SCHÄUBLEXIT !!!

Post-scriptum:
Wolfgang Schäuble, né en 1942, serait à la place d’Angela Merkel (1954) s’il n’avait été compromis dans le scandale et les procès des financements illégaux de la CDU, dans les années 1990 sous le mandat du chancelier Kohl.
Il y eut, outre d’autres versements occultes, les commissions versées par un marchand d’armes, Karlheinz Schreiber: 1.000.000 de DM au trésorier de la CDU, pour le compte de Thyssen, et 100.000 DM à Schäuble.
Ce dernier a été condamné pour parjure devant la justice, et Schreiber lui a remboursé l’amende.
La CDU a dû renoncer à Wolfgang Schäuble comme successeur de Kohl à la présidence du parti, qui a été remise en 2000 à la jeune Angela Merkel, alors âgée de 46 ans.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_caisses_noires_de_la_CDU

« La famille royale en visite à Pairi Daiza » (lalibre.be): ON S’EN FOUT !

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Ben oui !

Une monarchie, l’ « archie » d’un seul, et héréditaire en plus… Au secours les neurones!

En démocratie, ça n’existe pas !

La Libre, appellation auto-proclamée, est un journal de droite et monarchiste, démocrate et libéré quand rien ne se passe, mais de droite et monarchiste dès que la contestation monte.

Le Soir est son rival socialiste-de-droite, comme sont les socialistes aujourd’hui.

En période normale ou dormante, Le Soir refuse les chroniques « trop » à gauche ou trop libertaires, que La Libre alors se fait un plaisir de publier. Le manifeste d’Une autre gauche a été publié par La Libre, Jean Bricmont, que je salue, est publié par La Libre, mon articulet contre Nicolas Hulot quand il a prétendu faire de la politique, a été publié par La Libre et négligé par Le Soir, et tant d’autres.

Mais quand la conflictualité s’éveille, La Libre redevient un média de la droite rabique.

Il va sans dire que critiquer La Libre n’est pas louer Le Soir. Le Soir a des éditorialistes d’une droite affligeante, que je ne veux même pas nommer. Et je ne parle pas de son éditorialiste en chef, qui n’est pas la pire.
La droite qui s’appelle socialiste a quelque chose de pire que la droite historique, puisqu’elle se travestit, et qu’elle a trahi.

« Burnoutte », de l’anglo-américain burn-out, subst. masc., lecture provisoire

Théodore_Géricault_-_L'Aliéné
Théodore Géricault, L’Aliéné

L’expression « burn-out » a tout du langage des motoristes et des artificiers. Elle indique l’épuisement complet du carburant. La fusée ou le pétard ont fait long feu.
Voilà un premier point.
Cet anglicisme recouvre un état proche de la notion psychologique plus ancienne de « décompensation » : épuisement, perte de repères, perte même du sens de l’identité. Pendant quelques jours le burn‑outé ou la burn‑outée ne savent plus vraiment qui ils sont.
Or voici que le burn-out a cessé d’être rare ou anglophone. Abandonnons les guillemets et les italiques, car chacun connaît désormais, et dans sa langue !, un cas de burn-out ou deux, rien n’indiquant la fin prochaine de cette extension du domaine de la chute.
Comme je suis fier de parler l’idiome dans lequel je suis tombé à la naissance, ce qui ne me donne aucun droit et n’a rien à voir avec la raison d’état, qu’elle soit de Hollanboma ou de Merkeloutine, comme je suis fier que 20.000 personnes au monde parlent le routoul
J’écris ton nom, burnoutte.
Le burnoutte.

Essayons une lecture provisoire.
Le burnoutte résulterait de deux réalités.

D’abord, il y la pression sur les travailleurs de tout niveau.
Par­ leur mise en concurrence, par les modes d’évaluation permanente et chiffrée, le ranking, par la modélisation des objectifs et des performances, par la normalisation des « compétences » qui exclut toute notion de savoir ou de savoir-faire (exclusion merveilleuse aussi dans le domaine des formations). Il y a tout ce processus, devenu omniprésent dans le monde du travail salarié, qu’Alain Supiot dissèque magistralement dans son livre L’esprit de Philadelphie.
Supiot nous dit que nous sommes passés du gouvernement par des lois à l’administration des choses. Les salariés de tout niveau sont traités comme des choses (et pas dans leur seule dimension de salariés !), et nous en sommes arrivés au « marché total » (d’autres parlent de la « marchandisation » de tous les aspects de la vie humaine et naturelle), dont le germe éclot d’après lui dès la campagne de Verdun. Du droit, il a une conception idéaliste et irénique (« qui croit en la paix universelle » ) qui me laisse sur ma faim, mais son analyse de l’évolution de la législation et des relations du travail me paraît tenir du scalpel autant que de l’orfèvrerie.

Deuxièmement.
Pour que les salariés en arrivent au burnoutte, qui signifie que l’effort porté contre soi-même a dépassé une limite très haute de dangerosité, il faut aussi que les enrichisseurs d’employeurs estiment ne pas pouvoir se soustraire à l’exigence qui leur est faite. Lire la suite

Mais qu’est-ce qu’un bobo?

En avion, « The best ‘Upper Class’ seats » (ausbt.com.au)

Bonjour!

…Ah, les bobos.

L’appellation est due à l’Américain David Brooks, un journaliste conservateur-glamour-fragrance-moderniste.
Si vous lisez le chroniqueur économique Éric Le Boucher dans Le Monde, vous aurez un peu de ça en français. Il y en a des centaines d’autres dans toutes les langues, que pour ma part j’ignore autant que possible. À première vue, ça fait nouveau et intéressant, mais l’effet ne dure pas: c’est l’éternel conservatisme, re-looké, tuné, habillé chez, vu à la télé.

Brooks est fier d’appartenir à cette couche sociale qu’il a baptisée et longuement décrite dans son livre fondateur, Bobos in Paradise, publié en 2000.

« Diplômé de l’université de Chicago en histoire, il commence sa carrière comme reporter au Wall Street Journal, et comme éditorialiste au journal néoconservateur The Weekly Standard. [Vous voyez où son intelligence s’arrête.] On lui doit le terme bobo, contraction de bourgeois-bohème, traduction de l’anglais bourgeoisbohemian, qu’il emploie dans le livre intitulé Bobos in Paradise; l’auteur regroupe sous ce terme l’évolution et la transformation des yuppies des années 1980. » (Wikipedia en
français.)

Sociologiquement, les Américains n’aiment rien tant que parler de « classe moyenne », un terme descriptif aussi peu signifiant que possible, on voit tout de suite pourquoi: l’expression « classe sociale » sent le soufre depuis que Marx, Engels, et d’autres, lui ont donné le lustre que l’on sait. La paix civile US après la seconde guerre mondiale s’alimentait de la conviction de chacun, de pouvoir un jour être de la middle class. Un ouvrier devenu contremaître chez General Motors était, jusqu’il y a peu, disons jusqu’en 1980, année de l’élection de Ronald Reagan, supposé accéder à ce rang vers l’âge de 45 ans: une maison pavillonnaire, une voiture par membre de la famille de plus de seize ans, les enfants à l’université.

Ce fondement du contrat social US de l’époque est en passe d’être minutieusement détruit par l’offensive Walmart, dont le management a prévu dès les nineties de faire baisser les salaires chez ses fournisseurs, les grandes firmes US, de 25 dollars à …9. Walmart exigeait et obtenait leurs livres de comptes, pour leur montrer comment il y avait moyen de faire baisser leurs prix. On ne doit pas être loin de l’objectif aujourd’hui – pour ceux qui ont conservé leur emploi en tout cas, vu la délocalisation concomitante, consécutive et massive en Chine. (Cette offensive est loin d’être une cause première, mais bon, je simplifie. Au sommet historique du modèle, le revenu du patron US était de 40 fois celui de son ouvrier le moins bien payé, alors qu’aujourd’hui ce rapport est de 450 fois le salaire …moyen! La mécanique de fond dont Walmart est l’emblème, c’est la machine à accroître les inégalités.)

Cependant, les bobos de notre auteur Brooks ont quitté la middle class, et même l’upper middle class.
Le titre complet de son livre est en effet
Bobos in Paradise: The New Upper Class and How They Got There (Wikipedia en anglais): « Nouvelle classe sociale supérieure » , pas moins, classe sociale supérieure des nouveaux arrivés.
Yuppies leur allait très bien, et Brooks voulait remplacer ce terme devenu critique.
Il a réussi, car le besoin de confusion est très grand. Son
panégyrique à la gloire d’un certain milieu social a été célébré comme une contribution à la sociologie. Il a pris une place vacante, grande ouverte, et aujourd’hui, on parle de bobo pour toutes sortes de types sociaux qui n’ont rien à voir avec l’appellation d’origine.

Ainsi, à l’émission d’humour On n’est pas rentrés, sur Radio Première (Rtbf, 16h10-18h), il y a une rubrique dédiée aux bobos qui parle en réalité des professionnels bruxellois, sinon saint-gillois, souvent quadras et quinquas, arrivés à un niveau où on aime se croire échapper au sort du salarié commun. Cette rubrique sort en bouquin, les collègues de l’émission font sa pub, ils sont au micro, bien. Le sous-titre peu vendeur qui manque est: Soubresauts mentaux des urbains bac-plus X de plus de trente ans, en terre de néo-libéralisme avancé.

Ailleurs, dans une certaine jeunesse en mal de conformité, on appelle bobos toute personne un peu intello et adepte du bio.

Et de même, en tous milieux, sera qualifiée de bobo la personne dont l’interlocuteur se sent snobé par des positions moralistes, écolo ou new-age, convaincu cependant que, pour autant, elle est aussi compromise qu’elle-même, ou plus, dans la course à l’abime plus ou moins aveugle du « système » .

C’est cool! Désormais chacun a son bobo.

Et si on vous en traite, puisque le terme est devenu négatif, que le corollaire vous console: chacun est le bobo de quelqu’un.

La bouboucle est bouclée. Doublé d’une métaphore du bégaiement, Bobo a atteint la totale perte de sens. Le terme satisfait par là une loi de notre monde crépusculaire, énoncée par Castoriadis dans La montée de l’insignifiance.
Tant que loi de l’insignifiance est satisfaite, le monde finissant n’est pas fini.

C’est pas beau-beau ?

Allons! Bobonne journée, bobonne soirée.

Guy