…Il était très entouré !
Nous étions entre 4 et 5.000 à Bruxelles ce dimanche 17 août. On remettra ça. Des actions auront encore lieu.
Il y avait pour la même raison plus de dix mille personnes en rue la veille à Tel Aviv.
Dans le monde entier, les manifestations se sont succédé depuis le début de la récente opération israélienne à Gaza, et d’autres sont programmées ou en voie de l’être.
En Belgique, on peut suivre l’agenda à venir sur le site de l’Association belgo-palestinienne, qui donne aussi de bonnes infos sur les produits, israéliens ou non, à boycotter, et sur la page Facebook de Plateforme/Plaform Urgence Gaza. Le boycott pour la Palestine, ou « BDS », est un mouvement international qui monte en puissance, un peu à l’instar de celui qui en son temps a ciblé les produits sud-africains de l’apartheid, et sur lequel je reviendrai.
Elle a ouvert son compte Twitter en mars 2012, avec Guess what (« Devinez quoi »)comme pseudo. Aujourd’hui, 201.000 personnes la suivent dans le monde. Aussi aux États-Unis.
Elle écrit:
« JE PLEURE ET JE NE PEUX PAS SUPPORTER LE BRUIT DES BOMBES. JE SUIS EN TRAIN DE PERDRE MON SENS DE L’OUÏE. »
(I AM CRYING AND CAN’T STAND BOMBS SOUND! I’M ABOUT TO LOSE SENSE OF HEARING)
« Un grand bâtiment de l’Hôpital al-Shifa est menacé de bombardement. Nous évacuons la maison. »
(A big building of al-Shifa’ Hospital is threatened to be bombed, we’re evacuating home)
« La mer me manque, mes amis me manquent, la crème glacée me manque, le bonheur et la joie me manquent. MA VIE ORDINAIRE ME MANQUE. »
(I miss the sea, I miss my friends, I miss ice cream, I miss happiness and joy. I MISS MY ORDINARY LIFE)
J’ai fait à quelques reprises en octobre 2013, presque cinq ans après l’opération israélienne « Plomb durci » à Gaza, un rêve étrange et pénétrant. Un cauchemar, à proprement parler.
Le cauchemar continue, mais de plus en plus nombreux, désormais, sont ceux qui veillent. Il me semble, oui, que l’opinion est en train de se retourner.
Voici, pêle-mêle et dans le désordre, une gerbe d’énervements.
Je n’ai pas réussi à me limiter à ce qui donne son titre à ce billet. Gideon Levy, c’est tout à la fin.
*
La question palestinienne est le lieu de toute une série d’idées fausses, spontanées ou cultivées, colportées par la propagande de nos régimes. C’est un des grands sujets qui illustrent ce fait que la propagande d’État est gigantesque dans les démocraties réelles occidentales, qu’aucun régime n’échappe à la propagande, que bien pauvre est l’art journalistique en ces pays, et peu éclairée l’opinion commune. Aussi le regretté Stéphane Hessel y consacrait-il deux pages sur les 18 de son Indignez-vous! – ce qui n’a pas manqué de motiver nombre de critiques qui s’avancèrent masqués.
En 2006 déjà, pendant la guerre du Liban, Bernard Langlois donnait dans la revue Politis un résumé ironique de la grille de lecture, par nos médias, des événements du Proche-Orient. Les termes-clé de représailles, terrorisme, communauté internationale, antisémite, sont précisés, et les mots interdits aussi. Rien n’a changé sur le fond.
Voyez comme ces deux lascars font avancer la lumière: « Après la manifestation pro-Gaza, Hollande et Valls se dressent contre l’antisémitisme » . Pan! À l’essentiel !
…Israël va me rendre fou.
C’est peut-être déjà fait, mais j’espère qu’écrire cette lettre va ramener la température de mes neurones à un seuil compatible avec la santé mentale.
Certes, je suis optimiste. C’est plus fort que moi.
L’optimisme est une loi de l’espèce.
*
La presse nous dit que dans l’intervention militaire en cours à Gaza, il y a quatre-vingt pour-cent de victimes civiles. Vrai ou faux? Tant que ça? Ou si peu que ça?
Quoi qu’il en soit, la com de l’armée israélienne laisse pantois.
La com, comme ils disent entre eux, c’est la « communication ». Dans le monde entier on me communique, du monde entier on me communique.
Et moi, je cherche le bouton Répondre, et je ne le trouve pas. Ce qui montre bien la supériorité des esprits de la communication. Eux ils savent communiquer, moi pas.
L’armée israélienne, donc, communique. D’ailleurs, on dit Tsahal. Lire la suite
(Déposé ce jour sur le blog d’Henri Goldman sous le titre Un « sioniste » serait-il un banal patriote ?)
« Sionisme » a fini par devenir une insulte et je me demande si le mot a encore un sens.
Un sioniste serait-il un partisan inconditionnel de l’appropriation juive des terres palestiniennes et de l’expansionnisme de l’État d’Israël, ou un manipulateur de la menace extérieure pour favoriser les affaires et la paix internes, une personne qui refuse les décisions des Nations-Unies, un tricheur sur les accords d’Oslo? Comment le définissez-vous ? Pour ma part, je vois que chez nous ou en France, nombre de défenseurs de l’État d’Israël font, des [observateurs] critiques de cet État, des ennemis du peuple israélien, ce qui est d’une pédagogie regrettable et lamentable pour dire le moins. Alain Finkielkraut n’est-il pas incontestablement de ceux-là ? Je n’arrive personnellement pas à utiliser le terme de « sioniste », tant il me donne l’impression d’être un slogan éculé propre à tous les malentendus, y compris pour qualifier ce genre de commentateurs tristes et crispés, toxiques. Lire la suite
J’étais à peine endormi, qu’un cauchemar m’a réveillé. La dernière phrase du rêve, avec son verbe en relief, résonnait à mes oreilles et figeait ma conscience : « Alors Hitler gaza les juifs. »
Gaza.
Je me suis levé, je suis descendu à la cuisine. Reprenant mes esprits devant un verre d’eau, je découvre la petite flamme de la cuisinière qui brûle toujours sous le diffuseur, depuis le dernier thé de la soirée. J’avais oublié d’éteindre le gaz! Comme une mauvaise ligne de défense d’Eichmann à son procès.
Je n’avais pas échappé à la dernière et sinistre actualité de Gaza. Plomb durci est le nom que les communicateurs de l’armée israélienne lui ont donné. Pour moi c’est, Gaza le blocus, Gaza les réfugiés, Gaza prison, Gaza envahie, Gaza sous les bombes, Gaza les enfants… À Gaza, des écoles, et même le zoo ont été bombardés. Alors de temps en temps, le gaz se fait oublier dans ma cuisine.
Gaz et Gaza me font problème.
Gaza est un des lieux de la planète où il n’est pas bon d’avoir vingt ans. On y voit de jeunes garçons jeter des pierres sur des blindés. C’est un jeu qui n’est pas drôle, un jeu dangereux. Un jeu auquel je ne me suis pas livré dans ma jeunesse, ni vous, ni personne parmi nos amis et connaissances. Un jeu que personne ne choisit pour ses enfants. Un jeu auquel jouent ou ont joué très peu de jeunes au monde, un jeu qui dérange et qui pose question.
Nous souhaitons que les jeunes Palestiniens nous fichent la paix. La paix! Nous n’aspirons qu’à la paix. Qu’ils s’occupent de… des olives, de musique, de mobylettes, de leur petite amie, de leur verre de bière ou de thé, d’un boulot et de vacances. Que les jeunes Palestiniennes aient d’autres choix que le repli, la peur, le deuil. Qu’elles étudient ou travaillent. Qu’elles nous fichent la paix.
J’ai un cerveau. Un coeur. Des tripes. Une mémoire. Des blessures. Des infos. Et même: de l’imagination.
Donc… j’imagine.
Avoir vingt ans en Palestine. À Gaza.
*
Bien. Imagine est aussi une chanson célèbre, dans une langue qui n’est pas la nôtre. Vous connaissez son texte.
Bon.
…Vous êtes toujours là, réveillé ?
…Pardon ?
…Vous dites que vous veillez ?
Ah !
Nous ne sommes pas tout à fait seuls.
Je peux dormir en paix.
* * *
La campagne qu’Israël baptisa « Plomb durci » eut lieu du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. Imagine de John Lennon, texte et chanson : http://www.lacoccinelle.net/243444.html