Les constats de Gail Bradbrook, co-fondatrice d’Extinction Rebellion

Bonjour!

La Britannique Gail Bradbrook est docteure en biophysique moléculaire, elle est donc capable de parcourir la littérature scientifique et d’en présenter l’état actuel. C’est lors d’une réunion chez elle qu’a été fondé le mouvement aujourd’hui mondial Extinction Rebellion (XR), qui alerte et agit sur le péril climatique, environnemental et humain, et a choisi pour moyen d’action la désobéissance civile non violente. Cent cinquante Britanniques se sont déclarés prêts à aller en prison pour leurs actions, et chacune-chacun chez XR choisit le niveau de risque accepté.
Dans l’exposé ci-dessus, Gail Bradbrook parle d’abord des constats, et ensuite du mode d’action choisi. Mon billet présente ici la première partie de cette conférence (28 minutes).

Un premier constat est l’écart régulièrement observé, pour l’évolution du climat, entre les mesures et les modèles mis en forme pour en rendre compte et pour dessiner les perspectives. Si les haut-parleurs nous parlent à l’envi des modèles « les plus optimistes » ou « les plus pessimistes », il faut bien comprendre que les scientifiques ne cherchent ni l’optimisme ni le pessimisme, même si des ambitions de carrière ou de célébrité peuvent les animer.
Voyons ce que disent les unes et les autres, mesures et prévisions, s’agissant de la surface des glaces arctiques subsistant chaque année à leur minimum, soit  au mois de septembre:

Les observations sont régulièrement plus alarmantes, plus « pessimistes », que les prévisions! La fonte des glaces arctiques en septembre sera virtuellement complète …dès 2023 :

Pour ce qui est de l’évolution des températures, que l’accord de Paris veut limiter en 2100 « bien en-dessous de 2 degrés » au-dessus du niveau de 1870, et « si possible à 1,5 degrés », les études actuelles montrent que cet objectif ne sera vraisemblablement pas atteint: la probabilité de limiter le réchauffement à 1,5 degrés n’est que de 1 %, et pour 2 degrés la probabilité est de 5%. Le plus probable, soit pour les 94 % qui restent, désigne une fourchette de 2 à 5,9 degrés, avec une médiane à 3,2:

C’est le moment de rappeler qu’en général les évolutions en cours dépassent les prévisions! Quelles conséquences nous donnent pareilles élévations de la température du globe?
Nous en sommes actuellement à un réchauffement de 1°, et les scientifiques s’accordent pour penser qu’un objectif à 2 degrés est tout à fait insuffisant. Une hausse du niveau de la mer s’annonce entre 0,6 et 1,9 mètres d’ici 2100, et d’autres pressions écologiques s’ajoutent au climat: acidification des océans (qui libèrent 75 pour-cent de l’oxygène rejeté par la photosynthèse mondiale et retiennent 25 pour-cent du carbone que retient la biosphère terrestre), pollution de l’air, des sols et de l’eau par des particules, du plastique et des produits chimiques, manque d’eau accessible, érosion et perte de biodiversité des sols, déforestation. Selon la Banque mondiale, l’inondation de régions côtières et la désertification pourraient contraindre à la migration 170 millions de personnes en 2050, mais 1 milliard selon une autre étude. Et avis aux amateurs de murs aux frontières : il y aura des migrations internes, par exemple 1 Britannique sur 10 sera « impacté ».

Les riches et super-riches
Les grandes fortunes prennent les aléas climatiques autant que sociaux très au sérieux. Les milliardaires de la Silicon Valley installent d’énormes propriétés sécurisées et construites pour l’autarcie en Nouvelle-Zélande ou en Alaska, tandis que parmi ceux de la City à Londres, on en voit acheter des biens en Suède et même faire apprendre le suédois à leurs enfants. Un conférencier new-yorkais a été invité par un club de riches financiers pour des honoraires représentant six mois de son salaire de professeur à l’université (à Berkeley en Californie, ce salaire s’élève à 200.000 dollars.) Il s’est retrouvé face à cinq hommes du gratin mondial des fonds « d’investissement » , le mot exact étant « spéculation » , dont l’un achevait la construction d’un bunker enterré, et qui très vite lui ont fait part des questions qu’ils se posent:

Gail Bradbrook cite d’autres études et scientifiques dans une vidéo plus courte, non sous-titrée en français, un exposé de 12 minutes non dépourvu d’émotion devant un public « technologique » :

Nous y voyons l’état de la sixième extinction déjà en cours: 75 % des insectes ont disparu depuis trente ans, une espèce mammifère sur quatre est en danger d’extinction (et une sur cinq dans la décennie), de même qu’une espèce d’oiseau sur huit, un tiers des amphibiens, et 70 % des espèces végétales recensées.

Nous y voyons aussi  ce commentaire extrait d’une étude de 2017:

( En rouge:) C’est comme s’il y avait une chance sur 20 que l’avion dans lequel vous vous préparez à embarquer était qu’il s’écrase. Nous ne prendrions jamais cet avion (…), mais nous avons l’intention d’y installer nos enfants et nos petits-enfants.

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