Jean-Pierre, 42 ans – L’hypocrisie sinistre de l’aide sociale en Belgique

D’après une photo de Revelli Beaumont, Sipa

 

Bonjour!

 

L’État social belge dit ne laisser personne au bord du chemin. Tout résident sur le territoire a droit à une aide inconditionnelle pour sa subsistance, s’il échappe à toute autre allocation.
Typiquement, l’époque a voulu renommer l’ancienne assistance publique en aide sociale, et le minimum de moyens d’existence, ou minimex, est devenu un revenu ‘d’insertion’. Changer le nom est devenu un poncif de l’action managériale, publique comme privée. Un mantra. Vous connaissez le nom de votre distributeur d’électricité?
Ici, le petit problème est que les personnes sans domicile échappent à ce minimum absolu. Vous comprenez, si elles n’ont pas de domicile, comment établir leur dossier, où les contacter, où leur remettre quelques picaillons? L’obstacle est insurmontable pour l’administration et la puissance publique 2.0 du marché total du XXIème siècle.
Il s’agit bien de puissance… L’État social ne laisse personne sur le bord de la route – sauf ceux qui n’ont pas de domicile. C’est aussi grotesque qu’irréel. Je crois rêver.

Mais je suis bien éveillé.
Nous sommes samedi. On sonne à ma porte vers quatorze heures.
Un homme me demande un peu d’argent « pour son pétrole ». Lire la suite

Rojava, le fédéralisme démocratique, « véritable ovni politique » …au monde

Bonjour!

 

Voici un excellent documentaire: Rojava, une utopie au cœur du chaos syrien, un film de Chris Den Hond et Mireille Court (45 minutes, juillet 2017.) De nombreuses personnes engagées dans le processus sont entendues dans ce reportage. On y perçoit la densité populaire du mouvement, et le pouvoir qu’a eu ce nouveau cours de faire émerger des personnalités improbables ailleurs.

Le reportage montre une critique en actes de l’État-nation. La preuve en est faite dans cette partie du monde: il n’y a pas d’État-nation sans discrimination des minorités. Plutôt que de multiplier les ectoplasmes législatifs pour tenter de corriger cette dérive quasi intrinsèque de la nation, pourquoi ne pas fonder l’État, dès le départ, sur la reconnaissance de la diversité des populations, particulièrement forte dans cette région du monde?

Le Rojava, ou « Fédération démocratique de la Syrie du Nord », Lire la suite

Voeux pour 2018 – Exercice de transposition

Pierre Lemaitre © Maxppp / Alejandro García/(EPA) EFE/Newscom

 

Bonjour!

Jean Renoir faisait chanter:
« les escaliers de la Butte
sont durs aux miséreux
 » ,
et aujourd’hui, la période me paraît bien dure …aux voeux.
Je n’arrive pas à livrer des voeux publics et généraux pour 2018.

Je reste à l’arrêt face à la réflexion, certes franco-française, de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 pour son roman Au revoir là-haut. Il adresse, dans l’émission Boomerang de France-Inter, ses voeux pour 2018 …aux riches:

 

Cela se transpose-t-il en Belgique ou ailleurs?

 

 

 

Belgique nucléaire: nous pouvons signifier notre opposition au fédéral jusqu’au 5 novembre

Une des trois tours de refroidissement de Tihange – Photo G.L.

Bonjour!

C’est jusqu’au 5 novembre inclus.
Il est possible de manifester par écrit son opposition au nucléaire en répondant à une consultation organisée, discrètement faut-il l’ajouter, par le gouvernement fédéral.
Ce ne sera pas la dernière fois, mais c’est un tour de chauffe! Un vent se lève, couve le feu du refus, et le vent, pour le meilleur comme pour le pire, est le meilleur allié des feux.

L’association Fin du Nucléaire nous dit:

Pacte énergétique : consultation fantaisiste sur un pacte inexistant

Le « Pacte énergétique », un plan pour le futur de l’énergie en Belgique jusqu’en 2050, avait été promis pour fin 2015 par la Ministre de l’énergie Marie-Christine Marghem et le gouvernement Michel. Aujourd’hui, la Ministre met en œuvre une consultation publique : « en remplissant le questionnaire en ligne vous pourrez nous faire part de votre avis sur la vision, le cadre, les mesures et les objectifs proposés. » lit-on sur le site de la consultation.

En fait de plan, rien n’existe, tout au plus un document non public de 42 pages seulement qui, de l’avis de ceux qui ont pu le consulter, est sans utilité, n’étant qu’un catalogue d’intentions vagues et non chiffrées. Sur la question cruciale de la sortie du nucléaire, il laisse la porte ouverte à une nouvelle prolongation des réacteurs en 2025.

Selon Bouli Lanners, très engagé dans Fin du nucléaire, c’est « Deux ans pour ne rien foutre »: Lire la suite

Emmanuel Macron est un extrémiste

Tête typique d’extrémiste. Attention à votre apparence, car la police agit au faciès.
Tête typique d’extrémiste, interprétée par un logiciel de la police. L’analyse spectrographique, manifestée par les barres verticales, ne laisse aucun doute.

(Temps de lecture: 5 minutes)

Bonjour!

Le commentaire politique de convention dit: Macron est du centre. Lire la suite

Les travailleurs pauvres en Allemagne

Dominique Méda, sociologue et philosophe

 

Bonjour!

Vous avez remarqué que je fais du Germany bashing? Mon dossier à charge chez les bien-pensants s’alourdit donc ici, après mon dernier billet, le précédent, et quelques autres!

Je me suis toujours méfié des vertus officielles et claironnées par les pouvoirs, et dans le cas de la vertueuse Allemagne, disons celle d’Angela Merkel pour faire image, et tueuse de quoi me demande mon cerveau droit, il faut dire que la vertu est bien mal vêtue. La vertu allemande me donne bien des arguments.

Une autre raison de jeter un regard critique sur la Deutschland GmbH, comme on dit les USA Limited, et là mon cerveau droit me demande: limité en quoi, une autre raison d’ouvrir les yeux avec circonspection réside dans, outre le fait premier que nous aimons l’intelligence, ce deuxième fait qu’en ce moment la politique d’Emmanuel Macron concrétise en les épanouissant ses promesses de campagne, et ce troisième fait qu’avec quelques autres la législation allemande du marché du travail est un modèle pour Emmanuel. Vous avez demandé du Macron? Vous aurez du Merkel.

Le modèle allemand mérite un examen très sérieux. Il fige une construction européenne mortifère pour les peuples, ce qui est déjà fort clair pour les pays en difficulté, et va le devenir de plus en plus pour les autres, en priorité pour ceux qui se donneront des dirigeants plus conformes à la modernité, hein Macron, …des affaires. (**)
En attendant que les crispations Deutschland GmbH rendent impossible la continuation de l’euro et de la dite Union.

…Le sujet du jour, c’est un court extrait, de 33 secondes, du passage de la sociologue française Dominique Méda sur les ondes de France Inter:

– Le taux de pauvreté des salariés en Allemagne est de 23 %, contre 8 par exemple en France. C’est énorme, c’est tragique, et bien entendu c’est très largement « pas vu à la télé » . Rappelons que les sociologues avaient dû créer la catégorie de « travailleurs pauvres » pour désigner des gens qui, bien qu’ayant du travail à temps plein (souvent deux ou trois temps partiels) n’échappaient néanmoins pas à la pauvreté, par exemple en n’arrivant pas à un logement correct et logeant dans une voiture ou une caravane. Au début, la notion servait essentiellement, parmi les pays riches, aux États-Unis, et c’était un scandale qui ne s’ébruitait guère au-delà des murs des universités. Depuis quelques décennies, les travailleurs pauvres existent aussi dans les pays européens même riches. Je n’ai pas sous la main les résultats d’une enquête qui chiffre en Allemagne la proportion d’enfants pauvres, ne disposant pas, soit d’un repas chaud par jour, soit de deux paires de chaussures, mais je peux vous assurer que le chiffre est horrible, et que c’est à se demander à quoi sert, et à qui sert, le formidable enrichissement matériel de nos sociétés.

– L’Allemagne a-t-elle créé des emplois? Oui. Quatre millions, entre 1994 et 2014. Mais, précise Dominique: avec une masse inchangée de 58 milliards d’heures de travail par an.
Comment on fait ça? …Forcément, avec des emplois partiels.
Les employés à temps partiel échappent donc à la statistique des chômeurs, alors qu’ils sont chômeurs à temps partiel.
100 % des travailleurs à 50% de travail partiel, qui font 50 % de chômage arithmétique,  feraient 0 % de chômage dans les statistiques officielles et dans votre journal préféré. N’est-ce pas merveilleux?

À demi-vide, ce verre-là est toujours plein. Nous sommes dans la propagande.

 

 

*   *   *

Note
(**) A contrario le Portugal a rompu avec les prescriptions austéritaires de l’UE, tout en recevant un accessit de la Commission, grâce à une croissance remarquable et surtout (du point de vue des troïkards) en satisfaisant à la norme des traités sur le déficit budgétaire.
Le Portugal est dirigé par un gouvernement socialiste minoritaire, appuyé au coup par coup par une opposition de gauche en mesure de lui donner la majorité. Les communistes et le bloc de gauche, au final, pilotent le navire vers leurs objectifs prioritaires: relèvement des minima sociaux et des retraites, préservation de l’emploi public, préservation du système de santé…
Le Portugal est sans exemple dans l’Union. Et bien entendu, pas « vu à la télévision »!
Une piste pour le PTB, Paul Magnette?

Heureux les pauvres! – RFA, Teresa, USA, Macron, ça n’en finit pas

Bonjour!

 

Mère Teresa disait que les pauvres (en acceptant leur sort) nous donnent une grande et salutaire leçon d’humilité.

L’économiste canadien devenu étasunien, John Kenneth Galbraith, écrivait en 1985 un bref article sur les idéologies de la richesse, intitulé « L’art d’ignorer les pauvres ».
Cet « art » est immémorial. Aussi vieux que la pauvreté.

Aujourd’hui, quand vous entendez « responsabilité individuelle », vous gagnerez du temps dans votre compréhension du monde en traduisant sans barguigner par: « les miséreux sont responsables de leur misère ».

Exemple.
En Allemagne, la casse sociale des lois Hartz a été opérée par le SPD et les Verts, deux partis supposés à gauche de celui d’Angela Merkel. Ça passe mieux avec ces gens-là au pouvoir.
Ci-dessous un florilège bien représentatif de l’idéologie des élites allemandes.
Mais pas que des élites, car la domination est aussi dans la tête des dominés.
Et pas qu’allemandes, car les lois Harz font rêver les élites françaises et Macron s’en inspire dans son détricotage du code du travail.
Ces citations sont extraites du Monde Diplomatique qui, dans son édition du mois de septembre, propose un voyage au pays du chômage germanique, sous le titre « L’enfer du miracle allemand »:

 

Heureux les pauvres

«Celui qui peut travailler, mais ne veut pas, n’a aucun droit à la solidarité. Il n’y a pas de droit à la paresse dans notre société. »
Le chancelier Gerhard Schröder interviewé par Bild, 6 avril 2001

« Les coûts salariaux ont atteint un niveau qui n’est plus supportable pour les salariés et qui empêche les employeurs de créer de l’activité. (…) Nous allons devoir couper dans les dépenses de l’État, encourager la responsabilité individuelle et exiger plus d’efforts de la part de chacun. »
Gerhard Schröder, discours au Bundestag, 14 mars 2003

« La misère, ce n’est pas la pauvreté du porte-monnaie, mais la pauvreté de l’esprit. Les classes inférieures ne manquent pas d’argent, elles manquent de culture. (…) La pauvreté découle de leur comportement, c’est une conséquence de la sous-culture. »
Walter Wüllenweber, éditorialiste, Stern, 16 décembre 2004

« La pauvreté n’est pas qu’une question d’argent. ( ) Ce qui compte pour une famille, c’est de bien savoir dépenser son argent. (…) Un repas dans un fast-food est non seulement moins bon pour la santé, mais aussi plus coûteux qu’un ragoût avec des légumes de saison. »
Renate Schmidt, ministre fédérale de la famille (Parti social-démocrate, SPD), Bild am Sonntag, 27 février 2005 Lire la suite