dans la presse me paraît bien le représenter. Mais c’est un grand intellectuel, lucide et supérieurement informé.
Voici qu’il publie ce 10 avril, sur le site français AOC (sur abonnement), le quotidien en ligne des idées rapidement devenu indispensable par la qualité de ses intervenants, « Habiter la Terre au temps des pandémies » . J’en donne le texte en format PDF.
Voici le chapeau de son article: « Contrairement à ce que l’on peut entendre, l’épidémie de Covid-19 n’est pas une « chance pour le climat ». Les conséquences sur l’environnement pourraient même s’avérer désastreuses, et il semble illusoire de vouloir appliquer au changement climatique les mêmes mesures que celles qu’on applique actuellement contre le coronavirus. Il nous faudra au contraire retrouver le sens de ce que nous avons en commun, au-delà de nos frontières nationales, pour garder la Terre respirable par tous » .
En bref, son argument est que « Pour l’instant, tout laisse hélas à penser que ces plans de sauvetage [qui seront mis en place par les États en faveur de l’économie à la sortie de crise] s’apparenteront surtout à une bouée de sauvetage inespérée pour des industries liées aux énergies fossiles, qui ont été durement touchées par la crise. Et comment serait-il audible de vouloir imposer à ces industries des contraintes environnementales plus strictes, alors qu’elles seront déjà exsangues ? »
Et aussi, que « Pis encore, (…), de nombreux gouvernements et entreprises vont désormais utiliser la crise comme prétexte pour demander (et parfois obtenir) un renoncement aux politiques environnementales. »
Il discute aussi de façon fort intéressante son sous-titre « La crise du coronavirus et le changement climatique sont de faux jumeaux » . La comparaison de ces deux calamités est en effet un sujet important.
Bonne lecture, l’article de François est un bel oeuf de Pâques !
Guy
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Crédit pied aux fesses: Christine Pagnoulle.
Post-scriptum: Vous trouverez ici la liste des billets de ma série « CoronaViral » .
Tout à fait d’accord avec ce monsieur. Je ne crois pas une seconde à un sursaut d’intelligence de la plus grande partie de l’humanité. Au contraire, la consommation va se déchainer tant l’ennui est profond chez l’esclave humain qui remplace l’idée par le Mac Do. Le prétexte sera tout trouvé, de fait. Que ne suis-je encore un singe ! Ou un pangolin, tiens !