Bonjour!
Barbara Stiegler est professeure de philosophie à l’université Bordeaux-Montaigne. Elle est la fille du regretté Bernard Stiegler, philosophe des techniques bien connu de Condroz belge.
La voici dans un entretien avec François Ruffin, vous connaissez, ce type qui ne fait que ce qu’il veut ou désire (bon, une façon provisoire de le dire), et invite si souvent des gens qui ont des choses intéressantes à dire, de la chercheure à l’aide soignante ou technicienne de surface à l’assemblée, ou vice versa.
Barbara Stiegler vient de publier un petit livre, De la démocratie en Pandémie, dans le format « Tract » de Gallimard, une maison d’édition ancienne et respectée, parfois trop influente, qui vient de montrer sa jeunesse et sa capacité de réagir en phase avec l’époque, en créant cette collection de textes courts et engagés, que le public s’arrache.
Barbara est une praticienne résolue de la méthode scientifique dans son domaine d’expertise, aussi lointain de la science qu’il puisse paraître à la pensée spontanée… C’est quelque chose!
Son dernier livre commence par un texte provocateur et très documenté du directeur de la grande revue médicale mondiale, britannique, The Lancet, parfois abusée par des malhonnêtes (la correction a été faite très vite), Richard Horton: « Covid-19: ceci n’est pas une pandémie ». Vous en trouverez une traduction française ici.
Et petit détail, Barbara Stiegler dit au début de son entretien avec François Ruffin pourquoi elle refuse de dire « la » covid-19, une tentation à laquelle pour le coup Condroz belge cessera de succomber !
La suite dans la vidéo ci-dessus, vu que moi, je file chez mes libraires, qui ont encore des exemplaires de son bouquin.
Bonne vision, bon visionnement, bon visionnage!
Guy
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PS:
Pour Barbara Stiegler, le néo-libéralisme mue ou cherche à muer. Cela fait un bout de temps qu’il ne nous a pas échappé qu’il cherche une seconde voie, et que les derniers prix non-Nobel en économie en attestent. Notre philosophe explique que c’est du côté de l’économie comportementale et des neurosciences que certains tenants du néo-libéralisme, parfois inconsciemment, cherchent la survie du régime post-tchatchérien: reconnaissance de l’irrationalité de l’être humain – ce qui rompt avec la conception libérale et néolibérale de l’homo economicus, mais pas avec la notion de l’agent économique « ménages » comme particulier individualisé, coupé de toute attache de groupe ou de classe sociale. Et même si les pouvoirs politiques accentuent l’autoritarisme, il y a une recherche d’un nouvelle fabrique du consentement par des techniques comportementales, d’influence infra-consciente, de manipulation « douce », le « nudging » , manipulation par des pictogrammes et par des mots. À un niveau entrepreneurial ou marketing, ça donne ceci. Chez Macron, il a été constitué, avec le cabinet BVA, une cellule de nudging déjà bien avant le covid, très active aujourd’hui. Obama aussi en usait.
La vie est belle!