Les « responsables » politiques et industriels veulent garder jusqu’à leurs 50 ans des centrales qui ont été construites pour 30 ans.
Où se produira le prochain accident nucléaire en Europe ?
Pas ici? Pas à Tihange? Pas à Doel? Pas à Givet? Chez les autres?
Formidable ! La roulette russe est devenue une politique.
On nous a fait cet hiver une campagne médiatique sur le risque de coupures de courant, vous avez remarqué?
Le discours subliminal – ou le but, d’après certains mauvais esprits, étant que « nous » ne pourrions vivre avec la fermeture des centrales à cuves fissurées Tihange 2 et Doel 3.
Etc.
Vous avez donné votre avis, bande d’électeurs de démocratie-représentative ? Lire la suite
Je n’ai plus rien écrit ici depuis le 31 décembre.
Mes courriers non sollicités étant les seules nouvelles de moi que reçoivent certains de mes destinataires, à partir de deux mois de silence sur ce canal, d’aucuns (d’aucuns… génie des langues humaines!) me demandent si je suis toujours là, et dans quel état. Première raison de donner signe de survie.
Pourtant, j’aurais pu sortir plus tôt de ce relatif silence. On ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé encore, en 2013, en événements propres à faire parler. Mais y a-t-il du neuf ou du surprenant?
La décomposition de la royauté belge, par exemple, nous met en verve, mais elle n’a pas besoin d’aide. L’affaire est entre de bonnes mains, au plus haut niveau. Lire la suite
Février 2013. Je retrouve un article ancien, du 24 avril 2006, commentant, comme par avance, l’étroitesse de la conception du mot « paix » dont témoigne le prix Nobel du même nom décerné récemment à l’Union européenne. Il y manque juste, inévitablement, un résumé des interventions militaires menées dans les années qui ont suivi ce texte, par des pays de la dite Union, OTAN oblige, paraît-il. L’Atlantique-Nord s’étend donc désormais jusqu’aux frontières du Pakistan. Deux traits majeurs caractérisent nos pays, disait Howard Zinn, niés quotidiennement par le discours officiel: la cupidité et le militarisme. Lire la suite
L’idée était de vous envoyer un morceau de mon piano. Pas un bout de bois et de métal ! Non, vous envoyer un morceau joué, c’est à dire improvisé (car je ne lis aucune partition), sur mon piano. J’en ai enregistré quatre, ce samedi 29 décembre.
Mais voilà, je ne peux pas éviter de parler de la veille, vendredi 28.
J’étais ce soir-là à la piscine du Sart-Tilman, au coeur du campus de l’université.
Un nageur en difficulté a soudain été ramené par d’autres sur le bord du bassin, ce qui m’a échappé en raison de ma myopie. Mais l’instant d’après, je percevais, en toute clarté, la course silencieuse du maître-nageur s’élançant depuis le côté opposé. Il se passait quelque chose.
La soirée a changé de cadre. Lire la suite
Mes courriers non sollicités se multiplient et celui-ci est un peu long, mais que voulez-vous.
Si vous le lisez jusqu’au bout, vous verrez et comprendrez que c’est ma peau.
Si non, euh… Ce n’est pas pour me vanter, mais je ne sais pas toujours ce que je dis. (Voir plus bas.)
Un de mes proches rétorque, à chaque fois que je mets mon coeur ou mes tripes dans la conversation: « Quand tu en auras fini avec tes platitudes… »
Il s’agit de cela, et du reste.
Quand un auteur me ravit, ma fonction critique est abolie, et c’est ça que j’aime. Philip Roth, La Tache. Ça prend parfois cinquante pages – c’est un maximum, La Fête au bouc, Mario Vargas Llosa, pour enclencher, mais quand ça enclenche, Laurent Gaudé, tous ses romans, quand ça déclenche, c’est définitif et ça roule comme l’océan jusqu’à la dernière page. Inapprochable Le silence de la mer de Vercors. Et s’il y a de la métaphore, Henri Bauchau, Oedipe sur la route, elle s’impose comme des ronds dans l’eau, par associations d’idées, de sentiments, de souvenirs…, sans que j’agisse intentionnellement. L’amour au temps du choléra, Gabriel Garcia Marquez. Lire la suite
[Erratum et drame de l’ignorance, tant pour ma lettre de diffusion que pour la reproduction ci-dessous de celle de World Citizens Music: les liens ne fonctionnent pas. Vous les trouverez en ligne ici.]
Bonjour !
Gris dehors, gris dans les temps qui viennent, bleu dedans, éclairs bleus dans l’hiver.
Je transmets ici de quoi réjouir vos âmes mélomanes.
Garrett List est un merveilleux musicien américain, venu du jazz et tromboniste à l’origine, ex professeur au conservatoire de Liège, où Henri Pousseur avait eu le flair et l’intelligence de l’engager. Sa classe d’impro a vu passer en plus de trente ans la plupart des musiciens connus et non connus de la scène créative belge et d’un peu au-delà, et les concerts de fin d’année de son cours ont fait frissonner bien des épidermes, dont le mien. Lire la suite
Je fais totalement confiance à Bernadette dans ses combats. Elle est assistante sociale au CPAS de Liège.
Elle représente une espèce rare, celle des idéaux maintenus durant toute une existence contre l’acquiescement… à la banalisation de l’impuissance (vous vous souvenez?), au glacis de la normalisation (vous n’avez jamais succombé?), à l’effacement des difficultés d’autrui (il faut bien s’occuper de sa famille.) Elle se résume sobrement: « Folie ? Sans doute… Mais folie nécessaire. » Je crois qu’elle en a vu et subi assez pour épuiser trois vies, et c’est la première fois que je la vois solliciter une aide financière. Lire la suite
Cela fait quelque temps que couve ce dossier, qui n’a rien d’un être de papier.
Il s’agit d’un projet de construction d’un nouvel aéroport régional en zone humide, sur les terres agricoles de Notre-Dame-des-Landes, pas loin de Nantes dont l’ancien maire et député socialiste, Jean-Marc Ayrault, l’actuel premier ministre de François Hollande, se fait le promoteur intransigeant. Avec à la clef des expropriations qui déracineront un certain nombre de ruraux, et des atteintes à l’environnement qui n’ont rien de joli.
Et last but not least, avec l’inénarrable Manuel Valls aux commandes de la police nationale, dont j’ai déjà ici annoncé qu’il nous ferait rire jaune. Lire la suite
Une dépêche Belga reprise par Le Soir nous apprend qu’un SDF a été trouvé mort ce matin sur un quai de la gare des Guillemins à Liège. La température était proche de quatre degrés centigrades au-dessus de zéro.
C’est bien !
L’hiver approche, et il est temps que les SDF le sachent: il fait plus froid à la gare des Guillemins que dehors! Elle n’est pas un abri !
Voilà une gare propre en perspective. Lire la suite
…Ah, les bobos.
L’appellation est due à l’Américain David Brooks, un journaliste conservateur-glamour-fragrance-moderniste.
Si vous lisez le chroniqueur économique Éric Le Boucher dans LeMonde, vous aurez un peu de ça en français. Il y en a des centaines d’autres dans toutes les langues, que pour ma part j’ignore autant que possible. À première vue, ça fait nouveau et intéressant, mais l’effet ne dure pas: c’est l’éternel conservatisme, re-looké, tuné, habillé chez, vu à la télé.
Brooks est fier d’appartenir à cette couche sociale qu’il a baptisée et longuement décrite dans son livre fondateur, Bobos in Paradise, publié en 2000.
« Diplômé de l’université de Chicago en histoire, il commence sa carrière comme reporter au Wall Street Journal, et comme éditorialiste au journal néoconservateur The Weekly Standard. [Vous voyez où son intelligence s’arrête.] On lui doit le terme bobo, contraction de bourgeois-bohème, traduction de l’anglais bourgeoisbohemian, qu’il emploie dans le livre intitulé Bobos in Paradise; l’auteur regroupe sous ce terme l’évolution et la transformation des yuppies des années 1980. » (Wikipedia en français.)
Sociologiquement, les Américains n’aiment rien tant que parler de « classe moyenne », un terme descriptif aussi peu signifiant que possible, on voit tout de suite pourquoi: l’expression « classe sociale » sent le soufre depuis que Marx, Engels, et d’autres, lui ont donné le lustre que l’on sait. La paix civile US après la seconde guerre mondiale s’alimentait de la conviction de chacun, de pouvoir un jour être de la middle class. Un ouvrier devenu contremaître chez General Motors était, jusqu’il y a peu, disons jusqu’en 1980, année de l’élection de Ronald Reagan, supposé accéder à ce rang vers l’âge de 45 ans: une maison pavillonnaire, une voiture par membre de la famille de plus de seize ans, les enfants à l’université.
Ce fondement du contrat social US de l’époque est en passe d’être minutieusement détruit par l’offensive Walmart, dont le management a prévu dès les nineties de faire baisser les salaires chez ses fournisseurs, les grandes firmes US, de 25 dollars à …9. Walmart exigeait et obtenait leurs livres de comptes, pour leur montrer comment il y avait moyen de faire baisser leurs prix. On ne doit pas être loin de l’objectif aujourd’hui – pour ceux qui ont conservé leur emploi en tout cas, vu la délocalisation concomitante, consécutive et massive en Chine. (Cette offensive est loin d’être une cause première, mais bon, je simplifie. Au sommet historique du modèle, le revenu du patron US était de 40 fois celui de son ouvrier le moins bien payé, alors qu’aujourd’hui ce rapport est de 450 fois le salaire …moyen! La mécanique de fond dont Walmart est l’emblème, c’est la machine à accroître les inégalités.)
Cependant, les bobos de notre auteur Brooks ont quitté la middle class, et même l’upper middle class.
Le titre complet de son livre est en effet Bobos in Paradise:The New Upper Class and How They Got There (Wikipedia en anglais): « Nouvelle classe sociale supérieure » , pas moins, classe sociale supérieure des nouveaux arrivés. Yuppies leur allait très bien, et Brooks voulait remplacer ce terme devenu critique.
Il a réussi, car le besoin de confusion est très grand. Son panégyrique à la gloire d’un certain milieu social a été célébré comme une contribution à la sociologie. Il a pris une place vacante, grande ouverte, et aujourd’hui, on parle de bobo pour toutes sortes de types sociaux qui n’ont rien à voir avec l’appellation d’origine.
Ainsi, à l’émission d’humour On n’est pas rentrés, sur Radio Première (Rtbf, 16h10-18h), il y a une rubrique dédiée aux bobos qui parle en réalité des professionnels bruxellois, sinon saint-gillois, souvent quadras et quinquas, arrivés à un niveau où on aime se croire échapper au sort du salarié commun. Cette rubrique sort en bouquin, les collègues de l’émission font sa pub, ils sont au micro, bien. Le sous-titre peu vendeur qui manque est: Soubresauts mentaux des urbains bac-plus X de plus de trente ans, en terre de néo-libéralisme avancé.
Ailleurs, dans une certaine jeunesse en mal de conformité, on appelle bobos toute personne un peu intello et adepte du bio.
Et de même, en tous milieux, sera qualifiée de bobo la personne dont l’interlocuteur se sent snobé par des positions moralistes, écolo ou new-age, convaincu cependant que, pour autant, elle est aussi compromise qu’elle-même, ou plus, dans la course à l’abime plus ou moins aveugle du « système » .
C’est cool! Désormais chacun a son bobo.
Et si on vous en traite, puisque le terme est devenu négatif, que le corollaire vous console: chacun est le bobo de quelqu’un.
La bouboucle est bouclée. Doublé d’une métaphore du bégaiement, Bobo a atteint la totale perte de sens. Le terme satisfait par là une loi de notre monde crépusculaire, énoncée par Castoriadis dans Lamontée de l’insignifiance. Tant que loi de l’insignifiance est satisfaite, le monde finissant n’est pas fini.